EN COURS DE REALISATION

MERICOURT FOSSE IV : STE BARBE SOURIRA DESORMAIS AUX MINEURS

Depuis des mois on parlait de l'événement au coeur du pays noir. Pour la première fois dans l'histoire du Nord et du Pas de Calais, une statue de Ste Barbe allait être descendue dans la mine.

Des semaines durant la gracieuse sculpture avait été portée de paroisse en paroisse et... en ce 18 décembre 1955, à Méricourt-Village, les cloches appellent à toute volée les fidèles de la communauté franco-polonaise. Le ciel est gris, la terre grasse colle aux fameux pavés du Nord. Par instant un crachin glacial trouble le décor triste des corons. Et la foule accourt, dense. Au dialecte "dech'nord" se mêle la voix gutturale des Polonais. Dans le choeur de l'église , les projecteurs font éclater les couleurs vives des tentures. Les drapeaux des Associations chrétiennes ou musicales encadrent l'autel où deux hommes du fond, un Français et un Polonais, vont servir la messe.

Sainte Barbe, en chêne vernis de 80 centimètres environ, se dresse entourée de fleurs et de lampes anciennes. On imagine qu'un des 50 hommes du fond, aujourd'hui en tenue dans la nef, a trouvé sur un chantier un magnifique cœur de chêne... Mais qui a eu l'idée d'en faire une statue ? Un boveteur, un traceur, un porion, un abatteur, un ouvrier du jour, un technicien ? On n'a pu le dire. Mais des hommes ont cherché un sculpteur et Mlle Lamotte de l'Ecole des beaux-arts de Paris, s'est chargée de la création.
Une messe a été célébrée par M. L'abbé Dukiel, aumônier polonais, à l'intention de toutes les victimes de la mine. A l'Evangile, c'est le fils de l'une d'elles, M. le chanoine Carrière monta en chaire. Après une bénédiction de la statue par M. L'abbé Caron, curé de Méricourt, la foule en procession rejoignit en silence la Fosse du Maroc, ou fosse IV.
La statue fut mise en place dans une niche, œuvre d'un mineur, à l'intersection de deux galeries. Sainte Barbe protégera ces hommes braves...

Le Pèlerin - 1er janvier 1956