Conçu quelques mois seulement avant le défilé, le projet de constituer un cortège de géants évoquant les fastes de Tournai a obtenu, ce dernier dimanche de septembre 1937, un accueil enthousiaste. Tout avait été méticuleusement préparé et étudié au point de vue de la reconstitution historique. Les géants avaient  leur allure particulière et les figurants constituaient un cadre bien vivant et exact. M Tréhoux, qui fut l’artisan de cette reconstitution, a trouvé en l’artiste peintre M. Trenteseaux un collaborateur précieux qui a dessiné les différents costumes des personnages et de leurs suites.

A côté de cette reconstitution historique, il y avait, si l’on peut dire, la partie purement tournaisienne, figurée par deux types bien connus, des pourvus de l’hospice des vieillards, dans leur costume classique et familier, tels que les souvenirs et les images nous les ont transmis.

C’est à 14 h 30 que le cortège s’ébranla, précédé par un peloton de gendarmes à cheval. Le bourdon du beffroi grondait et le carillon chantait les airs de Tournai. En tête s’avancent cinq pages qui sonnent la trompette. L’apparition des géants est saluée avec sympathie. C’est d’abord Childéric, roi des Francs, avec son allure farouche, portant un manteau pourpre,  rehaussé d’abeilles d’or. Il est escorté de ses fameux guerriers revêtus de peaux de bêtes. Il est suivi de Christine de Lalaing, l’héroïne légendaire tournaisienne. Elle est revêtue de la cuirasse et entourée de bourgeois.

Dans ses somptueux atours s’avance Louis XIV, le chef couvert de la couronne garnie de pierreries, portant le manteau bleu garni d’hermine. Un groupe d’officiers et de soldats, richement costumés, forment une riche escorte au roi-soleil. Voici les magistrats de Tournai. Ils sont groupés autour de leur étendard, et leur allure pleine de dignité rehausse encore l’éclat du défilé.

Ce groupe précède immédiatement Reine-Tournay, qui s’avance majestueusement entourée des bannières rutilantes de Tournai et des quatre corporations, de bourgeois et d’hommes en livrée. Il faut noter les hérauts d’armes, les porteurs de bannières qui complètent cet ensemble de rutilante richesse.

Enfin voici les types populaires : Sarragos, dans son costume dit de "collet rouge", la pipe et le tabac en mains. Il est escorté de ses camarades de l’époque. Un autre type aussi connu clôture le cortège, Louis XVIII, le "recolleur" d’assiettes.

Ces deux géants qui se trémoussaient obtiennent eux aussi grand succès, et sur leur passage, on évoque les histoires de jadis. Le cortège a fait un court arrêt à la Maison tournaisienne. En termes choisis, le conservateur, M. Walter Ravez, a souhaité la bienvenue aux géants de Tournai. Il les remercia de leur visite au nom même des habitants de ce musée. Le défilé s’est poursuivi, au milieu d’une foule nombreuse,  par le passage des autres groupes.

adapté d'un article de presse de 1937

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La tradition de ce cortège s’est perpétuée depuis à Tournai.

photos :

- Childéric, roi des Francs  – Christine de Lalaing, comtesse d’Espinoy

- Louis XIV dans le cortège des géants - Reine-Tournay précédée du groupe des magistrats

- Le groupe d’artisans et les drapeaux des corporations