ACCUEIL | LA MUSIQUE | NEIL YOUNG (1972)

 

 

 


 

 

 

Disque Reprise Records ‎– 14140

 

Heart Of Gold

Sugar Mountain

 

 

 

 

 

 

 

 

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article et photo à droite publiés en 1996 :

 

Est-ce d'avoir mis en musique "Dead Man", le western hébété de Jim Jarmusch? Toujours est-il que le Neil Young cuvée 1996 affiche une inspiration très indianiste. L'ours de l'Ontario a fait inscrire une citation de Sitting Bull au dos du T-shirt de la tournée: "Asseyons-nous. Mettons nos intelligences en commun et réfléchissons à l'avenir que nous pouvons bâtir pour nos enfants". En l'occurrence, la sentence relève moin sd'une sagesse intemporelle que de la mise en garde à l'intention de ceux qui ont la mémoire courte. Du ressac furieux de "Mirror Ball" ("Je suis l'océan, une gigantesque lame de fond"), Neil Young offre une réminiscence sur "Big Time", la chanson inaugurale de l'album:

"J'vais laisser la souffrance derrière moi / Laisser les crétins en colonnes / Vais prendre une rasade de potion magique / M'engouffrer dans un vieux corbillard / Gagner le pays de la crème solaire / Jusqu'au Golden Gate / Baigner mes pieds dans cet océan".

 

Fontaine de jouvence

Sur le grand pont rouge qui enjambe la baie, un frémissement dans l'eau attire son attention: "C'était une sorte de vague désorientée / dansante dans les éclats du soir/ Elle m'a fait vaguement signe pour que je la rejoigne".

Le grand plongeon, Neil Young le préfère dans la fontaine de jou-vence: "Je vis toujours le rêve que nous avions, mon heure n'est pas venue», chante celui qui trouve son équilibre dans la terre de ses racines. La première chanson du concert célèbre la patrie aux espaces étales, "un endroit où je peux marcher en solitaire et me laisser en plan". Pas innocente, la pirouette: Neil Young laisse entendre qu'il sera toujours là où on ne l'attend pas ("Je suis un peu ici / J e suis un peu là-bas / Je suis un peu dispersé", chante-t-il dans "Scattered").

 

Indifférent aux diktats du commerce

Il ne sera en tout cas pas au garde-à-vous devant les diktats du commerce. Sous le projecteur insistant des médias l'an passé, le Canadien avait choisi de s'effacer au profit de son public dans le clip de "Downtown". Il élève cette fois des haies touffues et épineuses autour de son dernier disque. La pochette est obscure, les trois premiers titres flirtent insolemment avec les neuf minutes (!). Jadis, Geffen avait viré le Canadien pour avoir produit "une musique non représentative"... Avec sa rondeur bonhomme, "Big Time" sonne comme ces chansons immédiatement habitables et familières. Sur scène comme sur disque, Crazy Horse offre à son leader le canevas minimal sur lequel il brode à plaisir avec sa guitare saturée. "Loose Change" et "Slip Away" s'égarent un peu dans des sous-bois obscurs et les bosquets de ronces, mais Neil Young n'a pas survécu à deux décennies de vagabondages musicaux pour se laisser piéger dans l'humus. Insolemment bouseux dans "Changing Highways", c'est un nasillard en veste à franges qui nargue le chroniqueur contraint de remballer ses adjectifs ronflants. Le bon tempo, Young le trouve avec "Scattered". Epargnée par les coups du sort qui ont voûté les épaules du bonhomme, la voix douce domestique les ronflements menaçants de la guitare. "ThisTown" est peut-être le titre le plus représentatif de "Broken Arrow". Apaisé, Neil Young s'y avoue surpris d'apparaître en icône rock de toute une jeune génération ("I don't think that I look like I Do").

 

En écho à Springsteen

Mais la perle de l'album, c'est "Music Arcade". Sur ce morceau qui rappelle le Bruce Springsteen de "Tom Joad", Neil Young joue des clichés attachés à l'Amérique du Nord. "Je me promenais le long de la grande rue / Pas sur le trottoir, sur la rue / Evitant le trafic, mes pieds volaient / Je me sentais bien". A cette euphorie un peu irréelle, le texte juxtapose le murmure du désespoir: "T'es-tu jamais senti perdu / T'es-tu jamais senti mis à nu / T'es-tu jamais senti tout seul / A la fin d'une journée? / Oui, je parle de sombrer dans la déprime". Rythmé par la guitare sèche, le texte a sur scène une présence impressionnante, comme d'ailleurs "Every Junkie Is Like A Setting Sun", cet ode que le Canadien n'a même pas besoin de dédier à son fils putatif Kurt Cobain. "Broken Arrow" se conclut par huit minutes "live" d'un titre écrit en 1959 par Jimmy Reed: "Baby What You Want Me To Do". Un blues graisseux, là encore marqué par l'effacement de l'ego, le retour aux sonorités primitives et fondatrices. Durant ses deux heures et demie de concert (!), le généreux Neil Young ne donnera pas le sentiment de faire autre chose, exhumant des classiques inoxydables comme "Cinnamon Girl", "Hey Hey My My", "Rockin' in A Free World".

 

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Neil Young (1945 - ) est un chanteur, musicien, auteur-compositeur canadien. Il fit partie de plusieurs groupes dont Buffalo Springfield, Crazy Horse et Crosby, Stills, Nash and Young avant une carrière solo.

 

 

 

 

Neil Young With Crazy Horse ‎– Broken Arrow (2 x LP -  Reprise Records ‎– 9362-46291-1 sorti en 1996)

 

Big Time

Loose Change

 

Slip Away

Changing Highways

Scattered (Let's Think About Livin')

 

This Town

Music Arcade

Baby What You Want Me To Do

 

Interstate

 

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