Comment des Français du Nord de la France sont involontairement la cause de la guerre linguistique qui vient d'éclater entre la Belgique "côtière" et "celle de l'intérieur"
 

Par-delà Bray-Dunes et Ghyvelde. à la frontière Franco-Belge, déborde en Flandre française un conflit assez curieux qui met aux prises certains milieux Belges, conflit dont les gens du Nord de la France ne peuvent se désintéresser du fait qu'ils y Jouent un rôle indéniable. Il n'est pas besoin d'un long exposé pour expliquer l'affaire en question. Elle est, somme toute, assez simple et peut se résumer ainsi : En Belgique il y a des personnes qui parlent le français, d'autres le flamand, d'autres qui sont bilingues et parlent le français et le flamand. Selon un "mot" qui a une consécration presque officielle, "flamingantisme", devrait se traduire par "amour exagéré du flamand". Autrement dit, il est des amours qui sont parfaitement insupportables...

Enfin, en Belgique, il y a également la clientèle française, véritable mine d'or pour les indigènes du pays, à certaines époques de l'année. Bref on a beau être Belge et même Belge aimant le flamand, on n'en est pas moins intéressé par la manne touristique envoyée par le pays d'à-côté. Cette manne, il faut la conserver, même au prix de uelques sacrifices. C'est pourquoi on assiste, en ce moment, à une sorte "d'insurrection" générale tout le long du littoral belge et la bordure maritime se dresse tout entière contre la contrainte des lois de flamandisation intégrale. Le bourgmestre d'Ostende réclame haut et ferme le régime bilingue légal pour toute la côte. Il prétend également obtenir pour ce secteur des délégués spéciaux pour le représenter à la Commission nationale linguistique et ne pas voir sa région aux mains des délégués de la Flandre Occidentale. Le grand argument du premier magistrat d'Ostende, qui parait ici interpréter le sentiment de tous ses collègues du littoral, est que cette partie de la Belgique est fréquentée par un nombre considérable d'estivants qui ne connaissent pas un traître mot de flamand.

Bruxelles, Enghien soutiennent Ostende, et les frontières linguistiques de la Belgique entament de part et d'autre leurs partisans. Bref, ce sont bel et bien des Flamands qui s'insurgent contre.. des lois flamingantes. Mais, du mot "flamingant", nous venons de donner une définition, qui n'est d'ailleurs pas de notre cru. Edmond Picard, ce Flamand-Belge, fin psychologue, dirait sans doute à ce sujet : "Dans toute cette histoire, il faut le middelmatisme, c'est-à-dire "le juste milieu".

Les excès ne nourrissent ni les hommes, ni les nations. Ils les tuent. C'est ce que doit penser M. Moreaux, bourgmestre d’Ostende, Flamand cent pour cent, ennemi de la flamandisation totale… et homme de bon sens. Dans un pays flamand, seul le bon sens peut triompher et, appuyé sur des revendications matérielles, il parait vraiment bien armé !  

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cet article de presse régionale (Nord de la France) date de 1937  

COUPS DE POING POUR UNE LANGUE
Les récentes manifestations de Bruxelles, qui mirent aux prises Wallons et Flamands ne furent pas que pure forme comme on peut s'en rendre compte ci-dessous...

publication dans un quotidien - novembre 1965