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ONNAING 1938 PIPE FAIENCE

L'ancienne piperie dont les cheminées coniques dominent les vastes magasins - La Faïencerie qui ferme ses portes (photos du journal - 1938)

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Les unes après les autres, les vieilles pittoresques industries d'Onnaing disparaissent. Il y a un an environ, c'était la Piperie Scouflaire qui fermait ses portes. Maintenant, c'est la Faïencerie qui liquide son personnel pour une durée indéterminée.


Les pipes d'Onnaing
La fabrique de pipes d'Onnaing était une des plus curieuses et caractéristiques industries locales. Dira-t-on, le nombre de ces bonnes pipes de terre si prisées jadis, qui sortirent des fours de l'usine plus que centenaire et que l'on expédia à travers le monde ? C'était de ces bouffardes que I ’histoire et l’ image ont popularisées, dans lesquelles des générations de fumeurs ont grillé des montagnes de tabac, pour lesquelles de bons vieux de chez nous, gardant une touchante prédilection et que l'on voit encore dans des épiceries et des estaminets de campagne offertes aux amateurs, piquées en bouquet comme des fleurs dans un rustique pot de terre. Le bon temps où elles ne coûtaient qu'un sou est bien loin !

Et bien loin le temps où la fabrique d'Onnaing, unique en France, n'arrivait pas à satisfaire les commandes. Depuis la guerre surtout, avec la concurrence de la cigarette et du cigare devenus populaires, avec les caprices de la mode qui a vulgarisé la pipe d'écume ou de bruyère -plus robuste, mais plus chère par contre que la bonne vieille pipe de terre - la fabrique d'Onnaing voyait sa vente diminuer dans des proportions considérables. Elle trouva un autre débouché, la fourniture des pipes pour les tirs forains. On a cassé des pipes d'un coup de carabine ou de revolver avec autant d'ardeur que nos bons fumeurs mettaient de soins à taire durer leur bouffarde culottée par un long usage. La fabrique d'Onnaing a connu un regain d'activité, mais la vente baissait, baissait et comme on hésitait à renvoyer le fidèle et ancien personnel, on a continué à travailler et à accumuler les stocks. Il y a un an, l'usine a fermé ses portes. Les fours depuis longtemps sont refroidis, les cheminées coniques ne zèbreront plus le ciel du jet des énormes volutes de fumée. Mais les fervents des tirs forains et les vrais fumeurs de pipes qui sont restés fidèles à la Jacob et à l’Onnaing peuvent continuer les uns à briser les pipes, les antres à les griller sous le panache des houpettes enflammées. Les magasins d’Onnalng regorgent encore de stocks et il se passera encore de longues années avant que la pipe de terre ne figure plus qu'à titre de curiosité ou de souvenir dans nos collections folkloriques.

 

Atelier de moulage à la piperie Scouflaire

 

 

le tir à pipes - de là vient l'expression aller au "casse-pipe"

 

La faïencerie ferme

Et voici, qu'après la piperie la faïencerie d'Onnaing, à son tour, cesse la fabrication. Déjà une partie des trois cents ouvriers a été licenciée.
Un peu d'histoire : depuis près de 120 ans, Onnaing a vu s'installer sur son terrain les industries les plus diverses. II ne reste que la métallurgie et la mine. La faïencerie avait été ouverte en 1823 par un Montois, Louis de Bousies. Elle avait changé plusieurs fois de propriétaire, mais jusqu'à ces dernières années, son activité avait été croissante. Avant la guerre encore, elle employait de nombreux ouvriers à la fabrication du verre opaque et de la marjoline. La piperie, elle, datait de 1840. Elle avait pris en partie la place d'une distillerie. Elle occupait avant la guerre plus de trois cents personnes à la fabrication des pipes en terre réfractaire. Que d'autres et divers établissements disparus. Une fabrique de chicorée ouverte en 1818 par Antonin Fréville, un lillois, puis transportée par son M. Boileau face à l'estaminet de la Montagne, sur la route Nationale. Une sucrerie créée par le même Frèville, en 1837 à l'angle de la rue de l'Arbre d'Or et de la rue de l'Eglise et disparue1886. D'autres sucreries; celle de M. Bradant, ouverte en 1832 ; celle de Delinsel qui fusionna en 1905 avec la précédente ; celle de Leblanc qui se trouvait à l'emplacement de la piperie. Et voici d'autres curieuses entreprises: en1865, une importante fabrique de chicorée, aménagée par François Monnet et qui utilise en 1810 encore 500.000 kilos de cossettes. Par le même François Monnet, une fabrique de moutarde dont la production atteint en 1910 également, 65.000 kilos par an. La métallurgie, qui est maintenant l'industrie dominante, avec l'exploitation minière au hameau de Cuvinot où les premiers sondages furent faits en 1892, était apparue en 1846 avec les établissements Clément Lefebvre. Elle ne prit une réelle extension qu'après 1890 quand s'ouvrirent les établissements Barbier et Venot.

 

Cette petite digression dans l'histoire d'Onnaing, à propos de la fermeture de vieilles industries qui firent le renom de la cité, montre que dans l'activité industrielle d'une cité, comme dans celle d'une Nation, il y a une évolution constante. Des vicissitudes surviennent parfois... Onnaing maintenant est bien armé pour les surmonter.

 

adapté d'un article paru en 1938 dans la presse régionale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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