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Notre région a toujours été la terre d’élection des invasions, des "migrations de peuple" comme disent pudiquement les Allemands. Il en est résulté un mélange de races, de coutumes et de langues comme il ne s’en rencontre nulle part ailleurs. Le vocabulaire, et particulièrement l’appellation des localités reste une preuve éclatante des influences successives que subirent nos contrées. On peut diviser en trois groupes les influences linguistiques qui contribuèrent à la formation des noms de nos villages. D'abord l'influence romaine, celle surtout du bas latin, l'influence germanique sous ses différentes formes (teuton, anglo-saxon, flamand) et enfin l'influence française L'occupation espagnole qui vint trop tard. Si elle laissa d’admirables traces dans la race ou dans le vocabulaire, son influence ne put s’exercer sur te nom des localités qui était fixé depuis longtemps déjà.


L’influence latine
Pour des raisons stratégiques, les Romains se portèrent dans le Nord de notre actuel département, là où sont les Monts de Flandre. Plus tard, l'influence romaine, cédant devant l'influence envahissante des "Barbares"recula vers la région d'Avesnes et de Cambrai. Sans aller bien loin, il ne fait pas de doute que l'origine du nom de la capitale de la Flandre française est latine. A cette époque, et jusqu'à ces dernières années, les eaux de la Deûle se divisaient en deux branches qui constituaient les fossés de la place forte. Le mot Insula, qui signifie île en latin, devint Isla en bas latin. Dans les titres romans, on vit successivement Isle, L'Isle. Lisle, pour arriver enfin Lille. Les nombreux touristes qui ont tenté la rude escalade du Mont Cassel, ont été frappés par l’ éventail de routes rectilignes qui convergent vers la statue du Maréchal Foch. Il n’y a guère à s’y tromper.

 

 

 

 

Seule, une autorité dictatoriale (et il n’y en eut plus en France depuis l'occupation romaine), a pu "passer au travers" des intérêts particuliers pour imposer des conceptions exclusivement "totalitaires". D’ailleurs, les nombreux vestiges que l’ on déterre encore prouvent que les Romains avaient fait de Cassel une importante "castra" (place fortifiée). C'est de ce terme qu'est venu le mot Cassel. Il en est de même pour Caestre. Le mot "strata" désignait une "route stratégique". Les noms Estrées, Estrœux, Estrelles, Estaires, Strazeele, signifient qu'en ces villages passaient jadis des routes importantes, dont les larges dalles évoquent encore le souvenir. Les mots Sars, le Sart,. Essart, Issart, Ransart Rainsart, Lambersart, Robersart, viennent du terme latin "sartum" qui signifie terrain défriché. Il est probable qu'à Templeuve, à Templemars, il existait des temples, comme semble l’indiquer l’étymologie "Templa". Celui de Templemars aurait été dédié au dieu de la guerre, Mars. Beaucoup de villages ont des noms qui se terminent en "celle", (Maisoncelle, Courcelles, Monchel), sans doute pour rappeler qu'en ces lieux Il n'y eut jadis qu’une maison "cella". Les noms termines en "court" (Libercourt, Ostricourt, viennent de la même racine latine qui forma "cohorte", et "cortes" en espagnol qui désigne une assemblée de gens de loi comme chez nous "cour". "Lo", "Loo", "Loos", viennent du mot latin "locus », lieu. Villers et les noms se terminant par ville viennent du mot latin "villa" qui a conservé le même sens en français. Quant aux expressions Le Quesnoy, Quercitain, elles s’expliquent lorsque l'on sait que chêne se dit "quercus" en latin.


