Cest sur la terre battue de sa cellule de la Portioncule, où il a tenu à vivre ses heures ultimes, que François rend le dernier soupir. Il est veillé par ses compagnons de la première heure et par ses compatriotes assisiates qui veulent garder leur saint. Car personne ne doute plus depuis longtemps en Italie qu'il n'ait été un aint.

Que de chemin parcouru depuis le temps où le jeune homme travaillait dans la bouti que de son drapier de père en rêvant de devenir chevalier! Chef de la jeunesse dorée de la ville, il menait alors joyeuse vie et connaissait tous les plaisirs. Mais la guerre contre la cité rivale de Pérouse, l' emprisonnement qui s'en suivit, la maladie, enfin une série de songes le font renoncer à ses chimères. Survient alors la rencontre avec le Christ qui s'adresse à lui personnellement mais le jeune homme mettra plusieurs années à comprendre ce que Dieu attend de lui. Il a enfin la révé lation de sa vraie mission au matin de février 1209, dans le minuscule sanctuaire de la Porticule. C'est la mission des apôtres: mener une vie errante dans la pauvreté pour être libre et prêcher à toute créature la bonne nouvelle de la Rédemption. Sauver le monde en le convertissant par la parole: tel est désormais son but. Son talent d' orateur, transfiguré par la présence divine qui l'habite, fait merveille auprès de tous: savants et ignorants, riches et pauvres, laïcs et prêtres. Infatigable marcheur, il parcourt l'Italie, entraînant à sa suite de nombreux convertis qui dé cident de partager son apostolat.

François les appelle frères mineurs. Pauvreté, chasteté et obéissance sont les trois principes qui doivent gouverner leur existence. Si grand est le rayonnement de François qu'il agit aussi sur les animaux : chacun connaît l'épisode où il apprivoise le loup de Gubbio qui terrorisait la petite ville ou celui où il prêche aux oi seaux. Lui qui s'était rendu en Terre sainte en espérant y subir le martyre, c'est à la Porticule qu'il mourra dans les souffrances de la maladie. Mais auparavant, l'image du Christ qu 'il portait en lui s'était imprimée dans sa chair, y laissant les stigmates. Deux ans seulement après sa mort, l'Eglise le canonisera.