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article publié en septembre 1996:

 

Les premières aventures de Blake et Mortimer sont apparues avec la création des "Editions du Lombard" et le premier numéro de l'hebdomadaire "Tintin", le 26 septembre 1946. Le cinquantième anniversaire de cette série culte va être marqué par la sortie, la semaine prochaine, d'un nouvel album. Avant cela, des présentations s'imposent.

 

Le premier episode du "Secret de l'Espadon" figure, à la fin du mois de septembre 1946, au sommaire du premier journal de "Tintin" (créé par Raymond Leblanc), un magazine belge qui rencontre immédiatement un succès phénoménal et qui deviendra très vite l'un des plus prestigieux hebdomadaires de l'après-guerre. L'aventure démarre sur un conflit planétaire dirigé par deux personnages sans scrupules: l'empereur Basam-Damdu et un certain colonel Olrik (qui lui, fera carrière)...

En réalité, les lecteurs belges doivent attendre encore deux numéros (soit le 10 octobre 1946) pour découvrir (enfin) les héros de l'histoire, deux sujets britanniques: Philip Edgar Angus Mortimer, un Ecossais robuste et barbu, professeur de physique nucléaire, et son ami, Francis Percy Blake, un Gallois élancé et moustachu, l'un des meilleurs agents du M.I.5, le Département militaire des services secrets britanniques.

 

La saga

A travers les pages du journal de "Tintin", la saga du "Secret de l'Espadon" va s'étaler sur trois ans et 144 planches. Pour ses acteurs principaux, c'est l'amorce d'une longue et palpitante suite d'enquêtes qui mêlent aventure, policier, fantastique ou science fiction, par le biais de scénarios aussi denses que crédibles et d'un dessin sobre, mais documenté à l'extrême. Le maître d'oeuvre de cette série qui va passionner plusieurs générations de lecteurs, c'est Edgar Félix Pierre Jacobs (qui signe généralement Edgar P. Jacobs): un personnage ambigu, qui est entré dans l'univers du 9me Art (la bande dessinée) presque par hasard, et qui préviligiera toujours la qualité à la quantité.

Aujourd'hui, près de dix ans après la disparition de son créateur, la série "Blake et Mortimer" reste l'un des chefs-d'œuvre incontestables de la bande dessinée: le mythe de "La Marque Jaune" n'est rejoint que par la fusée à damiers rouges de Tintin. Après avoir passionné les lecteursbelges, "Le Secret de l'Espadon" (qui est un sous-marin volant futuriste) est proposé aux "voisins" par le biais de l'édition française du journal de "Tintin", lancée en octobre 1948. Le mot "fin" vient juste d'apparaître dans l'édition belge de l'hebdoma-daire, que Raymond Leblanc décide de lancer une collection d'albums. "Le Secret de l'Espadon" est le premier volume de la collection du Lombard (l'album sort en 1950). Un succès commercial qui confirme la popularité de l'histoire. Pour cette parution en album, Jacobs, alors en plein "Mystère de la grande pyramide", n'a pas hésiter à redessiner plusieurs de ses planches.

Le 24 mars 1950 (dans le journal "Tintin"), Blake et Mortimer se retrouvent en Egypte, sur le plateau de Gizeh, où ils découvrent "Le Mystère de la Grande Pyramide" et affrontent un gang de pilleurs de tombeaux, prêt à tout pour alimenterleur trafic d'antiquités. Dès les premières planches, Mortimer prend le pas sur Blake: c'est le début d'une évolution qui fera du professeur le No.1 de la série. C'est, sans aucun doute la découverte, en 1922, de la tombe de Toutânkhamon et de son fabuleux trésor (par l'égyptologue Howard Carter) qui a inspiré Jacobs pour ce récit. D'ailleurs, Jacobs dessinera encore une histoire complète en quatre planches "Le Trésor deToutânkhamon"," qui sera publiée dans lé numéro 59 de "Tintin", le 8décembre 1964.

