d'après un article de 1965 (journal Pilote)

PARIS-ROUBAIX : une course de vieux ! Entendons par là, de coureurs d'un certain âge. En effet, sur les 17 vainqueurs, l'on trouve six coureurs ayant dépassé la trentaine, sept coreurs entre 26 et 29 ans et, enfin, quatre jeunes ! Faut-il conclure que seuls les coureurs chevronnés peuvent triompher dans la "Reine des classiques" ? Ce n'est pas entièrement exact. Alors, pourquoi les précédents succès. Deux explications :

1°, le caractère particulier de la course : 260 km; terrain : une fin de parcours hallucinante avec les derniers pavés et trottoirs cyclables de l'"Enfer du Nord"; conditions atmosphériques : fréquemment la pluie, le vent, le crachin, le froid accompagnent les coureurs dans le final de cette course. Tout ceci contribue de faire de Paris-Roubaix une course très dure plus favorable aux "vieux durs à cuire" qu'aux "tendrons"

2°, la présence des "seigneurs de la guerre" du cyclisme. Il y a encore deux, trois ans, le cyclisme professionnel, c'était douze coureurs aux ordres de Van Looy, une autre douzaine à la disposition d'Anquetil. Il y avait aussi l'équipe de Baldini, celle de Poulidor, etc... équipes qui succédaient à celles de Van Steenbergen, Bobet, Coppi, Bartali, Koblet, Kubler. Il s'agissait, en ces temps-là, de "faire" la course des leaders. Les fidèles lieutenant étaient chargés du gros travail jusqu'à l'entrée de l'Enfer du Nord où commençait la course proprement dite. Nous nous souvenons, par exemple, du final de Paris-Roubaix 1956 : dans les trente derniers kilomètres restaient en tête Louison Bobet, Koblet, Coppi, Forestier, Scoddeler, Impanis, Bernard Gauthier, Dupont, Planckaert, Van Steenbergen, Derycke, Anquetil, Schotte... Rien que des grands. Forestier va pouvoir s'échapper dans lesultimes kilomètres et conserver quelques secondes d'avance sur Coppi, Bobet et le peloton. Par contre, tous les équipiers de ces vedettes avaient disparu, leur travail fait, succombant au fil des kilomètres, des pavés.

 

Le cyclisme professionnel bouge et est en plein rajeunissement. Un tiers des effectifs a moins de vingt-cinq ans. Ils s'appellent Den Hartog, Jourden, Chappe, Melckenbeeck, Van Coningsloo, Bocklandt, Bouquet, Merckx, Sels, Sercu, Beheyt, Scraeyen, Wouters, Motta, Gimondi, Zilioli, Galera, etc... La majorité d'entre eux possède déjà des titres de gloire et c'est dans Paris-Roubaix qu'il faut gagner, la course où il faut figurer que tous ces néos-champions tenteront de forcer la chance.

 

Pour sacrifier à la mode, nous allons vous présenter le "tiercé Pilote", les trois coureurs qui nous le pensons, possédent les plus grandes chances de triompher ce dimanche, 11 avril, à Roubaix.

 

Rik Van Looy - a 31 ans, (il les a eus le 20 décembre dernier) Rik entameune de ses dernières saisons et il la veut brillante. 1964 n'a pas été particulièrement faste pour lui : quatrième de Milan-San Remo, dixième du Tour des Flandres, seizième de Paris-Roubaix, deuxième de Paris-Bruxelles, deuxième de Paris-Luxembourg, deuxième de Paris-Tours, éliminé sur chute dès le début du Tour de France, Van Looy, l'an dernier, bien que toujours placé, ,'a jamais été gagnant ! Deux fois vainqueur de Paris-Roubaix, Rik Van Looy, il n'en faut pas douter, va tout mettre en oeuvrepour remporter bune troisième fois cette course. Son blason l'exige.

 

Jan Janssen - Avec Jacques Anquetil, c'est le grand vainqueur de la saison 1964. A moins de 25 ans (il les aura le 19 mai prochain) Janssen a remporté en autres, l'an dernier : Paris-Nice, le classement aux points du Tour de France (maillot vert) et surtout le titre de champion du monde. On peut rappeler aussi que Janssen se trouve à son aise dans Paris-Roubaix. Le disputant, pour la première fois, en 1963, il se classera troisième battu au sprint par Daems et Van Looy. En 1964, il terminera à la septième place. Le hollandais a axé sa saison 65 sur les classiques, de Paris-Roubaix au Tour de Lombardie (et le championnat du monde aussi).

 

Edouard Sels - Champion de Belgique à 23 ans (il est né en 1941), "Ward" Sels est le partenaire et le protégé de Rik Van Looy dont ile est le voisin à Herentals. Rick considère d'ailleurs que Sels est son dauphin naturel. Routier-sprinter comme son protecteur, Sels a démontré ses qualités de finisseur en remportant l'an dernier quatre étapes du Tour de France et le maillot de champion de Belgique pour sa première saison chez les professionnels.