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La Belgique devient un Etat fédéral.

 

Les députés ont adopté lundi* le projet de loi portant modification des institutions et les sénateurs devraient bientôt se prononcer dans le même sens. Déjà largement décentralisée, la Belgique n'avait pu jusqu'à présent surmonter ses querelles linguistiques. Les Fourons - ce bourg francophone rattaché contre son gré à la Flandre - ont offert jusqu'à la caricature l'exemple de cette hargne intercommunautaire. La réforme aujourd'hui soumise au Parlement ramènera-t-elle le calme dans les esprits ? En tout cas, elle va aussi loin que le permet le maintien d'un Etat belge.

 

Evoquant cette réforme dans son discours de fin d'année, le roi Baudouin s'était félicité de l'effort ainsi accompli pour parvenir à un consensus, sans pour autant se dissimuler les risques de l'entreprise. Et le souverain avait lancé une solennelle mise en garde à ceux qui pourraient céder à la tentation du séparatisme. Le danger d'une telle dérive existe incontestablement, d'autant que l'Europe communautaire doit dans les prochaines années dépouiller les Etats membres d'importantes prérogatives. Les propos que nous a tenus à ce sujet José Happart (voir ci-dessous) ne souffrent aucune ambiguïté, et il est bien certain que du côté flamand se manifeste le même désir de prendre ses distances avec l'Etat belge. Cela étant, la fédéralisation de la Belgique représente une tentative courageuse pour mettre un terme à un vieux conflit qui, de toute manière, affectait gravement le jeu des institutions. Seul l'usage permettra cle juger de la valeur de cette innovation.

 

Aux termes du projet de loi adopté par la Chambre des députés, les régions - Flandre, Wallonie et Bruxelles - et les communautés - flamande, francophone et germanophone - géreront 40% des fonds publics. Les régions seront notamment responsables de l'enseignement, des transports, des travaux publics et de la création d'emplois. Après une période transitoire de dix ans, les régions et communautés pourront en outre bénéficier des impôts collectés sur leur territoire. Un mécanisme de solidarité doit fonctionner d'ici là pour financer la restructuration industrielle de la Wallonie, plus pauvre que la Flandre et que la capitale, Bruxelles, qui devient également une région autonome. Outre le danger qu'elle fait courir à la cohésion du pays, la réforme n'est pas sans risque pour les régions, du moins pour la plus fragile d'entre elles, la Wallonie, qui, malgré le système de péréquation, pourrait se trouver contrainte à l'endettement. Contrairement à ce qu'assure Jean Happart, la Wallonie recevra en effet moins d'argent que jusqu'à présent, alors qu'elle devra beaucoup investir pour réussir sa reconversion industrielle.

 

On le voit, la fédéralisation ne constitue pas une panacée. Elle ne dispensera pas les Belges, et en particulier les Wallons qui misent sur la fuite en Europe, de fournir de nouveaux efforts pour assurer leur développement et établir des relations harmonieuses entre les communautés du Royaume.

 

Article de Guy C. Menusier publié dans un quotidien suisse (janvier 1989)

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* 9 janvier 1989 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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