 

Une marque mystérieuse

Trois ans plus tard (en 1953), notre duo d'enquêteurs tente de démasquer un mystérieux personnage, qui signe ses forfaits d'une énigmatique "Marque jaune" (un μ grec à l'intérieur d'un cercle brisé, et non pas un simple M). Dans cet épisode, on retrouve Olrik, mais il n'est ici que le complice involontaire de Septimus, un psychiatre "déjanté" qui "télécommande" les agissements de son comparse en manipulant ses ondes cervicales à l'aide d'un télécéphaloscope révolutionnaire. Si l'histoire est passionnante, la "marque" fascinante, il faut bien admettre que le fabuleux dessin qui figure sur la couverture de l'album (publié en1956) a contribué au succès phénoménal de cet épisode qui est devenu mythique.

En 1955, Blake et Mortimer prennent des vacances aux Açores. Là, ils découvrent un gisement d'orichalque - ce métal précieux décrit par les écrivains antiques - et rencontrent un peuple mystérieux, qui leur permet de résoudre "L'Enigme de l'Atlantide". Pour Jacobs, c'est l'occasion de donner une explication logique aux multiples phénomènes d'O.V.N.I. commentés au début des années 50. C'est aussi une porte ouverte sur sa passion qu'est la science-fiction.

 

Voyage dans le temps

En 1958, dans "S.O.S. Météores", Blake et Mortimer collaborent avec la D.S.T. française et affrontent le professeur Miloch, un inventeur démoniaque, capable de modifier à loisirs les conditions météorologiques de la planète et de provoquer ainsi des catastrophes pas vraiment naturelles. Ce sont les conditions météorologiques particulièrement rigoureuses de l'hiver 1954, et quelques phénomènes météorologiques étranges, entre 1954 et 1957, qui excitèrent l'imagination de Jacobs pour ce récit extrêmement bien documenté.

Le duel avec le professeur Miloch aura des conséquences fâcheuses pour Mortimer: en 1960, il tombe dans "Le Piège Infernal" tendu - à titre posthume - par le manipulateur de tempête qui lui impose un voyage dans le temps à bord du "chronoscaphe". Après trois bonds temporels qui le mènent de la préhistoire au 51ème siècle, Mortimer parviendra à retrouver son époque. Ce récit ambitieux reprend le mythe de la machine à voyager dans le temps: pour Jacobs, c'est surtout une extrapolation romancée de l'expression "C'était le bon temps". Il tente de démontrer aux nostalgiques et aux utopistes que "le bon temps" tel qu'ils l'imaginent, n'existe pas, n'a jamais existé et n'existera jamais.

On retrouve nos deux compères anglais durant l'été 1965: ici, pas de gadget, ni de science-fiction. Blake et Mortimer sont plongés dans une enquête policière plutôt classique: "L'Affaire du Collier". Une balade pour les héros, l'histoire la moins inspirée pour l'auteur qui abandonne le dessin de cet épisode à un autre: Gérald Forton (dessinateur, entre autres, de 14 albums de "Bob Morane"). Mais Jacobs ne peut se résoudre de laisser "ses" personnages à un autre: il reprend à sa façon la quinzaine de planches dessinées par Forton et achève un album qui déçoit ses fans.

 

Problèmes de santé

Les années passent et, en 1970, les lecteurs assidus des aventures de Blake et Mortimer retrouvent ce duo de choc dans le premier tome des "3 Formules du Professeur Sato". Entre-temps, Jacobs a restauré intégralement "Le Rayon U" (sa première bande dessinée publiée en 1942 dans "Bravo") pour sa parution en album: une tâche fastidieuse qui lui demande plus d'un an de travail.

Basé sur la cybernétique "Les 3 formules du Professeur Sato" restent inachevées. Le décès de son épouse et de multiples problèmes de santé empêchent Jacobs d'achever le deuxième volet des "3 Formules". Le scénario, les découpages et les textes sont entièrement terminés: chaque planche est crayonnée.

Dans les dernières lignes d' "Un opéra de papier", son autobiographie publiée fin 1981, chez Gallimard, Jacobs écrit: "Les 3 Formules du professeur Sato ne risque pas, quoi qu'il arrive, de rester une symphonie inachevée!... Mais rendu circonspect et légèrement supersticieux par l'expérience, je préfère ne faire aucun pronostic."

Le "grand Scénariste" (comme l'appelle Jacobs) ne lui en a pas laissé le temps, il l'a emporté avec lui le 20 février 1987.

