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La 32e édition de Paris-Roubaix a eu lieu le 5 avril 1931 et a été remportée par le Belge Gaston Rebry.
Le course a été, cette année, un triomphe pour les routiers belges*, tandis que les coureurs français, à l’exception de Charles Pélissier qui finira deuxième, parurent tous à court de forme. C’est l’extrême rapidité de la course qui provoqua les défaillances si nombreuses après Arras.
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* neuf belges parmi les dix premiers
Avant Seclin, dans un paysage sans relief, monotone, bien caractéristique de la plaine du Nord, les cinq premiers roulent vers le but : dans l'ordre, Decroix, qui sera 3ème, Rebry, qui gagnera; Ronsse 4ème, Joly 5ème et Ch. Pélissier 2ème.
Le peloton des coureurs au départ – Gaston Rebry, le vainqueur de l’épreuve, photographié à l’arrivée.
La foule à l’arrivée à Roubaix.
La course a été extrêmement rapide et, vers sa fin, très intéressante. C'est le hasard qui, ainsi que cela se produit fort souvent, déclencha la bagarre. Dans la matinée, nous avions assisté déjà à des démarrages nombreux qui avaient provoqué l'abandon de Leducq à Breteuil et retiré toute chance à des coureurs cotés, tels que Antonin Magne, Neuhard, Moineau, etc. Mais tout se regroupa avant Meaux.
A Beauval, 7 kilomètres avant Doullens, se produisit la phase décisive de la course. Un groupe de quinze coureurs se détacha du lot : Decroix, Joly, Rebry, Ronsse et Charles Pélissier. Derrière eux, à quelques mètres seulement, un autre groupe composé de Van Slembrouck, Hector Martin, Vervacke, Maréchal, Loncke et Derwaes. Ensuite venait un groupe si près qu'on crut que tout allait se reformer rapidement, mais les circonstances de la course en décidèrent autrement.
Les cinq coureurs de tête étant tous des hommes de grosse valeur continuèrent à 40 à l'heure dans la descente qui précède Doullens. Ils traversèrent la ville avec une avance de 200 mètres environ sur le groupe conduit par Van Slembrouck.
En bas de la côte de Doullens, si fameuse, et où jadis se dégageait toujours le sort de la course, Maréchal produisit un gros effort ; et, lâchant le deuxième peloton avec le Belge Loncke, parvint a rejoindre les cinq coureurs de tête.
Malheureusement, cet effort l'avait épuisé, et, dès que commença la dure ascension de la pente adverse, il fut décollé. Au sommet de la côte de Doullens, le Belge Rebry est en tête, suivi par Ronsse et Joly. Charles Pélissier suit à deux longueurs avec Decroix ; à 100 mètres Maréchal et Loncke ; à 150 mètres Van Slembrouck, Vervacke, Derwaes, etc.
Sur le plat, les cinq leaders augmentent leur avance, tandis que, derrière eux, Maréchal, épuisé, se laisse rejoindre par cinq, puis dix coureurs qui, finalement, forment un groupe de trente routiers. Une lutte terrible est engagée entre les cinq coureurs de tête et les trente poursuivants.
A Arras. où nous passons à 13 heures, le peloton a 3' 10" de retard sur les leaders et Maréchal a déjà disparu du lot des poursuivants.
A Arleux, le groupe des poursuivants n'est déjà plus composé que de neuf coureurs : Van Slembrouck, Sheppers, l'Allemand Buse, Romain Ghyssels. Loncke, Armand van Bruaene, Achille Viaene, Demuysère et Jean Aerts. Derrière eux, les autres coureurs sont complètement effondrés.
A Carvin, où le peloton de tête passe à 13 h. 45, l'écart des poursuivants est de 3' 45". Il apparaît dès maintenant qu'ils ne pourront plus rejoindre.
Nous avons maintenant des pavés sans interruption, et, pour comble d'agrément, quelques gouttes de pluie se mettent à tomber à Hénin-Liétard.
A Seclin, où nous passons à 14 h. 3, la pluie tombe moins fort.
A Vandeville, se produit le second gros incident de la journée ; il décidera du sort de la course. Le Belge Rebry démarre, suivi par Emile Joly ; Decroix et Charles Pélissier sont légèrement décollés et l'ancien champion du monde, Georges Ronsse, se relève, complètement épuisé, victime d'une défaillance terrible.
A Lesquin, le malheureux n'a plus la moindre chance de gagner la course.
Deux kilomètres après Lesquin, c'est-à-dire à 14 kilomètres de l'arrivée, Marcel Joly crève et Rebry reste seul en tête, précédant Charles Pélissier et Decroix de 200 mètres qu'ils ne pourront jamais rattraper. Sous la pluie, dans la boue, la course se termina ainsi devant une foule énorme, dans les faubourgs de Roubaix et sur la ligne d'arrivée.
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