JUILLET 1830

 

Il s’agit du Café de Foi qui a ouvert ses portes, Place Rihour, en juillet 1830. Ce café voyait affluer dans ses salles les étrangers. Les représentants de commerce formaient l’importante et remuante majorité des clients et parmi eux se trouvaient de nombreux habitués.
A ce sujet, une anecdote est souvent citée. Un représentant de commerce dit un soir au garçon : Tiens, Joseph, garde ma pipe et mon tabac. Je ne fais que passer par Bordeaux, Lyon, Grenoble, et je reviens…
De même, une vieille coutume nous a également été rapportée. Quand un client connu présentait au moment de son départ une pièce de cinq francs pour régler ses consommations, on lui répondait : Ce n’est pas la peine de changer, à votre retour, monsieur….

 

A cette époque, ce café était un véritable musée, les murs  étaient couverts de cadres en acajou renfermant des dessins, des aquarelles, des portraits, des caricatures, des gravures, et certains rapprochements entre ces tableaux suscitaient des réflexions amusantes, des quolibets qui faisaient la joie de la clientèle.  
Une des salles les plus fréquentées, était la pièce réservée au billard. Au premier étage du café, on assistait journellement à des luttes homériques les champions de la bille. Les parties de billard se prolongeaient parfois tard dans la soirée et, à la porte du café, on voyait un cheval qui s’endormait un pied sur le trottoir. Il repartait le soir à jeun, mais dans le cabriolet qu’il trainait, se trouvait souvent le vainqueur du jour.

 

Outre le billard et les parties de cartes, on trouvait également une petite Bourse qui fonctionnait après la grande. Plus d’une caisse d’indigo, un chargement de bois de campêche,  un ordre de sucre, changeaient de propriétaire dans un coin du café, les représentants discutant autour d’absinthes ou de "demi-tasses".

 

Fait important, on mangeait très bien au Café de Foi. La réputation culinaire de cet établissement était grande, et qui pourrait citer le chiffre de bifteaks, de filets piqués et marinés qui y furent vendus ?

Mais 1830 rappelle les fameuses ordonnances de Charles X et aussi la Révolution. Ici vient se placer un fait historique : c’est en juillet 1830, qu’à Lille, du balcon du Café de Foi, la première bouteille de Louvain contre ces ordonnances fût lancée. Cette manifestation contribua à faire éclater la révolution dans les murs de la capitale de la Flandre.

 

JUILLET 1930

 

Cent ans ont passé. Tout se transforme, mais certaines traditions se maintiennent. Et c’est ainsi que la majorité de la clientèle du café est encore formée de représentants et négociants. Le mercredi, la Bourse aux Chevaux connait dans cet établissement une grande activité. Si le billard a disparu, si une partie des tableaux, lithos et gravures s’est envolée vers d’autre cieux, on peut encore y admirer des sculptures datant de 1830. Café dont les murs intérieurs sont d’une blancheur immaculée, dont l’éclairage est parfait, le Café de Foi est très connu des Lillois qui s’y rendent toujours en grand nombre.

 

M. Jean Huon, le tenancier actuel, à l’occasion de ce centième anniversaire, a organisé pour aujourd’hui samedi 12 juillet à 13 heures, une réception à laquelle ont été conviées les autorités lilloises et où on évoquera les souvenirs de l’ancien temps.

 

UN ANNIVERSAIRE FETE DANS L’INTIMITE

Les nombreux amis de M. Huon lui ont fait parvenir de superbes gerbes de fleurs. A 13 heures, eut lieu une réception intime. On y remarquait la présence de MM. Mercier, des Amis de Lille ; Baumelou, Deret, commissaires de police à Lille ; Albayes, commissaire spécial ; Leroy, conseiller municipal ; Jean Ciblé, président des Auvergnats du Nord ; Monbourguet, vice-président des Anciens Marins du Nord ; Romain Dengles, des Mines de Bruay ; Raymond Fosse, président des Sociétés de Bruay ; Decraene, secrétaire de l’Olympique Lillois, représentant M. Jorris, empêché, ; Chavatte, directeur des brasseries Gouvion et Cie, ainsi que de nombreux amis.
Au cours de cette réception, les discours furent remplacés par des chansons de l’ancien temps et un vivat flamand fut chanté en l’honneur de M. Jean Huon et en celui des cent années du Café de Foi.

 

 

De nos jours, un café se trouve toujours place Rihour, sous le nom de Café de Foy !