Les Fêtes de Lille, prétexte à réjouissances

 

Les Fêtes de Lille ! 2 jours de réjouissances populaires qui rompent agréablement la monotonie des jours et des semaines... Les Lillois n’ont pas manqué de respecter la tradition — comme il se devait — et en groupes animés et joyeux, ils sont "descendus" dans la rue.

Le temps s'était montré clément. Ni chaleur étouffante, ni ciel pluvieux : température idéale. Rues pavoisées, des chansons dans l’air, de la bonne humeur et des prétextes à se divertir. Qui aurait pu résister à tant d’attraits ?...

Pour ceux qui, dès le clair matin du dimanche, s’étaient engouffrés dans la gare de Lille, pour aller chercher sur les plages le grand air salé et de la place pour s'ébattre, la question ne se posait pas... D’autres préférèrent flâner dans les allées et les stands de la Foire Commerciale où c'était, dimanche, la grande affluence. Admirant les derniers perfectionnements en matière de technique, ils contemplèrent, non sans envie, les merveilles d'ébénisterie, les appareils ménagers et les voitures "ultra-chic" qu’ils ne posséderont peut-être jamais...

Mais, pour la plupart, les Lillois se contentèrent de participer ou de s’esbaudir aux réjouissances organisées dans leur quartier. Ils ne se firent pas faute d’animer ces jeux populaires de leur entrain, de leurs rires et de leurs plaisanteries. Et le choix ne manquait certes pas... Qu’il suffise d’évoquer les fêtes des quartiers St-Maurice-Fives et de la rue Jules-Guesde, organisées par les Unions de Commerçants, et toute la gamme des jeux populaires : Jeux de bouchon, de beigneau, tir à l’arc, au bersault, jeu de boule ferrée, qui se déroulèrent sur les places et aux principaux carrefours.

 

Barberousse à l’honneur à Saint-Maurice-Fives

La rue Saint-Gabriel s’était transformée en une forêt de banderolles et de petits drapeaux. Chaque vitrine disparaissait sous les pavois ou la verdure... Et les rengaines populaires où Luis Mariano tenait le haut... du pick-up venaient battre les maisons du quartier comme les flots de la mer...

Le Comité du commerce et des fêtes de St-Maurice avait mis sur pied un important programme qui constituait ces festivités des 17, 18 et 19 juin. Déjà samedi soir, une retraite aux flambeaux, avec le char illuminé, escorté des enfants porteurs de torches et accompagné des pompiers de la Caserne Bouvines, avait annoncé aux habitants de Fives-St-Maurice le début des festivités.

Dimanche matin, sous l’œil vigilant du géant "Barberousse", le géant protecteur du quartier, le Comité des commerçants, accueillirent les membres de la municipalité et M. Parisis les remercia et dit sa joie de voir ainsi se renouer une tradition que la guerre avait interrompue. Toutes les bonnes volonté ont été mises à contribution et M. Parisis remercia chaleureusement tous ceux qui ont participé à l'élaboration de ees fêtes, pour leur esprit et de compréhension.

La chorale "Les Sans Soucis" donna alors une audition de chants patoisants qui réjouirent fort les auditeurs.

Durant l'après-midi, un cortège se forma, place Madeleine-Caulier avec le géant "Barberousse" monté sur 2 roues, le char de la Reine des Gueules Noires. Ce cortège, qui déroula ses anneaux dans les principales rues du quartier anima de façon fort pittoresque cette après-midi dominicale.

A 19 h. 30. avait lieu la première éliminatoire du concours de chant. Une dizaine d'artistes amateurs furent retenus pour disputer les demi-finales.

 

Les Lillois finalistes du Championnat de France de Volley-Ball

Dans l’organisation des fêtes et jeux, les sportifs n’avaient pas été oubliés. A 15 h., dans la caserne des Pompiers, rue de Bouvines, ils purent assister à un match de volley-ball entre le L.O.S.C. et l’A.S. Russe de Paris.

 

Les goujons ont fait grève au Grand Carré

Là, l’atmosphère semblait plus calme ! Dans la douce tiédeur de cette journée de juin, à l’ombre des arbres qui bordent le Grand Carré, les pêcheurs s’empoignèrent en une lutte toute pacifique pour enlever les prix du Concours de pêche organisé par le Syndicat des Pêcheurs à la ligne et riverains du Nord et du Pas-de-Calais. Tout incitait à l'assoupissement...

Et cependant, les pêcheurs résistèrent vaillamment à cet ennemi sournois. On ne peut pas en dire autant des bouchons qui somnolaient entre les lentilles d'eau. Ils somnolèrent tellement qu’ls s'endormirent... et les poissons aussi. Pas un goujon ne sortit de sa retraite profonde, et les pêcheurs s'en retournèrent marris et le panier vide...

Néanmoins le comité a décidé de répartir les prix en parts égales entre fous les concurrents. Douces consolation ! Tant pis pour les poissons récalcitrants.

 

Les réjouissances la rue Jules Guesde

La rue Jules-Guesde a eu elle aussi, sa part de réjouissances des fêtes de ville, dimanche et lundi. Et ceci, grâce à son comité des fêtes. Les manifestations débutèrent dès samedi à 20 h. 30, par une retraite promenade, avec le concours de la Musique des Anciens Combattants Prisonniers, sous la direction de M. Desquiens.

