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dessin de Daniel Dave (1891)

 

 

 

La région de Bergues a perdu deux moulins. Le moulin de M. Benoit Bottein. à Hoymille, près de la Maison Blanche, a été abattu. Celui de M. Debreyne, à Warhem, non loin de Bergues, également, mais dans le canton d'Hondschoote a cessé d'exister.

 

Bref, la petite capitale agricole des Flandres ne comptera bientôt plus, dans sas alentours, qu'un seul et dernier moulin, celui de M. Carpentier, situé non loin du canal, à Hoymille. Evidemment, c'est triste et dommage pour nos paysages et bien plus encore pour leurs propriétaires dont il était le gagne-pain. Mais la chose était inéluctable.


LE MOULIN BOTTEIN


Le moulin de M. Benoit Bottein était âgé de 105 ans. Certaines de ses pièces étaient plus anciennes, le pivot, par exemple, avait été façonné en 1790. Ce moulin fut d'abord la propriété de M. François Collewet, cultivateur. En 1906, M. Pierre Bottein l'acquit. Le père de M. Benoit Bottein mourut en 1918 , et en 1919, ce dernier en devenait propriétaire.
Des dessins de MM. Dezitter et Terbin fixèrent pour la postérité la silhouette de ce moulin, aujourd'hui disparu. Quelques Jours avant la guerre, deux touristes qu'on a soupçonné être des espions allemands rodant la région, photographièrent le moulin avec M. Pierre Bottein et lui offrirent une épreuve, maintenant bien jaunie par les temps mais conservée comme un précieux souvenir familial.


Deux Jours avant le 1er janvier 1936 , l'entrebut, ou pièce de fer reliant les ailes au pivot central, se brisa. Ce fut l'accident fatal, le moulin qui tournait Jour et nuit quand il y avait du vent, pour faire toutes sortes de moutures, s'arrêta pour toujours. Des charpentiers consultés indiquèrent un prix. Il fallait compter 15.000 frs de réparations environ. M. Benoit Bottein, homme courageux s'il en est, mais de modeste condition, ne les avait pas... De plus, l’électricité et les machines font, on le sait, dans les fermes elles-mêmes, une très dure concurrence aux meuniers qui ont de moins en moins de travail.

— J'avais peur pour le bois des ailes, nous dit M. Bottein. Ce fut le bois qui cassa.
Au dire des charpentiers, les pièces de chêne de mon moulin, extrêmement robustes, étaient bonnes pour 300 ans encore ! Bref, le vendredi 2 Juillet, après 5 Jours de travail. M. Bottein et un de ses amis avalent fini d'abattre le moulin de la Maison Blanche. Ah ! il l'aimait bien, son moulin. M. Bottein. Et le voici qui va et vient dans sa cour, palpant les pivots de bois des ailes, l'escalier de pitchpin et les merles Un problème est né pour le brave homme : il a un lopin de terre mais il n'est pas assez grand et ne rapporte pas assez pour faire vivre sa famille. Que faire ? En attendant, les restes de son moulin ont été dispersés aux enchères, par le ministère de Me Serlooten, de Bergues.


LE MOULIN DEBREYNE


Pour le moulin de M. Paul Debreyne, à Warhem, près de la place, c'est la même histoire. Il y a trois semaines environ, l'entrebut , en bois ici, cassa et une aile tomba à terre. Devant les frais considérables à engager, il y avait lieu d'hésiter. L’abatage fut décidé et on vint chercher chez M. Bottein le matériel nécessaire pour l'opération : poulies, crics, câbles dont un long de 110 mètres. Artisan modeste et courageux. M. Paul Debreyne devait, lui aussi, gagner sa vie. Son moulin étant désormais condamné à disparaître. il se fit marchand de charbons. Ses concitoyens, qui l'aimaient bien, devinrent aussitôt ses clients et lui donnèrent ainsi, dans l'adversité, une preuve de leur estime, estime à laquelle il avait droit.

 

article de 1937

 

 

 

 

 

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dessin humoristique publié en 1937

 

 

 

 

 

 

 

 

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