LA XIXe FOIRE COMMERCIALE - MAINTENIR FERME UNE RÉPUTATION MONDIALE

par M. Edouard BOUCHERY, Commissaire Général de la Foire de Lille (1949)

Il est peu de gens qui pourront se rendre compte de l’effort considérable accompli, surtout depuis la Libération, par le Comité de la Foire de Lille, pour sa reconstruction, ainsi que pour le maintien de sa situation.

On sait que parmi toutes les Foires internationales Françaises, celle de Lille, seule, fut complétement détruite. Les rares halls, tels que l'Hippodrome, que les bombardements n’avaient pas saccagés, furent incendiés au départ des Allemands. Et le premier "V 1" qui tomba à Lille, fut encore pour le Grand Palais de notre Foire, où il creusa une profonde excavation.

Il fallait à tout prix maintenir la réputation de notre Foire à l’égard et à l'égal de ses "grandes sœurs", Paris, Lyon, Marseille, etc., et pour cela, pas d’argent !... seulement des promesses de la Reconstruction ! et nos concitoyens sinistrés connaissent mieux que quiconque les "largesses" de cet organisme. Quant aux matériaux, toujours extrêmement rares, leurs prix avaient atteint des coefficients astronomiques par rapport à ceux d'avant-guerre.

Dès 1945, le Comité de la Foire demanda aide au Ministre de la Production Industrielle, à l’époque M. Lacoste, qui promit de mettre à notre disposition un certain nombre de baraquements abandonnés par les Allemands.

Une étude fut faite, mais c'est par millions que se chiffrait le montant des salaires et du transport, pour démonter ces baraquements et les remonter sur les terrains alors envisagés, c’est-à-dire sur l'ancienne Esplanade. Le Comité de la Foire de Lille ne put réunir les capitaux nécessaires peur pareille entreprise et dut abandonner ce projet. Mais il ne capitula pas. En juin 1946, allant de l'avant, le Comité de la Foire de Lille faisait construire sur les anciens terrains, à cette heure complètement déblayés, un certain nombre de "baraques" assez plaisantes du reste, et, quoique pas complètement étanches, assez bien appropriées à leur objet. La Foire de Lille, c’était un fait, renaissait de ses cendres.

Ceci fit que les résultats obtenus retinrent l'attention des Pouvoirs publics, surtout du Ministère de la Reconstruction. Et l'année suivante, en 1947, le hall B était reconstitué et deux autres grands halls étaient reconstruits en dur.

A côté de cette évolution constructive, sans cesse accrue, de la Foire de Lille, le succès, lui aussi, suivait cette marche ascendante, puisque pas moins de 2.400 exposants participèrent à cette Foire de 1947.

Pour notre manifestation commerciale de 1948, le Ministère de la Reconstruction ne put accroître la surface des installations. Aussi le Comité de la Foire de Lille, s'attacha-t-il à parachever l'étanchéités des divers halls et leur agencement intérieur, afin que les différentes sections puissent réaliser dans un cadre esthétique des présentations soignées et artistiques. Cette Foire 1948 fut encore un succès, puisque c'est par milliers que de tous les coins de France et de nos régions, en particulier, les visiteurs affluèrent pour admirer toutes les choses que, cette année-là, plus de 3.000 exposants, chiffre record, leur montraient.

Mais là ne s'est pas arrêté notre effort. Le Comité de la Foire de Lille, fier de sa devise "Toujours plus grand, plus vaste et plus beau !" a, cette année encore, pour sa XIX™ Foire Commerciale, réalisé des choses admirables ; de nouveaux halls en dur ont été construits, des aménagements magnifiques ont été réalisés, dont certains, et tout particulièrement au Grand Palais, une décoration artistique et florale du plus charmant effet à côté d'une organisation parfaite, feront de cette Foire 1949 la plus belle réalisée jusqu'ici.

Tout ceci prouve que le Comité de la Foire n'a pas failli à ses devoirs pour "Maintenir ferme à travers l’univers la réputation de la Foire Commerciale et Internationale de Lille.