 

De Moor, postmortem

C'est à Bob de-Moor, ami de longue date de Jacobs, qu'a été confiée la tâche difficile de conclure les "3 formules" (l'album est sorti en avril 1990). Malheureusement, Bob de Moor, s'est seulement attaché à reproduire un scénario et des croquis que Jacobs auraient certainement parachevés avant de les publier. L'entreprise levait le voile surla fin de "Sato", certes, mais elle avait déçu un public qui attendait mieux d'un récit resté en friche pendant plus de 20 ans.

 

 

 

 

 

 

 

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article publié en septembre 1996:

 

Edgar Félix Pierre Jacobs voit le jour à Bruxelles,le 30 mars 1904. Enfant déjà, il se passionne pour la musique, le théâtre et les arts graphiques. Après avoir subi les enseignements d'une école commerciale, il s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts, où il se perfectionne dans les différentes techniques de dessin et de peinture. Mais, dans le même temps, il s'intéresse vivement au chant et à l'opéra. Pour gagner sa vie, il exerce une multitude de petits métiers: dessinateur de bijoux, illustrateur pour des catalogues, retoucheur de photo. En 1921, à l'âge de 17ans, il est engagé comme figurant au théâtre royal de la Monnaie. Huit ans plus tard, il remporte le grand prix de chant, avec médaille du Gouvernement. L'opéra de Lille l'accueille, et commence alors pour Jacobs une carrière de baryton. La guerre survient. Les théâtres ferment les uns après les autres. Jacobs ressort alors ses crayons.

 

Première BD originale

Les planches de "Flash Gordon", publiées dans le magazine "Bravo", ne peuvent plus parvenir en Belgique; on demande à Jacobs de se substituer à Alex Raymond et de reprendre en cours les aventures spatiales de "Flash Gordon". La censure allemande intervient pour interdire la publication de cette série américaine. Jacobs conçoit alors une nouvelle BD basée sur une trame identique: "Le Rayon U" est sa première bande dessinée originale. En.1943, il fait la connaissance d'Hergé qui l'invite à travailler avec lui sur la refonte des "Tintin" en noir et blanc qui deviendront des albums en quadrichromie. Hergé lui confie la mise en couleurs et les décors de plusieurs albums (à noter que "Les 7 boules de cristal" et "Le Temple du Soleil" auraien tpu - sans vergogne - être cosignés par Jacobs).

 

Séparation d'avec Hergé

En 1946, lorsque l'éditeur Leblanc décide de lancer l'hebdomadaire "Tintin", Jacobs - avec Hergé, Jacques Martin ("Alix"), Laudy ("Hassan et Kaddour") et Paul Cuvelier ("Corentin") - fait partie de la toute nouvelle équipe. C'est pour ce magazine qu'il illustre le fameux roman d'H. G. Wells "La Guerre des Mondes", mais surtout qu'il crée les mythiques personnages du professeur Mortimer et du capitaine Blake. En 1947, Jacobs abandonne sa collaboration avec Hérgé pour se consacrer exclusivement à "Blake et Mortimer". Huit aventures voient le jour (soit douze albums) jusqu'au décès de Jacobs qui survient, le 20 février 1987, dans sa demeure du Bois des Pauvres. Curieuse destinée pour ce Maître de la "ligne claire", qui débarque dans la bande dessinée presque par obligation et qui, finalement, signe l'une des oeuvres les plus magistrales du genre. Un "dessinateur à voix" qui méritait largement le surnom par lequel on l'appelait dans le milieu, à savoir le "Baryton du 9ème art".

 

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Une planche du dernier Blake & Mortimer "Le Serment des cinq lords". André Juillard et Yves Sente signent leur cinquième album de la série.

 

 

extrait d'un article publié en novembre 2012:

 

Après des épisodes qui surenchérissaient dans le spectaculaire, la science-fiction, voire la préhistoire-fiction, et même le fantastique mysticisant, Juillard et Sente reviennent à la simplicité pour la nouvelle aventure de Blake et Mortimer: "Le serment des cinq lords" est un polar bien ficelé à connotations politiques, et mené – originalité bienvenue – sans l’inévitable Olrik!

Juillard et Sente voudraient-ils dégommer les plus grandes gloires de l’Angleterre? On pourrait le craindre à voir la première scène du nouveau "Blake et Mortimer" où Lawrence d’Arabie lui-même – excusez du peu! – se fait voler comme un débutant une petite et bien précieuse mallette...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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