L'influence germanique

Depuis la décadence romaine jusqu’au Moyen Age des "migrations de peuple" ne cessèrent de déferler sur l'Europe, provenant du nord de l'Europe Centrale où vivaient des peuplades désignées sous le nom de Germains. Cette influence germanique devait surtout s'exercer dans les pays ou la langue flamande, qui n’est comme la langue anglaise qu'un dérivé du bas allemand, devait s'implanter. Du mot flamand beek, beck (ruisseau) qui correspond au bach allemand, derivent les noms de Bambecque, Bousbecques, Esquelbecq, Escobecques, Morbecque, Steenbecque, etc. Le mot berg vient du beorgan saxon, qui veut dire protéger, défendre. En allemand, il signifie mont, hauteur. C’est la même racine que borq, burg (forteresse), burgus en latin, burc en gallois, bourch en breton, bourg en français. Le brouck flamand vient du teuton Broeck (prairie). De là dérivent Hazebrouck, Rubrouck, Cappelle-Brouck, St-Pierre-Brouck, Brouckerque, Broxeele, etc. Bourbourg s’écrivait primitivement Broucourg. Les noms de Dunkerque, Coudekerque, Brouckerque, Haverskerque, Houtkerque, Offekerque, etc, ont été formés avec le mot flamand kerk, qui vient du teuton Kuch (église). On a beaucoup discuté sur l’origine du préfixe Dun de DunKerque. L’hypothèse la pius simple est de le faire venir du germain "dun" (mont, hauteur), d’où l’ appellation de dunes pour les monticules de sables. Les noms de Blendecques, Eperlecques, Coyecques, etc, viendraient du germain "eecke" qui veut dire chêne en teuton et en flamand. Cette racine désigne aussi un lieu resserré, d'où les noms de Lubeck, Lobeck, Arneck en Hollande. Beaucoup de noms de localités dans la région de DunKerque, Hazebrouck et Lille ont des noms qui se terminent par Ham, Heim, Hem, Hein, Hon. Ces terminaisons viennent du germain. Elles signifient demeure, logis, et au sens élargi : hameau, patrie. C'est la même racine Ham pour l’'anglo-saxon. La terminaison "esche" de Maresche, Salesches vient du teuton "esch" (champ). C’est aussi du teuton "laer", "leer", "lers" (lieu inculte) que dérivent les mots Leers, Toufflers, Wallers, etc. Roeulx, Rœux, Roost-Warendin viennent du vieil allemand "roden" (déchirer la terre). Tous les mots ayant la racine Marck, Marcq, Merck, comme Marquette, Marcq, Marck, Merck, Merckeghem, Marcoing, Marquion, Marquise, Marconne, Marconnelle, évoquent tous une idée de frontière, de terrain de délimitation, ce que le vieux français appellera "une marche".

 

L'influence française
L'influence française vint tard et il est parfois difficile de savoir si tel nom de localité vient du mot français ou de la racine qui a servi a le former. Cependant, certains exemples sont lndiscutables. Nœux, Noyelles. Nielles, viennent du roman noe, nove, noue, qui veut dire nier. La terminaison de Beaumetz, Mametz, Jolimetz, Galametz, Aubrometz, Odomez, vient d’un mot de vieux français qui veut dire ferme : metz, mex, mas. Les noms des localités proviennent souvent du nom de la paroisse. Nos pères avaient coutume d'édifier dans les campagnes des chapelles en I’honneur des saints. S'il arrivait qu'une agglomération se forme autour de la chapelle, la localité prenait le nom du saint. Ainsi Saint-Omer, Saint-André, etc. Il arriva souvent que le nom du saint, initialement en latin, fût par la suite francisé. La Madeleine s'écrivit longtemps "La Magdelaine". Mais souvent le nom des habitants dérive directement du nom latin initial On dit les Audomarois, les Quercitains, etc.

 

En ces temps anciens, on n'attachait pas tant d'importance à l'homme. Il ne serait jamais venu à l'idée de personne d'appeler une localité Léopoldville. Et puis les villes ne sortaient pas de terre comme des champignons. La coutume et les traditions présidaient seules à ces sortes de baptêmes.

 

article de presse régionale publié en 1938

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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