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Voyage photographique au fond d’une mine.
article publié en 1902
Nous recevons des mines d’Aniche une série de clichés photographiques extraordinairement réussis. C’est la vie du mineur prises sur le vif. Ces photographies des entrailles de la terre sont les premières de ce genre qui aient été tentées, et elles ont présenté d’assez grandes difficultés d’exécution. En effet, ce n’est pas sans peine que notre correspondant a pu se faire descendre, avec ses appareils, jusqu’aux galeries en exploitation.
Voici d’abord une caisse de dynamite que, à cause du danger d’explosion, l’on abrite en lieu sûr, dans des chambres bien sèches, et le plus loin possible des chantiers et des points d’attaque. La délivrance des cartouches se fait contre un bon signé du porion-chef, de l’ingénieur ou du gérant. L’ouvrier accroupi — attitude qu’il prend fréquemment — vérifie à la lueur de la lampe placée au-dessus de sa tête si le nombre de cartouches contenu dans la caisse concorde avec celui spécifié sur le bon. Dans la seconde gravure, nous voyons l’ouvrier qui, après avoir fait une excavation et puisé le charbon, est suivi d’un boiseur qui, au moyen de courtes poutres, empêche les matières de s’ébouler et d’entraîner les parois avec elles. La troisième gravure représente les mineurs extrayant le charbon, pendant que la galerie est fermée et boisée par une équipe dont on voit un des ouvriers au premier plan.
Dans la suivante, ce sont des mineurs qui percent une galerie; ils creusent des trous pour y déposer des cartouches de dynamite destinées à faire sauter ce quartier de roc. La voie amène jusqu’à eux du minerai, mélange de houille et de schiste houillier. Ce filon, ou veine, semble d’une extraordinaire étendue, puisque ces hommes peuvent y travailler debout. Le grisou redoutable ne doit pas y exister, les travailleurs portent des lampes à feu. découvert sur leur chapeau de cuir bouilli.
Nous voici maintenant arrivés au débouché d’une galerie secondaire dans une galerie principale. Un ouvrier fait, au moyen d’un levier, passer, sur les rails, la berline de la voie secondaire à la voie principale. Le hercheur, au fond, s’apprête à la pousser jusqu’au puits, où il en recevra une autre, vide.
Toutes ces galeries sont étayées de troncs de jeunes arbres. Si on ne prenait cette précaution, une galerie où un homme peut se tenir debout ne livrerait plus passage, au bout de quelque temps, même à une souris. En effet, quand la houille a été enlevée, l’énorme masse de terre qui la dominait agit de tout son poids pour combler le vide intérieur produit par l’extraction. On y remédie en boisant les galeries, c’est-à-dire en établissant sur les quatre côtés des poutrelles solides ajustées en forme de trapèze pour qu’elles présentent une résistance plus forte.
Malgré la force de résistance de ces poutres, la poussée du terrain est quelquefois si considérable que les bois plient, et se courbent, de sorte que les galeries se rétrécissent au point qu’on n’y peut plus passer qu’en rampant. Cependant, c’est le chemin que les mineurs doivent suivre pour gagner leur chantier. Il est donc de toute nécessité qu’on entretienne soigneusement cette partie de la mine. C’est le sujet de notre dernière gravure qui nous montre le curieux travail des boisages, raccommodages, remblayages, etc. Aussitôt l’équipe des mineurs remontée, descendent les ouvriers affectés spécialement aux réparations. Ils se répandent de côté et d’autre, par petits groupes ou seuls, selon que leur qu’on n’y peut plus passer qu’en rampant. Cependant, c’est le chemin que les mineurs doivent suivre pour gagner leur chantier. Il est donc de toute nécessité qu’on entretienne soigneusement cette partie de la mine.
C’est le sujet de notre dernière gravure qui nous montre le curieux travail des boisages, raccommodages, remblayages, etc. Aussitôt l’équipe des mineurs remontée, descendent les ouvriers affectés spécialement aux réparations. Ils se répandent de côté et d’autre, par petits groupes ou seuls, selon que leur présence est nécessaire. Le choix et l’opportunité de ce qu’ils ont à faire sont laissés à leur jugement individuel autant qu’à leur habileté.
Cette mine, dont nos photographies donnent une idée si saisissante et si exacte, les mineurs l’aiment, comme le marin aime la mer. Malgré les dangers de toute sorte qui les menacent, l’habitude, l’entraînement, l’atavisme peut-être, créent un charme à cette existence étrange. Le mineur, tout étonnant que cela paraisse, est gai, travaille avec entrain, avec joie... Il chante à l’ouvrage, interpelle ses voisins, échange volontiers, avec eux, des lazzi et des réflexions comiques...
Quant à la solidarité qui unit tous les ouvriers d’une mine est extraordinaire et touchante. Elle se manifeste, en face du péril, d’une manière qui fait honneur à l’humanité en général et à la corporation en particulier. C’est vraiment un des beaux côtés de ce métier, si rude malgré tout le courage qu’y déploient ceux qui l’entreprennent.
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