SAINT LOUIS (1214 - 1270)

Louis IX, plus connu sous le nom de saint Louis, n’avait que douze ans lorsqu’il succéda à son père Louis VIII, sur le trône de France. Sa mère, Blanche de Castille, lui inspira pour la gloire de Dieu un zèle ardent et éclairé; elle lui disait souvent : "Mon fils, j’aimerais mieux vous voir mort que coupable d’un péché mortel." A l’âge de vingt ans, Louis épousa Marguerite deProvence, bien digne, par ses vertus, de devenir la compagne d’un prince si accompli. Déclaré majeur l’année suivante, il se laissa toujours diriger par les sages conseils de sa mère. La seconde année de son règne, saint Louis alla à Sens recevoir la couronne d’épines de Notre-Seigneur qu’il venait de racheter des Vénitiens. Il fit construire à Paris un magnifique édifice destiné à recevoir cette relique et qui fut depuis nommé la Sainte-Chapelle.

En 1244, pendant une cruelle maladie, saint Louis fit vœu, s’il recouvrait la santé, d’aller en Terre Sainte secourir les chrétiens opprimés et arracher le Saint-Sépulcre aux mains des infidèles. Il s’embarqua à Aigues-Mortes, en 1249. L’armée chrétienne, arrivée en Egypte, s’empara de Damiette, mais, ensuite, dans sa marche sur le Caire, elle n’éprouva que des désastres; le roi et tous ses chevaliers tombèrent au pouvoir des Sarrasins. Devenu libre, après avoir donné Damiette pour sa rançon, saint Louis renvoya en France ses frères et les autres barons; il se rendit en Palestine où il demeura quatre ans, s’occupant de réparer les fortifications des villes chrétiennes. La nouvelle de la mort de sa mère le détermina à revenir en France.

Saint Louis régna pendant seize ans après son retour de la Croisade; ce furent seize années de repos et de bonheur pour la France. Il enrichit l’Hôtel-Dieu, fonda les hôpitaux de Pontoise, de Compïègne, de Vernon, et l’hospice des Quinze-Vingts pour trois cents aveugles; ami des lettres, il encouragea les sciences utiles, le goût des bonnes études, et fonda une bibliothèque dans une salle voisine de la Sainte-Chapelle.

Il aimait à rendre lui-même la justice : "Maintes fois, dit son historien Joinville, il advint qu’en été, il allait s’asseoir au bois de Vincennes, après la Messe, et, s’adossait à un chêne, nous faisait asseoir autour de lui, et tous ceux qui avaient affaire venaient lui parler sans l’intermédiaire d’huissier ou de tout autre." Cherchant à réparer tous les torts, toutes les injustices, il secourut les familles dont les chefs s’étaient ruinés pour le suivre à la Croisade et il étendit sa sollicitude sur les laboureurs qui avaient souffert au milieu des troubles du royaume. " Les serfs, disait ce bon roi, appartiennent à Jésus-Christ comme nous; et, dans un royaume chrétien, nous ne devons pas oublier qu’ils sont nos frères."

Cependant saint Louis nourrissait toujours en son âme la pensée d’une nouvelle Croisade. Les chrétiens de Syrie, attaqués par le sultan d’Egypte, avaient perdu Césarée, Jaffa, Antioche, et étaient menacés d’une entière destruction. Louis s’embarqua à Aigues-Mortes, en 1270, et se dirigea vers Tunis. Une maladie pestilentielle s’empara de l’armée chrétienne dès son débarquement. Le roi fut atteint et se prépara à la mort avec une sainte résignation. Quand il sentit sa fin approcher, il se fit coucher sur la cendre, et là, les bras croisés sur la poitrine, les yeux levés au ciel, il expira le 25 août 1270, en prononçant ces paroles, sa dernière prière : "Seigneur, j’entrerai dans votre saint temple et je glorifierai votre nom."

Saint Louis fut tout à la fois le modèle des rois et le modèle des hommes, un héros et un saint. Son historien Joinville dit de lui : "Le saint homme aima Dieu de tout son cœur et agit en conformité avec son amour." Saint Louis a été canonisé en 1297, par Boniface VII, qui, le jour même où l’Eglise mettait le pieux monarque au rang des saints, fit entendre ces nobles paroles dans son allocution : "Maison de France, réjouis-toi d’avoir donné au monde un si grand prince ! Réjouis-toi, peuple de France, d’avoir eu un si bon roi !