ACCUEIL | LA MUSIQUE | FELIX LECLERC (1956)

 

 

 

 

 

 

Disque PHILIPS 432.108 BE

 

Moi, mes souliers
Hymne au printemps
Chanson du pharmacien
Le p’tit bonheur
Le bal
Bozo

 

 

article extrait d'un quotidien suisse (décembre 1968) :

 

F. Leclerc n'aime pas être considéré comme un « chansonnier ». Le fait est que la chanson ne représente qu'un des moyens d'expression de cet auteur aux multiples talents, qui passe aujourd'hui pour l'un des meilleurs poètes, conteurs et romanciers du Canada français.


Une présence indiscutablement... Bâti en force, large d'épaules, cheveux drus grisonnants, masque énergique d'un pionnier de la belle époque, doué d'une voix chaude, profonde et un peu sourde, F. Leclerc est vraiment l'homme de ses chansons. Rien de sophistiqué dans sa façon simple et directe de s'exprimer, dans ce dédain de l'effet bruyant et facile. Un accompagnement réduit au strict minimum : la guitare discrètement renforcée - mentionnons ici l'excellente prestation d’André Busu - par la guitare basse.


Quant aux chansons, elles se distinguent par leur .parfum de terroir très caractéristique. Soit qu'elles évoquent les longs hivers - Les soirs d’hiver, Ma mère chantait, Les travaux forestiers, MacPherson, ou La mer buveuse de lune, La Gaspésie, Le pauvre Bozo - soit qu'on y trouve ce climat poétique si typiquement canadien où la rude franchise se mêle à la naïve tendresse, à l'amour de la nature. Des paysages peuplés de bouleaux blancs, de grands oiseaux de mer, de blés mûrs. Surtout une expression très pure, à la fois touchante et nostalgique, de l'amour, qui ne laisse aucune place aux habituels sous-entendus. (Notre sentier, Je m'appellerais l'amour.) Parfois, le ton se fait plus mordant, comme dans la Danse la moins jolie - celle des  fusils, où l'on s'entretue sans comprendre - Et l'humour n’est pas étranger à Félix Leclerc, à en juger car ces jolies réussites : Do, ré, mi ; l'Héritage ; le Parapluie ou l'histoire tragi-comique du Pharmacien. Auteur de plus de cent chansons, F. Leclerc est essentiellement son propre interprète. Quelques rares exceptions : le funambulesque Pierrot de R. Devos et la belle adaptation du Petit Testament de Villon.


C'est sans doute à cet accent de vérité, de profonde humanité (et, si l'on peut dire, de santé), que Félix Leclerc doit un succès ininterrompu d'une quinzaine d'années. Toutefois, son récital (plus de trente chansons) m'a paru un peu long. D'abord parce que les mots nous parvenaient mal. Diction trop sourde de l'interprète, ou mauvais réglage des micros ?
Ensuite parce que l'art de Félix Leclerc, plus proche de la monotonie d'un Brassens que de la variété d'expression d'un Aznavour ou d'un Trénet, ne parvient pas toujours à se renouveler suffisamment. On retrouve un peu partout la même atmosphère, la même fragmentation du texte, en groupes de trois ou quatre syllabes, les mêmes courbes mélodiques, simples et fort expressives, mais conçues pour une voix à l'étendue et aux ressources dynamiques limitées. Mais n'est-ce pas là la rançon, quasi inévitable, d'un talent, d'un art très personnels ?

 

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Félix Leclerc (2 août 1914 - 8 août 1988) est un chanteur compositeur québécois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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