Accueilli en gare de Lille par de très nombreuses personnalités dont nous nous excusons de ne pouvoir citer les noms, M. Antoine Pinay, président du Conseil, accompagné de M. Louvel, ministre du Commerce, s'est rendu à pied à la Chambre de Commerce, où la 1ère Région Economique lui réserva une réception solennelle.

Les 14 présidents des chambres de commerce, avec S. E. le Cardinal Liénart ; MM. Lanquetin. préfet du Nord ; Gaifie, maire de Lille ; Goudaert, président de la 1ère Région Economique ; les généraux Duminy et Bezanger ; toutes les personnalités politiques, industrielles, commerciales et toutes les autorités des deux départements se pressaient dans le grand hall d'honneur pavoisé.

M. Goudaert, président de la 1ère Région Economique, remercia le président du Conseil d’étre venu à Lille et souligna que certains doctrinaires n'étaient pas convaincus de la nécessité de l’épargne, mais qu'il était sage, faute de résultats plus tangibles, d'en revenir aux assises mêmes de la tradition française. M. Goudaert ajouta que l’effort réalisé dans notre pays en faveur des travailleurs ne devait pas être compromis par le chômage du fait de la concurrence de pays moins soucieux du bien-être de ses masses laborieuses. Puis il conclut : "Nous comptons que le pays politique vous permettra de réédifier notre économie sur des fondations solides, afin, grâce à l’augmentation de la productivité et à l’abaissement des prix qui en sera la conséquence, d'augmenter le bien-être des travailleurs qui doit être, tous comptes faits, notre idéal commun".

M. Pinay remercia dans une brève allocution, de l’accueil qui lui était réservé. "La préoccupation du gouvernement, poursuivit-il, est sans doute d’opérer le relèvement économique de la France, mais aussi d’opérer son redressement moral. Dans ce domaine, nous n’ignorons pas les saines traditions de la région du Nord. Nous n’ignorons pas non plus que les initiatives sociales jugées d’abord les plus audacieuses sont nées, pour la plupart, dans cette région industrielle. A ce propos, il est indispensable de faire un effort maximum afin d’apporter les plus larges satisfactions aux aspirations légitimes des masses laborieuses et de donner à la France la paix sociale si nécessaire".

En conclusion, M. Pinay déclara : "Il faut que le gouvernement soit aidé dans sa tâche par l’adhésion du pays tout entier". M. Roger Duchet, ministre des P. T. T., arrivé par la route, vint rejoindre le président du Conseil à la Chambre de Commerce. Un cortège se forma alors pour gagner le monument aux Morts de la place Rihour, où M. Pinay déposa une gerbe.

Du monument aux Morts à l’Hôtel de Ville, le cortège se déroula par les rues populaires du centre, au milieu d’une foule nombreuse qui, toutes classes sociales réunies, ne ménagea pas ses vivats au chef du gouvernement. La chaleur de l'accueil fait par la population lilloise à M. Antoine Pinay contraste, de l’avis de tous les observateurs, avec les traditions de réserve de la Flandre française. A l'Hôtel de Ville, le président du Conseil fut salué par M. Gaifie qui félicita M. Antoine Pinay d'avoir entrepris courageusement le sauvetage de la monnaie et d'avoir obtenu un incontestable succès dans la lutte pour la stabilisation des prix. "Vous avez institué la politique de l’expérience. Puisse-t-elle ne pas se heurter aux combinaisons des partis".

Le maire de Lille montra alors la nécessité de hâter la reconstruction et exprima le regret que la large décentralisation administrative prévue par la Constitution soit restée lettre morte. Répondant à l’allocution du maire, M. Antoine Pinay, maire lui-même, se montra chaud partisan des libertés communales, mais, précisa-t-il, "trop souvent les municipalités font appel à l'aide, au concours, aux subventions de l’Etat, et il en résulte pour elles une perte d’indépendance. Nous devrions faire appel davantage aux ressources propres de nos communes plutôt qu'à l'aide trop facile de l'Etat. Pour l’Etat aussi, poursuivit M. Pinay, il n'est rien de plus redoutable que la politique de facilités. Nous avons voulu démontrer qu'une politique qui conduirait à l'inflation continue était une politique de facilités entraînant une hausse croissante du prix de revient et du coût de la vie. Nous réussirons, dit encore le président du Conseil, dans la mesure où nous serons aidés, soutenus, où les gens comprendront que des sacrifices sont nécessaires. Il ne suffit pas de nous encourager, il faut que l'effort indispensable de solidarité soit compris de tous. S'il l'est, je suis convaincu que nous serons bientôt émerveillés des résultats"...

Ce monstre pacifique, dont la carène satisfait aux lois de laérodynamique, mais dont les proportions défient les doctrines de la carrosaerie. c'est le plus grand camion du monde.

En le faisant construire, en trois mois — un délai record — la Société ASTRA a réalisé

là une véritable performance. Deux remorques, chacune attachée à un tracteur 200 chevaux, totalisant 44 mètres de long, pour un poids de 40 tonnes, telles sont les caractéristiques de ce géant de la route, dont chaque déplacement mobilise gendarmerie motocycliste et voiturettes d'escorte. Mais le plus étonnant de ce véhicule, c'est la facilité avec laquelle, en deux minutes, en pressant un simple bouton, on triple sa largeur, le transformant ainsi en un stand élégant : salle-exposition, salle de démonstration culinaire et de projection cinématographique, où 100 personnes sont assises confortablement. Nombreuses sont les ménagères qui chaque jour, à la Foire de Lille, peuvent témoigner de l’accueil agféable qui leur est, réservé à bord du stand routier géant ASTRA.