1925-1949 LA FOIRE DE LILLE A 24 ANS

L'une des des plus importantes manifestations économiques, commerciales et publicitaires de France, la Foire Commerciale et Internationale de Lille ouvrira ses portes pour la dix-neuvième fois aujourd’hui même. Dans une région à la fois agricole et industrielle comme le Nord de la France — région qui s’est toujours placée en tête de la production nationale — Lille, capitale des Flandres et centre commercial d'une agglomération de plus de six millions de consommateurs, se devait de créer cette grande organisation.

La première Foire Commerciale vit le jour le 10 avril 1925, sur les terre-pleins du Boulevard des Ecoles. Ce n’était, alors, à vrai dire, qu’une expérience. Le succès fut des plus encourageants : elle avait réuni environ 400 exposants. On se mit alors à rechercher un terrain plus vaste. Et c'est ainsi qu’un an plus tard sur le terrain de la Citadelle de Lille, appelé également "Champ de Mars" s’ouvrait la deuxième Foire de Lille, avec ses 2.017 exposants

En 1927, la troisième Foire de Lille fut inaugurée par M. le Président de la République, qui y déclara notamment : "C’est pour rendre le monde entier témoin de l’effort admirable accompli dans votre région que vous avez voulu mettre sur pied cette grande Foire, tout à la fois nationale et internationale".

Les années suivantes marquèrent un tel succès que le Comité d’organisation à la tête duquel se trouvait M. Delepoulle, décida la construction définitive de halls, où prendraient place très confortablement les exposants, dont le nombre ne cessait de croître.

Cette initiative fut encouragée par le Maire de Lille M. Roger Salengro et le Comité résolut de faire de la Foire Commerciale, une manifestation égale à celles de Lyon ou de Leipzig.

En 1930, le démantèlement des terrains militaires, entre la Porte de Valenciennes et la Porte Louis XIV, laissa libre un vaste espace où devait bientôt s’élever le Grand Palais, immense hall de 15.000 m2, sans aucun piller intérieur.

L’inauguration de la Foire dans son nouveau domaine se fit en 1933. Jusqu’en 1938, les succès les plus continus établirent et confirmèrent sa renommée.

La guerre devait tout détruire et réduire à néant dix ans d’efforts. Les Allemands avaient entreposé du matériel de guerre dans le Grand Palais. Les bombardiers anglais s'en occupèrent.

Quelque temps avant la Libération, un "V 1" devait achever de raser toute une grosse moitié du merveilleux bâtiment : il n’en restait plus ou’un trou gigantesque, jonché de ferrailles et de pierres. Foire la plus sinistrée de France, la Foire de Lille dont les dommages s’élevaient à plus de 300 millions de francs, devait être l’une des premières à renaître. L’écrasante tâche fut menée à bien par le Comité actuel, sous l'active direction de M. Edouard Bouchery, Commissaire Général.

En 1946. le manque de capitaux ne permit aucune entreprise sérieuse... Qu’importe ! On monte des tentes, et sous le frêle abri des toiles claquant au vent, la Foire malgré tout est ressuscitée...

En 1947, on parvient à construire deux halls nouveaux et à aménager parfaitement le "Petit Palais".

Enfin pour la Foire 1948, et malgré d’énormes difficultés, on reconstruit une partie du Grand Palais : c’est celui que nous voyons aujourd’hui, si majestueux encore.

L’an prochain sera une année jubilaire pour la Foire Commerciale et Internationale de Lille.

Le Grand Palais, propriété de la ville, redeviendra ce qu’il était avant-guerre, l’Administration Municipale ayant voté un crédit de 100 millions, pour qu’il soit entièrement reconstruit.

N’anticipons pas. Cet après- midi la XIX* Foire Commerciale et Internationale de Lille ouvrira ses portes et nous sommes bien certains qu’elle remportera le plus éclatant et le plus réconfortant succès.

publié le samedi 18 juin 1949