MERCREDI 29 MAI 1985

Elles ont tué, à 40 reprises elles ont transformé ce qui devait être une fête de la vie en rendez-vous avec la mort. Les hordes sauvages venues d'Angleterre ont provoqué, mercredi soir à Bruxelles, une tragédie dépassant tout ce qu'on avait pu voir jusqu'ici autour d'un terrain de football.
Tout avait commencé une heure avant le coup d'envoi, dans la tribune ouest du stade du Heysel, qui accueillait la finale de la Coupe d'Europe des champions entre Liverpool et Juventus. Quelques centaines d'écervelés britanniques, pris de boisson et totalement irresponsables, avaient cru bon de s'attaquer aux supporters italiens sur les gradins contigus. Quelques charges des Anglais suffisaient à semer la panique. Les spectateurs tentaient alors de s'échapper par les sorties, mais surtout côté terrain, où ils se heurtaient à des grillages surmontés de fil de fer barbelé. Sous la pression de la foule, les spectateurs du bas étaient alors écrasés et certains eurent même la gorge tranchée par les barbelés. La police belge, dépassée, avait beaucoup trop tardé à intervenir.

Le mal était déjà fait. Il fallait alors de résigner à la terrible vérité: 40 morts, le plus souvent avec une écharpe de la Juventus dépassant du drap les recouvrant. Ils ne verraient plus jamais un match de football. Et ce mercredi devait être une fête...

La finale fut néanmoins jouée :

L'équipe italienne a remporté la Coupe d'Europe des champions en battant Liverpool grâce à un but de Platini, sur penalty, à la 58 éme minute. M. André Daina, d'Eclépens, qui dirigeait cette finale, a pris une décision lourde de sens juste avant l'heure de jeu, lorsqu'il a accordé un "onze" mètres pour une faute d'un défenseur britannique sur Boniek, commise en dehors des 16 mètres.

extraits d'un quotidien suisse du 30 mai 1985