La journée de dimanche commença, vers 15 h..., par une course cycliste, terminée vers 17h. Les nombreux conccurents eurent à parcourir 100 km. de pavés, sur les rues du quartier, ce qui demanda au gagnant, M. Cuisinier, un effort de 2 h. 57 minutes. Suivaient Bracke, Sylvain, Maroten, Baron et Cambier dans le groupe des premiers arrivants.

De 17 heures à 19 heures prirent place plusieurs concerts exécutés, soit par l'Harmonie les Amis du Piouich de Marcq-en Barœul, sous la direction de M. Willem, soit par la clique municipale scolaire de Ronchin, sous la direction de M. Dagniau.

Il y eut à 19 h. face à l’école Ampère un grand concours de chanteur amateurs. Ce n'était d'ailleurs qu'une première éliminatoire, puisque les vainqueurs durent s'affronter à nouveau le lundi.

La deuxième journée s’ouvrit par une grande braderie qui remplit toute la matinée de 8 h. à 13 h. Dans l'après-midi plusieurs concerts maintinrent l’animation de la rue ; les uns étaient donnés par l’Union des Accordéonnistes Ronchinois, dirigés par M. Danneels, les autres par la Musique du Centre avec M. Desouter.

A 16 h. le 4ème grand prix de marche avec le concours de la section du LOSC permit à Delevoye (L.O.S.C.) de triompher de ses rivaux Libeyre (Lomme) et Lainé (Lens).

En catégorie juniors furent classés Eckout, Yenin et Destop, enfin, en catégorie cadets : Carré, Boutry, et Delbas.

A 21 h. un dernier bal dans toute la rue mit le point final de ces deux jours de liesse.

 

Au Jardin Vauban

Dimanche soir, alors que le soleil élait encore haut les promeneurs vinrent nombreux goûter la quiétude sous les frais ombrages du Jardin Vauban. Ils y eurent l'agréable plaisir d'entendre un magnifique concert - le premier de la saison - bien que le kiosque... "à musique" y soit installé depuis plusieurs mois. C'est l'Harmonie Policière de Charleroi qui eut le privilège d’inaugurer le podium. Durant plus d’une heure elle y donna un programme varié d œuvres musicales dont la belle et juste interprétation prouva une fois de plus la qualité artistique des harmonies d'Outre-Quiévrain.

 

Les Braderies

Les Braderies se multiplient comme à plaisir. On en comptait trois lundi matin : A St-Maurice-Fives, rue Jules-Guesde et rue de Paris.

Chacun s'en fut "brader" avec l'espoir d’y trouver la belle occasion ; chaque commerçant s'y installa en espérant y écouler ses marchandises. Et ainsi tout le monde y trouva son compte. Du monde, il y en eu certes et des acheteurs aussi ! Quant à dire que les occasions étaient formidables... ce serait s'avancer un peu...

Les cotonnades, les chemises, chemisettes, robes légères, shorts, slips, vêtements d’été foisonnaient ; on trouvait des stocks américains par tout à croire que les G. I. nous ont laissé à leur départ leur garde-robe complète.

Des lunettes de soleil, des sandalettes, maillots de bains annonçaient la période d’été... Mais ce qui a attiré les foules, ce sont encore les marchands d’occasion ceux qui savent "baratiner" et débiter leur monologue d’un bout à l’autre sans s arrêter : Un Normand — de Granville, précisons — vendait des racines de feu, sortes de tubercules qui produisent un effet radical, parait-il, sur les rhumatismes, lumbagos, arthrites et sciatiques. En trois heures il avait écoulé sa marchandise.

Des perruches, un singe, des souris blanches, attirèrent aussi un grand nombre de curieux. Les ustensiles de ménage s’enlevaient comme des petits pains — une façon de parler ! — seau hygiénique, seau de cuisine et bassin de toilette, tout émaillé, formaient un lot de 1.000 fr. Enfin, un marchand de noix de coco proposait sa marchandise en précisant que ce fruit donnait l’intelligence, blanchissait les dents et adoucissait le caractère... Il n’y eut pas mal d'amateurs... On ne peut mieux rechercher la perfection... ! Et l’avenir nous dira si le marchand avait raison.

 

Les joutes sur l’eau quai de la Haute Deûle

"In aime l'iau à Vauban", les Jouteurs Lillois, durant toute l'après-midi de lundi, ont barboté dans le bain parfumé du canal de Deûle. Et pourtant, à les voir ainsi se projeter mutuellement lors des assauts épiques entre bleus et rouges, on aurait dit que ce séjour leur plaisait. En tout cas, ils amusèrent beaucoup les quelques milliers de personnes massés sur les deux rives. On reconnaissait sur le podium. M. Hennebelle, adjoint au Maire et M. Henaux, conseiller municipal ainsi que MM. Dhinnin. président d’honneur ; Marcel Tranchant, président et Hetru, secrétaire. Avant les joutes, avec leur musique sous la direction de M. Rousseau. les jouteurs Lillois avaient défilé en ville et s’étaient copieusement gargarisés... avec une toute autre boisson que de l'eau, bien entendu !