Voici un article de presse datant de 1937 ayant pour sujet les peupliers qu'on trouvait dans les campagnes au bord des routes et des parcelles agricoles.

 

SI LE PEUPLIER EST UN ARBRE BIENFAISANT DANS LES FLANDRES, IL SERAIT DANS LA SOMME ET L'YONNE, NOTAMMENT, UN VERITABLE "BAS DE LAINE"

 

Avant, la guerre 1914-1918. il y avait en Flandre beaucoup plus de peupliers qu'actuellement. A Hardifort, dans le canton de Cassel, on remarquait jadis la pâture de pommiers qui faisait l'émerveillement des visiteurs de cette région . En effet, on y trouvait réunis 300 arbres de cette espèce sur un terrain de 1 ha 1/2 environ. Au printemps, c'était un ravissement pour les yeux.

 

Mais, dans notre région du Nord, cette culture n'était possible que protégée par les peupliers qui freinaient les vents d'Est générateurs de gelées et les bourrasques et tempêtes déchaînées par les vents d'Ouest . Les peupliers d'Hardlfort ayant été abattus, tous les pommiers périrent. A Armbouts-Cappel, dans le canton de Bergues, les cultures de pommes de terre avaient autrefois, contre les gelées, la "garantie" des peupliers. Les peupliers n'existent plus maintenant et le gel exerce parfois des ravages pénibles. Mais, il faut dire aussi que nombre de peupliers ont été abattus, parce que certaines cultures ont cédé la place, en Flandre, à des pâturages qui sont devenus extrêmement nombreux partout, ...trop nombreux, disent certains. Trop nombreux ? Après-guerre, il fallait reconstituer notre cheptel et créer des pâturages pour remplacer ceux qui avaient été détruits de côté et d'autres. On continua donc sur cette lancée et il semble que la crise actuelle subie par les céréales ne soit pas de nature à faire stopper cet élan.

 

A Bierne, comme à Armbouts-Cappel et Wormhoudt, on trouve encore des peupliers d'Italie ou pyramidaux, hauts de 30 à 40 mètres, aux formes régulières, avec bois très employés tant pour la sculpture que pour le chauffage des fours. Cette espèce aime les terrains gras et humides et périt dans les sols argileux ou sablonneux et sacs. C'est pourquoi on la trouve facilement près de nos watergands et ruisseaux. Dans le même secteur, agricole, on trouve aussi le peuplier argenté qui atteint 40 mètres et porte des feuilles très grandes, finement dentelées, blanches et cotonneuses par dessous. Par contre, la région maritime du Nord nous offre, du côté de Bray-Dunes par exemple, un peuplier tremble qui ne dépasse pas 20 mètres et dont les feuilles rondes et glabres sont continuellement en mouvement. On peut croire qu'on a supprimé les peupliers dans nos pâturages parce qu'ils étaient Inutiles et dans nos plantations parce qu'ils captaient sans doute une partie des rayons lumineux nécessaires au développement normal de celles-ci.

Tout ceci est vrai. Mais, nous avons vu que ce que les peupliers pouvaient prendre en fait de rayons lumineux ils le rendaient largement en efficace protection contre les intempéries hivernales.

 

Bref, le peuplier apparaîtrait donc comme un arbre très bienfaisant dans la plupart des cas. Mieux que cela ! Dans la Somme, dit-on, et dans l' Yonne, il serait considéré comme distribuant la richesse et le bonheur mieux et plus certainement que les fakirs du jour. Dans ces départements, une personne voulant s'assurer des rentes sûres et inattaquables par la dévaluation achèterait un terrain avec peupliers à rangées serrées, comme on en voit dans les tourbières. Cette espèce poussant extraordinairement vite permettrait d'avoir un arbre en pleine force à 25 ans. Tous les ans donc, les rentiers et rentières... à peupliers abattraient une rangée en vue de la vente. Le peuplier ferait donc office ici de bas de laine !