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D'après un article de M. Frémaux paru en 1910 : La Vie au pays Noir. On y découvre le travail laborieux des mineurs.

 

3 heures du matin : les corons s’éveillent, les lumières des maisons s’allument. La ménagère empressée prépare le café pendant que l’homme s’habille et s’apprête au départ. La bistouille (1) absorbée, la mallette garnie d’un appétissant briquet (2), le mineur, un bidon rempli au côté, quitte sa maisonnette et s’enfonce dans la nuit.

 

Les groupes se forment peu à peu et convergent vers la fosse. On entend le halètement des machines en marche, et un grand bruit de poulies et de courroies emplit le carreau du puits (3). Autour de l’édifice béant dont un léger garde- fou protège les abords, les mineurs se pressent et s’agitent. Un mécanicien commande les gigantesques tambours où s’enroulent les câbles puissants… Brusquement la cage surgit de l’abime, et sur ses deux plateformes superposées quarante ouvriers prennent place. Serrés les uns contre les autres, accroupis ou debout, ils portent à la ceinture la lampe touchée à la lampisterie et sont coiffés de la barette de cuir (4) où l’astiquette (5) met comme une cocarde…

Un sifflement aigu et la cage plonge dans le vide… A l’étage indiqué (soit à une profondeur de 150 à 500 mètres), la cage s’immobilise. Elle est à l’accrochage. Une barrière s’ouvre et les mineurs se dirigent dans le galerie de travers-bancs (6). Le mineur est maintenant dans son domaine. A travers les galeries boisées, il se rend à sa taille (7).

 

A 5 heures, le travail commence et pendant que les porions (8) contrôlent leurs équipes, les coups de pics et des rivelaines (9) se font entendre. Les équipes comprennent de trois à cinq ouvriers dont un chargeur qui a pour mission de remplir les berlines qu’un rouleur poussera jusqu’au travers-bancs. Les autres, nus jusqu’à la ceinture, - il fait si chaud à 300 m sous terre – abattent le charbon de la veine (10). Quand les blocs de houille sont trop épais ou trop durs, il faut employer l’explosif qui sera posé dans le trou de mine préparé à cet effet. On fait appel au boute-feu, seul autorisé à bourrer et à faire exploser les mines. Toutes les voies de fond (11)sont réunies par des plans inclinés qui suivent les méandres des veines et permettent l’exploitation raisonnée.

 

A 9 heures, le travail est suspendu. Pendant une demi-heure les  mineurs font briquet (12) et dégustent de bon appétit les provisions de leurs mallettes et le contenu de leurs bidons.

 

A 9 heures ½, le travail reprend pour se continuer jusqu’à 1 heure ½. Alors l’équipe du matin a terminé sa tâche et fait place à l’équipe du soir dont la besogne consiste à préparer les voies et à effectuer le remblayage. Les berlines chargées de houille ont été munies d’une plaque de cuivre portant le numéro de l’équipe qui les a remplies. Au jour (13), le pointeau a noté la chose, et le charbon est désormais entre les mains des ouvriers de jour.


La remonte est aussi rapide que la descente et en une demi-heure tout le personnel est remonté. Le visage noir, les mains enfoncées dans les poches, le cou garanti par un épais cache-nez, le mineur regagne sa demeure. Dans sa maisonnette bien chauffée où la ménagère lui a préparé un "tub" (14) rudimentaire, l’ouvrier procède à sa toilette et se restaure à l’aise.

 

Puis, devenant, menuisier, cordonnier et, le plus souvent, jardinier, il continue de déployer au grand jour, toutes ses qualités natives d’activité et de courage.
Au moment de la Sainte-Barbe (15), dans les quinze jours qui précédent cette fête, les volontaires font longue-coupe, et d’eux-mêmes s’imposent un travail double. Ce surplus d’argent leur permet de fêter dignement leur patronne ou d’acquérir quelque objet longtemps convoité.

 

 

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Allez, je vous aide un peu...

 

1 - café additionné d'eau de vie, de genièvre, de rhum...

2 - casse-croute

3 - ensemble des bâtiments miniers

4 - barette de cuir bouilli pour se protéger la tête

5 - lampe avait un petit réservoir et une mèche mais aussi une sorte de clou qui était enfoncé dans la barette de cuir afin de maintenir cet éclairage (voir la photo de droite)

6 - galerie de roulage horizontale

8 - contremaitres

9 - pic plat à deux pointes et à long manche

10 - couche de charbon

11 - galeries

12 - prennet leur pause "casse-croute"

13 - en surface, sur le carreau de la mine

14 - repas

15 - fêtée le 4 décembre

 

 

 

Le boisage - une voie de fond - visite des travaux - le plan incliné

 

 

 

Le briquet et le bidon pour la pause.

 

 

La journée terminée, c'est la toilette du mineur par sa femme.
(on remarquera le café toujours à température, sur le poêle à charbon et l'ancien mineur qui fume la pipe)

 

 

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Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait. Ils arrivaient, la lampe à la main, attendant par petits groupes... Sans un bruit, d'un jaillissement doux de bête nocturne, la cage de fer montait du noir, se calait sur les verrous, avec ses deux étages contenant chacun quatre berlines pleines de charbon. Des moulineurs, aux différents paliers, sortaient les berlines, les remplaçaient par d'autres vides. Les mineurs s'entassaient dans la cage... Un ordre bref partait du porte-voix, pendant qu'on tirait quatre fois la corde du signal d'en bas, pour prévenir de ce chargement de chair humaine. Puis, la cage plongeait silencieuse, tombait comme une pierre, ne laissait derrière que la fuite vibrante du câble.


Emile Zola - Germinal

 

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Les Mineurs, tableau de Lucien Jonas (1880-1947) : Ramasseuses de gailletin, Monte et Descente, Buveuses de café au coron.

 

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Depuis logtemps, les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais sont contraints à in chômage partiel qui les éprouve de plus en plus, aussi ont-ils organisé

une "marche" sur Paris, manifestation pacifique, mais tout de même significative de l'époque pénible où nous vivons. Le Pèlerin - décembre 1933

 

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un "Coron" à Lens en 1913

 

 

 

foire commerciale lens 1937

 

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