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d'après un article de 1964 (journal Pilote)
L’enfer du Nord est-il un terrain maudit pour les cyclistes français ? C’est la question que l’on peut se poser quand on examine de près le palmarès de cette classique. Depuis la reprise de 1946,19 coureurs ont triomphé dans 18 Paris-Roubaix successifs (en 1949, il y eut deux vainqueurs, l’Italien Serse Coppi et le Français André Mahé) , 19 coureurs : 3 italiens, 3 Français et 13 Belges ! Le pourcentage est effrayant !
L’explication ? Les pavés auxquels les Belges sont habitués ? Mais, aujourd’hui, il n’y a plus de pavés en Flandre et en France, les derniers sont réservés au final de Paris-Roubaix (à croire que ce secteur dur de 50 km situé entre Moncheaux et Roubaix a été classé par les Ponts et Chaussées comme indispensable au sport cycliste), donc coureurs belges et français sont sur le terrain à égalité. Alors pourquoi toutes ces victoires belges ?
Il y eut André Mahé en 1949, Jean Forestier en 1955, Louison Bobet en 1956 et depuis… plus rien ! Sept victoires successives belges : De Bruyne, Van Daele, Foré, Cérami, Van Looy deux fois et Daems. On remarquera qu’l ne s’agit que de champions, est-ce une consolation suffisante ?
Et pourtant le peloton des routiers français ne manque pas de champions. Qui sont-ils ? Anquetil, Poulidor, Forestier…
Jean Forestier a toujours été à son aise dans Paris-Roubaix : vainqueur en 1955, il a terminé 3ème en 1956, 5ème en 1958, 4ème en 1960 et 8ème en 1962. Son succès de1955mérite d’être rappelé. Cette année-là, tous les cracks étaient au départ. Il y avait le plus grand Coppi, Bobet, Koblet, Anquetil, Schotte, Geminiani, Van Est, Darrigade, Impanis, Van Steenbergen, Bernard Gauthier, etc… Tout le Gotha du cyclise. Dans la dure côte de Moncheaux, en plein Enfer du Nord, Forestier bondit et part seul, pour une folle randonnée de plus de 30 km. Il sert de point de mire à un peloton de dix hommes où figurent Bobet, Koblet, Coppi et Scodeller le régional. Dix fois on le croit rejoint, dix fois il conserve quelques dizaines de mètres d’avance et c’est de 15" qu’il triomphera sur la piste de Roubaix. Bien sûr, Jean Forestier est l’homme de Paris-Roubaix, mais le Lyonnais va avoir 34 ans…
Notre ami Poulidor disputera dimanche son cinquième Paris-Roubaix. 19ème en 1960, 36ème en 1961, 5me en 1962 et 6ème en 1963, Poulidor est à son aise dans cette course. Car, dans Paris-Roubaix il faut se battre, il faut souffrir et, tout cela, Poulidor sait le faire. Il lui manquait de savoir conduire la course. L’expérience des deux dernières années (en 62 et 63, il termine premier Français) lui a permis d’enrichir son bagage tactique, Antonin Magne son directeur sportif, précisait l’an dernier : Poulidor est un vainqueur en puissance de Paris-Roubaix. Quand on connait Tonin si avare de compliments, on apprécie la valeur du jugement… mais, ajoute Magne il faut savoir courir Paris-Roubaix, ne pas commettre d’erreurs, courir en tête, contrôler la course, i faut être parmi les premiers à Doullens et dans le groupe de tête à Hénin-Liétard, sinon c’est trop tard… Poulidor a pensé et repensé ses échecs de Paris-Roubaix, si la chance l’aide un peu il a tout pour terminer en vainqueur.
Il reste Jacques Anquetil. Sauf l’an dernier Jacques a terminé tous les Paris-Roubaix depuis 1955 , ce qui est déjà une performance. Son meilleur résultat : 8ème en 1960. On connait la répugnance d’Anquetil pour les courses en ligne, il n’aime pas s’incorporer dans un peloton, on le voit rarement en tête contrôler la course, mais il semble qu’aujourd’hui quelque chose ait changé. Le triple vainqueur du Tour de France désire épingler à son palmarès des épreuves contre la montre. Alors tout est possible…
Voilà vous les verrez dimanche. Si, au passage de Doullens, notre trio tricolore Anquetil - Forestier – Poulidor est encore présent, si nos trois hommes sont dans le groupe de tête qui, un peu plus tard, abordera L’Enfer, alors vous pouvez espérer, enfin, un succès français.
quatre photos, quatre vainqueur possibles de Paris-Roubaix, quatre questions : Forestier rééditera-t-il son exploit de 1955 ? Poulidor le gagneur arrachera-t-il enfin la victoire ? Anquetil, le mystérieux, abattra-t-il son jeu ? Rick Van Looy ajoutera-t-il une nouvelle victoire aux deux qu’il possède (1961 et 1962) ?
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L’épreuve fut remportée cette année-là par le Néerlandais Peter Post au sprint devant trois coureurs belges. Le premier Français, Jean Stablinski, arriva septième .
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