Les Savonneries LEVER d'Haubourdin fêtent le centenaire de leur fondateur : William H. LEVER

 

Les voyageurs qui empruntent la ligne Lille-Béthune ne sont pas sans remarquer, à la sortie de La gare d’Haubourdin, les immenses bâtiment. des Savonneries Lever.

En l’an 1911 il n’y avait là qu'un marécage alimenté par les eaux de la Deûle qui se prélassait dans ces bas-fonds. M. William H. Lever, premier vicomte Leverhulme, s'en vint à Haubourdin pour y installer la première usine française ds Savonneries Lee.

 

Le 29 octobre 1911 on posait la première pierre et le 11 juin 1913. M Trépont, alors préfet du Nord, présidait l'inauguration de l'Usine Lever.

 

Un réalisateur social

Le fondateur des Savonneries Lever, fils d’un commerçant du Lancashire, fut le promoteur de réalisations sociales (révolutionnaires pour cette époque). Aussi, aujourd'hui peut-on le considérer comme un véritable précurseur.

En effet, déjà en 1911, la conception toute moderne dos bâtiments et de l’équipement ainsi que les méthodes de production plaçaient les Savonneries Lever à l’avant-garde du progrès.

 

1851 - 1951

Le samedi 17 novembre 1951, l’usine d'Haubourdin fêtait le centenaire de la naissance de son fondateur : William H. Lever. Les trois couleurs de France flottaient sur le haut de l'usine quand vers 11 heures les voitures officielles pénétraient dans la vaste cour.

Dans un magnifique salon, Lord et Lady Leverhulme, Mme et M. Sankey, président-directeur général des Savonneries Lever et les cadres de l'usine d Haubourdin recevaient les invités.

Il y avait là : MM. Lecarbon, directeur du Cabinet du Préfet, A W. Wllloughby, consul de Grande-Bretagne, Thellier, maire d’Haubourdin et de nombreux conseillers municipaux, ainsi que des représentants de la presse lilloise.

 

Un Livre d’Or

Dans le fond du salon, un bar est installé, garni de superbes fleurs. Sous le comptoir sont placés les divers produits qui ont fait la réputation mondiale de la firme Lever : Sunlight, La Girafe, Lux, Persil, et des échantillons des matières premières qui composent ces produits (soude caustique, huile de coprah blanche, suif blanchi, huile d’arachide et de palme et... du sel).

Sur une petite table, un livre d’or portant sur sa page de garde : "ouvert à l'occasion du centenaire de la naissance de lord Leverhulme, fondateur de l’usine d'Haubourdin". Toutes les personnalités y apposeront leur signature.

 

Un banquet de 620 couverts

Après un apéritif d’honneur Lady Leverhulme coupe le ruban tricolore qui barre l'entrée de la salle où doit se tenir le banquet. Les portes s’ouvrent et aux applaudissements des ouvriers et ouvrières de la savonnerie qui garnissent la salle, les invités prennent place. Les allocutions sont prononcées avant le repas et M. Le Carbont, représentant M. Lanquetin, Préfet du Nord, va remettre des décorations.

25 membres du personnel reçoivent des distinctions :

La Médaille du Travail pour 40 ans de service à M. Télesphore Brangean. Celle du trentenaire à Mmes Louise Boutry et Heine Cailliau, Mlle Mireille Duhem et M. Henri Vienne ; et des médailles et diplomes d'honneur des industries Chimiques â : Mmes Maria Boury et Léonie Briche et à MM. Raymond Draux, André Fouant, Léandre Salilomez, Louis Vendercruyssen, Camille Capoen, Henri Maille, Anatole Vangermez, Emile Cousin, Paul Frévin, Jules Dumoulin, Alexandre Bonduau, Narcisse Waymel, Robert Demailly, Adolphe Duflot, Eugène Durietz, Robert Dunquesne, Désiré Catteau et Eugène Coussin.

 

Les discours

Lord Leverhulme prend le Premier la parole et remercie les personnalités. Il relate l'extraordinaire carrière du premier Lord Leverhulme, William Hesketh Lever qui, dit-il "édifia un empire sur lequel le soleil ne se couche Jamais... et il l’édifia sur du savon".

Le secret de la réussite du fondateur de l'usine d’Haubourdin réside dans son travail acharné, son esprit d’organisation et son goût pour les innovations.

M. Sankey, président-directeur général, lui succède et met à l’honneur les Anciens de chez Lever et tous ceux (suivant son expression) "qui ont pris conscince qu'ils étaient des hommes au sens noble du mot et non pas de simples machines".

Et il redit les trois phrases du fondateur qui résumaient bien ses conceptions économiques et sociales : "On ne peut accroître la richesse qu'en accroissant la production. On ne peut accroître la production que grâce à une consommation accrue et le moyen de faire pour que les gens consomment davantage, c’est de leur donner plus de loisirs".

Après que le président du banquet ait souhaité "bon appétit" et en s’excusant de son accent... anglais, un pick-up joua le chant régional "Le P’tit Quinquin".

Le menu était des plus soignés, la chair était délectable et les vins capiteux. Sitôt le consommé pris, une joyeuse ambiance régna dans l'immense vaisseau qui sert de réfectoire j aux ouvriers de l'usine.

Le service fut Impeccable. Quant les haut-parleurs lançaient des airs de marches militaires, les joyeux convives scandaient le rythme avec leurs couteaux sur les assiettes ou les verres.

De temps à autre, un décoré (on les avait placés à l'honneur, en face de la grande table où se trouvaient Je.s personnalités) quittait sa place et se faisait congratuler par ses collègues.

C est par "Auprès rie ma blonde" et "La Marche américaine" de Souza que se termina ce banquet qui restera dans le souvenir de tous ceux qui eurent le bonheur d'y assister.

 

Deux beaux slogans

Les dirigeants s'en furent et saluérent une dernière fois leurs invités dans le salon de réception.

Et l'on voyait, brillamment éclairés par de puissants projecteurs ces deux slogans, écrits en relief sur l'une des parois : "Si une entreprise n'est pas profitable pour tous, elle est destructive pour tous" et "La prospérité de mon voisin aide â la mienne et vice versa".

Profondes pensées tout à l'honneur du "Rot du Savon" qui, déjà en 1905 avait institué un système de congés payés ainsi qu un fonds de retraite dans ses usines de Port-Sunlight.

 

article publié en novembre 1951