ACCUEIL | LE NORD ET UN PEU DE BELGIQUE | LES CARILLONS DE BELGIQUE (ORIGINES) |
Le texte suivant a été publié en 1931.
ORIGINE DES CARILLONS
Tous les historiens s'accordent à dire que les carillons doivent leur origine aux horloges des tours. Celles-ci furent introduites dans les provinces belges dans le dernier tiers du xive siècle. Pour prévenir le peuple que l'heure allait sonner, un homme, souvent le sacristain, frappait, au moyen de deux marteaux de bois, des clochettes. Elles étaient quatre souvent et placées dans une des fenêtres de la tour.
Ces clochettes s'appelaient "appeaulx" en Flandre française. On disait "batteler les appeaulx", ou, parfois, "quatrillonner", c'est-à-dire frapper sur quatre cloches.
C'est, évidemment, de ce mot que vient le terme actuel "carillon". Cette sonnerie primitive se continue durant tout le xve siècle, encore que certains prétendent que l'église Saint-Nicolas de Bruxelles possédait, en 1381, un carillon qui, au moyen d'un tambour, d'un contrepoids et de quelques roues, jouait quelque air de musique avant que l'heure ou la demie sonnât.
Mais, d'après des documents plus sûrs, il faudra attendre le XVIe siècle pour voir apparaître les premiers carillons, et encore seront-ils assez primitifs. En 1501, cependant, Audenarde joue des motifs du Veni Sancte Spiritus et du verset Peccatores. Ath, Louvain, Alost, Tournai ont leurs jeux: "appeaulx". Ils comprennent six ou huit cloches. On en augmente peu à peu le nombre, elles sont une vingtaine enfin, et c'est déjà un carillon.
Devant cet instrument, les joueurs d'appeaulx s'efforcent de montrer leur virtuosité. Ils sont, souvent, sans éducation musicale, mais, comme dit le peuple, ont l'oreille bonne. Ils jouent quelque chanson populaire, parfois laissent errer leurs marteaux au gré de leur inspiration. L'introduction de la machine va remplacer l'homme, tout au moins pour la sonnerie horaire. Les horlogers des tours imaginèrent un cylindre ou petit tambour piqué de taquets. Ceux-ci, disposés aux endroits convenables, actionnaient les marteaux frappant les cloches. Ce sont ces tambours, évidemment plus perfectionnés, qui existent encore maintenant pour la sonnerie automatique de l'heure.
Ce n'est, qu'en 1510 qu'on trouve mention du premier clavier. C'est Audenarde qui le possède. Le carillonneur a abandonné ses marteaux de bois. Des carillons à clavier furent installés à Anvers en 1541, à Gand en 1553, à Malines en 1556.
Mais c'est cette dernière ville qui, en 1583, possède le premier clavier à pédales. Celles-ci étaient nécessaires pour frapper les grosses cloches lorsqu'elles firent partie du carillon.
Peu de modifications furent introduites dans la suite dans le jeu de l'instrument. Il y eut différents projets, notamment d'un certain Lovaerts de Gand, qui, en 1858, avait inventé un clavier pneumatique. Le carillonneur n'avait plus qu'un simple clavier de piano, la force motrice étant l'air comprimé. Le procédé nouveau se révéla peu efficace et fut abandonné. Signalons enfin que le maître Jef Denijn de Malines introduisit divers perfectionnements dans le mécanisme du carillon. Ils rendent le jeu plus souple et permettent ainsi une musique moins heurtée. Quand on prononce le mot "carillon", un nom vient immédiatement à l'esprit : Malines. Cela est moins dû à l'excellence du carillon de Saint-Rombaut qu'au rôle essentiel joué dans la renaissance du carillon par un artiste universellement connu, Jef Denijn.
Directeur de l'École de Carillon de Malines, créée à la suite du congrès qui se tint en cette ville en 1922, il forma de nombreux exécutants belges et étrangers. Il écrivit aussi plusieurs œuvres pour carillons. Son influence en Belgique et dans le monde entier fut énorme.
Extrait de LES CARILLONS DE BELGIQUE, par Luca Rizzardi
le Carillon de Malines (Mechelen)
Jef Denijn avec ses élèves au Carillon de Malines
Carillon de Malines - Mr. Kamiel Lefèvere, élève de Jef Denijn
ACCUEIL | LE NORD ET UN PEU DE BELGIQUE | LES CARILLONS DE BELGIQUE (ORIGINES) |
bachybouzouk.free.fr