Disque SIRE ‎– W 9851

 

 

Vogue (Single Version)
Keep It Together (Single Remix)

 

 

 

Madonna (Madonna Louise Ciccone) est née le 16 août 1958.

 

Article d'Alexandre Chatton publié en mai 1990 à l'occasion de la sortie de l' album  I'm Breathless (Music From And Inspired By The Film Dick Tracy):

 

Un coup d'œil à la photo, tirée de la pochette du nouvel album de Madonna, "I'm breathless", et le doute n'est plus permis: Madonna se prend réellement pour Marilyn Monroe. Et le souvenir du clip de "Material Girl", hommage avouée de Louise Veronica Ciccone à Marilyn, de refaire immédiatement surface. A la première écoute du disque, l'impression de départ se confirme: Madonna, rompant totalement avec son style jusque-là habituel, semble désormais se complaire dans les chaloupements jazzy des années 30 à 40, période certes antérieure à l'avènement de Marilyn, mais dont les thèmes si chers aux comédies musicales hollywoodiennes bercèrent ensuite la gloire. On se dit alors que "Dick Tracy" (sortie fin mai aux Etats-Unis, juillet en Europe), le film de et avec Warren Beaty et Madonna, ne servira en fait qu'à assouvir le fantasme Monroe de la star. Devenir enfin la femme la plus adulée, la plus convoitée de la planète... Parce qu'enfin, et jamais Madonna ne s'en est cachée, son but ultime est de "régner sur le monde"!

 

Analyse vaguement idéaliste et un peu simpliste tout de même. Avis que semble partager "Billboard", la bible américaine du music-business, dont un plumitif vient d'écrire que "Madonna sait comment utiliser la controverse pour faire un dollar", jugement sévère, qui oublie qu'avec sa nouvelle orientation musicale, la jolie Louise prend le risque de lézarder sérieusement l'amour-passion que lui vouent des millions de jeunes pilliers de discothèques à travers le monde. Il faut dire que le plumitif qui a rendu ce verdict avait, auparavant, assisté au nouveau spectacle de Madonna ("Blond Ambition Tour", qui ne devrait toutefois pas écumer l'Europe avant l'été). Et là, il paraît que la prude Amérique est proche de la commotion cérébrale — une de plus.

 

Madonna, bientôt 31 ans, y simulerait une masturbation frénétique sur un lit de velours rouge aux sons (déjà limites) de "Like a Virgin". Elle porterait des costumes qui, s'ils sont griffés Jean-Paul Gaultier, n'est'sont pas moins troués en des endroits... euh... sensibles (il y en a trois devant et deux derrière, c'est tout ce qu'on sait, juré! ). Pire, elle serait plus qu'entreprenante avec l'un ou l'autre de ses neufs danseurs, aussi soumis que virils. En substance, un mélange de comédie musicale somptueuse à la Andrew Lloyd We-ber et de scènes torides réservées aux adultes pernicieusement câblés,selon le périodique.

 

Evidemment, dans un pays qui en est désormais à étiqueter et à interdire aux mineurs les disques contenant des propos jugés indécents, ça passe difficilement. Pensez, si les enfants voyaient "ça"! Vade rétro satanas! Déjà impie (voir le clip de "Like a Prayer»" et maintenant délurée... On entend déjà les ligues de vertu, auxquelles s'allieraient pour la circonstance les MLF locaux, refaire à Madonna le mauvais procès de l'image négative de la femme. Il y a deux ans, accusée de port d'appas trop affriolants, Louise Ciccone avait répondu ceci: "Dans les années 50, les femmes n'avaient pas honte de leur corps. Elles mettaient en valeur leur féminité et avaient confiance en elles. Aujourd'hui, les femmes qui veulent se faire respecter ont dû apprendre à se conduire comme des nommes et à gommer leur féminité. C'est pourquoi mon attitude sexy déplaît à ces dames..." Pas folle, la guêpe. Qui, d'ailleurs, a toujours eu de saines références féminines (Chrissie Hynde, Debbie Harry...).

 

"Little Nonny", du surnom dont l'avaient affublée ses parents, prête à tout pour attirer l'attention depuis l'enfance — elle avait 6 ans lorsque sa mère succomba à un cancer du sein mal soigné — n'en est pas moins la seule artiste à pouvoir se vanter d'avoir placé huit titres sur la première marche du podium outre-Atlantique. Dernier en date: "Vogue", chanson tirée de Il'm breathless" et unique morceau dance-music de l'album. Un disque qui n'est qu'une partie de la B.O. de "Dick Tracy", puisque le film en comptera trois en tout.

 

Marilyn Madonna, disions-nous plus haut. Peut-être. Sauf qu'à image d'une Paula Abdul, par exemple, Madonna est de la jeune volée de ces femmes qui dirigent leur destin de A à Z. Alors qu'on n'est même pas sûr que Marilyn ait contrôlé sa mort. Et qu'est-ce qui fait le plus rêver les éternels écoliers que nous sommes: le mystère du calcul ou le mystère de l'Histoire ?