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Deux articles publiés dans un quotidien suisse (février 1967)

 

Nouvelle escalade dans le conflit Anquetil-Poulidor


La rivalité opposant Anquetil à Raymond Poulidor rebondit. En effet, répondant à des déclarations faites par Anquetil dans uneémission radiophonique et reprises par un hebdomadaire spécialisé, Poulidor a adressé une lettre ouverte à l'agence France-Presse dans laquelle il déclare : "Qu'Anquetil ait voulu rallumer la querelle m'indiffère ; qu'il déclare qu'au Nürburgring, je pouvais devenir champion du monde, mais qu'il ait tenu, à la radio, des propos qui sont rapportés dans cet article, c'est un comble et je suis indigné. Son attitude m'écœure. Il a trop longtemps profité et abusé de ma passivité. Maintenant, la coupe déborde et puisqu'il a affirmé que j'ai acheté des victoires, qu'il veuille bien préciser lesquelles, et qui j'ai corrompu. A qui aurais-je acheté ma victoire dans le championnat de France, acquise devant son coéquipier Jean Stablinski ? A qui aurais-je acheté ma victoire dans Milan - San-Remo, remportée devant Van Looy, la Flèche wallonne devant Janssen ou le Tour d'Espagne, le Dauphiné, le Critérium national (deux fois), enfin toutes mes autres victoires ? Anquetil m'a calomnié. Aujourd'hui, je demande réparation et j'attends qu'il réponde point par point aux questions ci-dessus".

 

 

 

 

Quelques jours plus tard...

 

Anquetil : "Je crois qu'avec Poulidor il y a toujours un terrain d'entente"

Dans une lettre ouverte qu'il a fait parvenir à l'agence France-Presse, relative au différend qui l'oppose à Raymond Poulidor, Jacques Anquetil déclare vouloir préciser sans équivoque sa pensée et apporter des éclaircissements aux sportifs. Jacques Anquetil écrit notamment :
 Il est exact que j'ai répondu par la phrase suivante au reporter qui m'interrogeait : Je n'ai jamais payé un  coureur pour gagner... je .ne pense pas que Poulidor puisse en dire autant... mais je tiens essentiellement à rappeler ici les propos tenus par le reporter qui m'interrogeait et à les rapporter scrupuleusement tels que les auditeurs et Raymond Poulidor ont pu les entendre. Le radio-reporter m'a dit textuellement : Peu après l'arrivée de Paris-Nice, Raymond Poulidor déclara : Anquetil est le patron du cyclisme. Je m'en suis aperçu.  Je lui ai fait remarquer : Comment un homme pourrait-il commander à un peloton de cent coureurs ?  Il m'a répondu : Eh bien, la maison Anquetil... les primes... à coups de je ne sais quoi.

La seconde partie de cette déclaration très accusatrice m'a déconcerté par son caractère j'ose dire diffamatoire. Elle a provoqué la réponse que l'on sait. A mon tour de poser une question : à ma place, quel homme, quel athlète, accusé de la sorte, serait resté de marbre ? Au reste, j'ai dit « je pense » et non « j'affirme », la nuance existe, peut-on l'ignorer ? Au fond il s'agit seulement pour moi de savoir si oui ou non Raymond Poulidor a prononcé cette accusation, de savoir s'il en revendique la paternité. Le premier instant de colère passé, j'incline à croire que Raymond Poulidor n'a pas pu prononcer ces paroles mais je me propose cependant de lui poser la question lorsque les circonstances nous permettront de bavarder en toute quiétude. Du contenu de sa réponse, que je souhaite négative, dépendra la suite de nos relations.


Enfin, j'aimerais apporter encore une précision à propos d'une déclaration dont on m'a rapporté qu'elle avait été mal interprétée ou plutôt mal exprimée. Cette phrase, la voici : Je crois qu'avec Poulidor, il y a toujours un terrain d'entente. S'il y avait uniquement Poulidor, Anquetil et le vélo, nous pourrions nous entendre très bien, mais il y a quelquefois les journalistes, les radio-reporters — et je m'en excuse — qui viennent nous diviser. Sans eux, tout irait beaucoup mieux. Dans le climat très tendu de l'émission de Paris-Inter, je n'ai su exprimer sur-le-champ ma pensée, la voici : Je pense que la presse, évoquant souvent la dualité Poulidor – Anquetil, a créé, sans intention condamnable, mais par simple effet de répercussion dans le public, la notion de rivalité, rivalité que je conteste. Il ne m'est jamais venu à l'idée de nier les qualités de Raymond Poulidor mais j'estime, en laissant à chacun la liberté de juger autrement, que la dissemblance de nos palmarès contredit la notion de rivalité sportive. Je suis l'adversaire de Poulidor, pas son rival, car nous ne sommes pas seuls sur les routes, fort heureusement.

Je pense m'être clairement exprimé cette fois et je souhaite ardemment que cette lettre marque le terme des polémiques. Je souhaite surtout qu'elle nous permette, à Poulidor et à moi-même, de nous rencontrer dans un meilleur climat et de nous affronter encore loyalement sur la route pour la satisfaction des foules que le cyclisme passionne.

 

Le quotidien suisse écrivait trois semaines plus tard :

 

Les faits, on s'en souvient. Rappelons simplement que l'année 1966 avait commencé par une querelle, résultant de la dernière étape de Paris-Nice, où Anquetil avait détrôné Poulidor de la première place, grâce à une aide beaucoup plus large que celle de son équipe. En 1967, tout était oublié ou presque, lorsque Jacques Anquetil, par l'intermédiaire du micro d'un confrère français, a ravivé la querelle, en déclarant beaucoup de choses, et entre autres qu'il n'avait jamais acheté de victoire, et que Poulidor ne pouvait pas en dire autant. Suivaient deux lettres ouvertes à l 'agence France-Presse, la première de Poulidor s'estimant calomnié, la seconde d'Anquetil tentant de fournir quelques explications. Ayant appris tout ceci par ce duel épistolaire, nous avons voulu toutefois en savoir plus long. Pour Jacques Anquetil, pas de problème, pas d’affaire non plus : — Quelle affaire ? Il n'y en a pas. Poulidor a écrit une lettre ouverte et, pour la première fois de ma carrière, j'ai fait de même. Nous sommes quittes... Un oubli peut-être pour le Normand, celui de dire qu'il avait fait, au préalable, certaines déclarations. Une constatation également, de sa part : il n'est pas fâché contre le meneur de Mercier. Il ne lui parle pas, ce n'est pas la même chose.

 

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Il y a toujours eu une certaine rivalité entre les deux courreurs, surtout renforcée par les journalistes !

 

 

Miroir du Cyclisme - Avril 1966

Avec Paris-Nice, en mars, la France est divisée en deux !

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Paris-Nice 1967
Anquetil (à gauche) doit se poser quelques questions après les deux premières étapes de Paris - Nice. En effet, la plupart de ses principaux rivaux le précèdent au classement général, de quelques secondes il est vrai. Mais parmi eux il y a un certain Poulidor (à droite), tout heureux d'avoir "maître Jacques" derrière lui. Quant à Aimar (au centre), il ne paraît guère plus rassuré que son chef de file.

 

Le vainqueur de la deuxième étape, devenant ainsi premier au classement général, était un certain Eddy Merckx...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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