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Dès le XIVe siècle, des édifices spécialement destinés au règlement des affaires commerciales sont érigés dans plusieurs villes de France ; ces constructions portent le nom de "bourses". Lille ne possédera la sienne qu’au XVIIe siècle.
Les commerçants lillois, fatigués de délibérer en plein vent, demandent à Philippe IV d’Espagne l’autorisation de construire, sur la place du Marché, le monument que nous voyons aujourd’hui. Le monarque, pour ne pas mécontenter ses amis flamands, ne fit pas attendre sa permission. Julien Destré, "maître des œuvres de la ville" de 1642 à 1677, élabore le plan de la Bourse de Lille dont il surveillera la construction (1651 à 1653), époque où le monument est terminé.
Disposition particulière et sans précédent, les maisons et boutiques dont la bourse doit être environnée et enclose, sont cédées à l’avance à de riches marchands chargés, dans un délai fixé, d’en assurer l’achèvement suivant le plan adopté. Après de longues années, la Bourse de Lille, dont la désaffectation est prochaine, reste le plus beau joyau de la Ville.
Etablie sur un parallélogramme, ce monument compte, sur ses quatre faces, ou plutôt "comptait" vingt-quatre maisons de marchands encastrant les constructions de la Bourse proprement dite. Au centre de ce parallélogramme, une cour, longue de 19 m. et large de 13 m. 60 est enclavée par quatre galeries couvertes, soutenues par vingt-quatre colonnes de pierre noire polie ; c’est là le lieu de réunion des commerçants. On y accède par quatre entrées voûtées en briques à nervures croisées et à arcs-doubleaux. Les galeries intérieures précitées sont surmontées d’un étage dont les fenêtres à meneaux, moulures et balustrades sont d’une grande richesse, s’harmonisant très bien avec la plinthe-frise ornée de guirlandes de fleurs soutenues par des têtes de léopards. Une corniche très ornementée domine le tout. Les quatre façades de la Bourse de Lille sont fort remarquables, tant par l’unité de conception que par la diversité de l’ornementation. Les rez-de-chaussée, occupés par des magasins, étaient, jusqu’à hauteur du premier étage, composés de grès en bossages et à refends rappelant vaguement l’appareillage des Palais de Florence. Les portes primitives étaient petites, à l’inverse des fenêtres très larges et très hautes, surmontées de tympans à sujets sculptés et cela était nécessaire puisque ces ouvertures servaient à l’étalage des boutiquiers de jadis.
Hélas, des magasins modernes ont remplacé les anciennes boutiques et, au rez-de-chaussée, il ne reste plus que les portes monumentales donnant accès à la Bourse proprement dite. Ces portes sont à colonnes, cartouches, cornes d’abondance et écussons du roi. Les deux étages qui surmontent le rez-de-chaussée sont d’une richesse ornementale qui n’exclut pas l’harmonie parfaite de l’ensemble... Fenêtres à meneaux, moulures et volutes surmontées de frontons brisés avec cartouches, ces ouvertures sont séparées alternativement par des pilastres et des cariatides au nombre de trente-six. Les figures de ces cariatides représentent à n’en pas douter, tous les âges de la vie : enfants, jeunes gens, vieillards. Ici, homme ou femme, alertes et forts, couronnés de fleurs, de pampres, de raisins ; là, au contraire, déprimés et fatigués, supportant avec peine le poids d’une corniche trop pesante pour leur tête. Une seule de ces cariatides représente un personnage semi-historique : le roi Midas de Phrygie, celui dont Boileau dit : "Midas, le roi Midas, a des oreilles d’âne." La corniche de couronnement des façades extérieures, tout comme le reste de l’édifice, est d’une grande somptuosité décorative.
L’appareillage de toute la construction est en briques ; les sculptures sont en pierres blanches et bénéficient, comme telles, du repoussoir coloré fourni par les fonds de brique. La toiture de la Bourse est actuellement veuve de ces imposantes têtes de cheminées sobrement décorées, qui coupaient jadis la monotonie de ses lignes trop étendues. Un campanile cependant, sur la face de la Grand’ Place agrémente, avec les lucarnes surmontées de pignons en appentis, cette partie du faîtage.
Malgré toutes les attaques du temps, la Bourse de Lille reste un modèle de l’Architecture flamande du XVIIe siècle. Beaucoup plus inspirée de la Renaissance italienne que de l’art Espagnol, comme semblent le croire de nombreux écrivains, cette architecture est bien propre au Pays et on la retrouve à Bruxelles et surtout à Anvers, voire même dans quelques détails de la tour de Saint-Amand.
Diverses constructions de Lille élevées à la même époque que la Bourse ont adopté, dans leur décoration, des motifs empruntés à celle-ci. A citer notamment l’Hospice Comtesse et diverses maisons rue de Paris et rue Royale.
publié en 1913
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De nos jours ce monument est appelé "La Vieille Bourse"
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article publié en 1953 :
La Vieille Bourse, ce joyau de Lille que peu de Lillois connaissent bien, a tout juste 300 ans. Sa construction fut en effet achevée en octobre 1653. Pour un monument de cette importance, solide par surcroît, puisque trois siècles ne l'ont pas gravement endommagé, la construction avait été fort rapide. Ce n'est que le 7 juin 1651, que le roi d'Espagne Philippe IV accorde aux bourgeois de Lille, ses sujets, l'autorisation de construire un édifice où ils pourraient discuter de leurs affaires, à l'abri des intempéries. Il fallut ensuite trois mois à l'architecte Julien Destrée pour dresser des pians de l'immeuble, divisé, comme on le sait, en vingt-quatre boutiques dont les propriétaires devaient supporter les frais de construction en même temps que d'une partie correspondante du cloître et de la cour intérieure.
La Vieille Bourse fut donc édifiée en deux ans, tout juste.
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Statue de Napoléon 1er - illustration de 1892
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LILLE "REDORE" NAPOLEON
Chaque quartier, chaque rue de Lille prend un aspect nouveau avec l’approche de l’ouverture de l'Exposition Textile et des Fastes de Lille. En vue de l'Exposition Florale du 3 mai, on refait une beauté au patio de ia Vieille Bourse où des ouvriers sont occupés à redorer la couronne, les abeilles du manteau impérial et le baudrier du "Crand Empereur des Français"
. D’autre part, pour l’illumination du Beffroi de la Bourse du Commerce, d'énormes projecteurs (ci-dessous) ont été installés sur la place du Théâtre.
publié en avril 1951
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