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VALENCIENNES AU XVI° SIECLE

 

AU  PAYS  D'ESCAUT  : BARBE  HOLLANDE 


C'était au temps où Valenciennes était sous la domination espagnole de Sa Majesté Philippe II, roi d'Espagne et des Pays-Bas. La Réforme s’épanouissait alors en Allemagne, en France et s'infiltrait au cœur des Pays-Bas. Philippe II employa tous les moyens pour s'opposer à la marche ascendante du Protestantisme dans ses Etats. Il créa de nombreux évêchés et universités pour répandre la bonne parole et notamment l'Université de Douai.

 

Valenciennes
Valenciennes, " l'Athènes  du  Nord", comme   nous   disons   aujourd'hui,   était   en  ces temps  troublés,  une ville   très   florissante   jouissant  de nombreux   privilèges  et  fort   jalouse  de son  indépendance. C'était   une cité   cosmopolite  où  venaient   s'instruire  les fils  et les représentants  de  l'extérieur.  La  Réforme  devait  s'y  développer  avec  rapidité. L'an  1566 vit le succès  des protestants et  des " Briseurs  d'images", mais  l'année  suivante  enregistra  le triomphe des catholiques   avec  le  Seigneur  de Noircarmes. Ce  dernier,   qui  commandait  les  troupes  royales  espagnoles  bien  aguerries et organisées,   finit   par avoir   raison des bandes  protestantes : les " Gueux" et  les "Tout  Nuds". Valenciennes,  qui  s'était     défendue    vaillamment,  dut se rendre  sans  conditions le  Jour  des  Rameaux.  Une  répression  impitoyable  allait  suivre.

 

La  mort  d'une  Cité 

La   violence   d'où  qu'elle   vienne est haïssable. Le  Duc  d'Albe,  spécialiste  en matière de   répression,   devait,  à  Valenciennes,  illustrer à jamais  son nom dans  les annales  sanglantes  de la torture. En quelques jours, ses émissaires firent rouler des centaines de tètes sur la place publique de Valenciennes, et ce fut bientôt un véritable massacre organisé. En 1568, le Duc d'Albe tablit à Bruxelles les "Conseils de Sang" où se distinguait un Espagnol féroce, Juan de Vargas dit "Cœur de Rocher ", qui disait : "Il est salutaire au condamné de mourir innocent". Les "Conseils de Sang" fonctionnèrent sans relâche. Gibets et roues ne chômaient guère et las arbres du Hainaut ployaient sous le poids de fruits sinistres. La population de la cité valenciennoise, qui s'élevait alors à 50.000 âmes, se trouva réduite de moitié par l'émigration, en peu de temps. La cité de Froissart, persécutée, ruinée, retrouva difficilement son ancienne prospérité. Pendant plus de trois siècles, sa population ne dépassa jamais 35.000 habitants.

 

Barbe Hollande

L'Amour est une fleur qui s'épanouit en toute saison et en tous lieux. Il y avait en ces temps troublés une exquise Valenciennoise de dix-sept ans, issue d'une riche et excellente famille, renommée pour sa grâce et sa beauté, et qui avait nom Barbe Hollande. Elle était si Jolie la Jeune fille, elle était si belle avec ses grands cheveux noirs comme de l'ébène, ses grands yeux bleus comme le ciel de Hainaut et sa taille élancée. Il y avait épandue sur toute sa physionomie cette teinte délicieuse et vague de pâleur qui dit la Jeunesse et l'amour. C'était une si ravissante créature, une rose dont les feuilles les plus suaves n'ont pas encore été dépliées. Barbe avait choisi parmi les jouvenceaux qui briguaient sa main. Elle était fiancée et devait se marier le lundi de Carnaval, 6 février 1569. Elle était calviniste ainsi que sa famille. Elle fréquentait l'église avec une apparente piété car c'était l'époque des " suspects".


Le sacrilège
Encore que ce ne fut en harmonie avec sa religion, la jeune Barbe se confessa et communia avec tout le cérémonial d'usage. C'était indispensable si elle voulait être unie à l'élu de son cœur. Au cours de la cérémonie nuptiale, en quittant le banc de communion, soudain, un enfant de chœur crie : "Au sacrilège ! " Il soutient avoir vu la jeune Barbe cracher l'hostie qu'il montre sur les dalles de l'église Notre-Dame de la Chaussée, où avait lieu la cérémonie. Le Clergé s'émeut et fait jeter Barbe Hollande, en robe d'épousée, sur la paille humide du cachot. Jugée sommairement, elle est condamnée à être brûlée, après avoir été étranglée par la main du bourreau. C'est le passage sans transition de l'autel à l'échafaud. Le fiancé, le cœur déchiré, pense mourir de douleur. La pauvre mère devient folle. C'est une consternation, un deuil, une affliction sincère et émue dans le populaire.


La torture

C'est le 15 mars 1559 que ce jugement ignoble fut exécuté sur la place publique de Valenciennes. On bâillonnait alors les condamnés pour les empêcher de parler. Comme il arrivait que le bâillon cédait sous l'effort du supplicié, les bourreaux avaient inventé un horrible petit instrument de torture, pour remédier à cet inconvénient. Il fut essayé sur l'enfantine Barbe. Ce supplice consistait à tirer la langue du patient à l'aide de deux petits crocs, pour en brûler le bout avec un fer rouge, de sorte qu'il ne sortait plus des lèvres du supplicie qu'un son confus. C'est ainsi que mourut Barbe Hollande, sauvagement assassinée et mutilée dans la gloire printanière de ses dix-sept ans. Le peuple pleura de vraies larmes sur cette femme, que dis-je, sur cette enfant martyre, dont le corps candide fut profané par le fer rouge et dévoré par les flammes.

 

 

PHILIPPE II D'ESPAGNE (1527-1598)

 

 

 

PHILIPPE DE NOIRCARMES (1530-1574)

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BARBE HOLLANDE NICAISE VALENCIENNES

L'histoire fit l'objet d'un conte "Nicaise ou l'enfant de chœur", où est raconté le tragique destin de la jeune Barbe Hollande

On le retrouve dans "Les Contes de Toutes les Couleurs", publié en 1833.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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