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Voici installé devant Graczyk la totalité des aliments que mange et boit un coureur pendant le Tour de France. En voici le détail : 6 poulets, 8 kilos de viande rouge, 4 kilos de poisson, 660morceaux de sucre, 50 sandwiches, 110 gâteaux de riz, 5 douzaines d’œufs, 4 kilos de tomates, 3 kg 500 d’haricots verts, 2 kilos de pâtes, 15 salades, 2 kilos de gruyère, 1 kilo de petits suisses, 44 tartelettes, 16 kilos de pèches, 10 kilos de poires, 50 bananes, 500 pruneaux, 4 kilos de confiture, 4 kilos de compote, 3 kilos d’oranges, 1 kilo de citron, 15 kilos de pain, 1500 grammes de beurre, 2 kilos de chocolat, 25 litres d’eau minérale, 15 litres de vin, 6 litres de bière, 6 litres de thé, 10 litres de potage, 3 litres de café froid, 6 litres de café au lait, 2 litres d’infusion… ! Bon appétit.

 

 

 

 

 

 

LES PLUS SURES VICTOIRES D'UN SPORTIF SE REMPORTENT D'ABORD AUTOUR DE LA TABLE

 

 

Le coureur cycliste est le seul sportif qui s’alimente en cours de compétition. Tous les autres font le plein de nourriture bien avant la compétition de façon que la digestion soit effectuée. Le cycliste, après avoir pris un copieux repas avant le départ s’alimentera fréquemment pendant la course, des ravitaillements en nourriture étant prévus à partir du 151ème km.
C’est que le coureur cycliste élimine énormément. Dans les étapes courues sous le soleil, il est fréquent qu’un coureur absorbe plusieurs litres de liquide : de la bière à l’eau gazeuse en passant par les jus de fruit et au bonheur des flacons offerts par les spectateurs sur le bord de la route.* Si par chance le coureur reçoit du liquide inoffensif (eau minérale, thé ou café froid) tout se passe bien, mais il arrive que la bouteille reçue contienne de la bière ou, ce qui est plus nocif, du vin ou de l’alcool. On se souvient que dans le Tour de France 1950, entre Perpignan et Nîmes, l’algérien Abdel-Kader Zaaf, seul en tête, rafla au passage une énorme quantité de flacons que lui tendaient d’admiratifs sportifs roussillonnais. Il ne s’agissait pas d’eau mais de vin de Corbière et Zaaf, musulman peu habitué à l’alcool, fut rapidement... gris et… noir, à tel point qu’après une défaillance le rude coureur reprit sa bicyclette pour rouler, en sens inverse vers Perpignan ! Il s’agit là bien sûr d’un épisode anecdotique.

Outre le ravitaillement qu’l consommera en cours de route, le coureur du Tour de France effectue deux repas copieux. Le premier qui lui sert de petit déjeuner, le matin environ deux heures avant le départ de la course comprend : des crudités, de la viande rouge hachée, du riz et des fruits cuits. Le soir, vers 19 h 30 le diner : potage de légumes, poisson bouilli, viande blanche, légumes, yoghourt, fruits frais et cuits, le tout abondamment arrosé d’eau minérale et de vin rouge.


Enfin, pour en terminer avec le Tour de France, de plus en plus l’alimentation en cours comprend une importante base liquide. Nombreux sont les coureurs qui ont adopté le régime qui fut celui de Coppi puis de Bobet à base d’alimentation liquide : riz cuit à l’eau et sucré, bière à laquelle on a ajouté une dizaine de morceaux de sucre, bidon contenant des jus de fruits pressés.
Il est vrai qu’un coureur du Tour de France, dans une étape de montagne par exemple élimine environ deux litres de sueur soit l’équivalent de trois kilos ; ceci explique peut-être la multiplication des ravitaillements.

 

 

* C’était, bien sûr,  à l’époque où l’article a été écrit.

 

 

 

 

Malheur au camion, s’il contient des bouteilles de jus de fruit, d’eau minérale ou des canettes. Il va être rapidement vide. Il y a toujours une fontaine pour se rafraichir ou remplir un bidon. Tant pis si les fruits ne sont pas encore murs, il est bon de croquer un abricot frais cueilli sur l’arbre même.

 

 

journal Pilote (septembre 1962)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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