Saurai-je... si j'ai du talent ? On dit de lui... et que dit-on d'elle ? Que les deux meilleurs titres de ce disque sont des adaptations de chansons américaines, que Françoise a tort de s'obstiner d'écrire elle même ses chansons. Ce n'est en tout cas pas mon avis ! (Mais c'est peu-être le votre).

journal Tintin - octobre 1963

 

 

 

Disque VOGUE EPL.8111

Qui aime-il vraiment

Saurai-je

Bien longtemps

On dit de lui

 

 

 

Françoise Hardy est née à Paris le 17 janvier 1944.

 

 

 

 

 

FRANCOISE HARDY SERA LA VEDETTE 1963

L'an dernier, une jeune étudiante prenait sagement chaque jour le chemin de la Sorbonne; à la célèbre faculté des lettres de Paris, elle suivait des cours qui la préparaient à une licence d'allemand. Le soir, son travail terminé, Françoise Hardy  composait pour s'amuser des chansons qu'elle se chantait à elle-même. Un dimanche de février particulièrement pluvieux, elle composa un air un peu mélancolique. Le soir même, Tous les garçons et les filles était terminé. Françoise était contente: elle trouvait jolie sa dernière chanson mais jamais elle n'aurait cru que, grâce à elle, elle deviendrait huit mois plus tard une vedette.
Tout s'arrangea ensuite de façon déconcertante. Françoise, ses examens terminés, s'était inscrite au "Petit conservatoire de la chanson" de Mireille. Celle-ci, voyant le talent de sa nouvelle élève, la présenta presque aussitôt dans son émission de télévision. Très intimidée, serrant sa guitare pour se donner du courage, Françoise Hardy chante "Le Temps de l'Amour" devant huit millions de téléspectateurs : son premier public.
Cela était suffisant pour que le directeur artistique d'une grande maison de disques la remarque, vienne l'écouter et l'engage. A cette époque, le twist le plus frénétique était de rigueur : plus les chanteurs criaient fort des airs ultra-rapides, plus leur succès était grand. L'été commençait  et près de six cents groupes de twist engagés dans toute la France montraient le triomphe de la fougue et des déchaînements rythmiques.
Françoise Hardy était à l'opposé de cette frénésie. Dans ses chansons, la mélancolie, la gentillesse et la simplicité constituaient une oasis de calme; c'est pour cela qu'elle enregistra son premier disque : elle ne copiait pas les autres. C'est pour cela aussi qu'en quelques mois, la grande étudiante un peu dégingandée (elle mesure 1 m 72) est devenue vedette de la chanson.
Etudiante ou vedette, Françoise Hardy n'a pas changée : elle reste une jeune fille sage, gaie, un peu sentimentale et très sérieuse. Pourtant sa vie a brusquement changé : elle qui ne sortait jamais le soir doit le faire plus souvent pour chanter, ou écouter les autres; elle peut aussi faire des projets pour dépenser l'argent qu'elle va gagner. Son premier souci est de se constituer une jolie garde-robe. Ensuite elle s'achètera une voiture. Mais là encore, Françoise est à l'opposé des autres chanteurs de son âge. Elle ne veut pas entendre parler de voiture de sport ni de vitesse incroyable, son rêve est de posséder une Simca 1000 pour aller se promener avec sa mère. Deux autres choses enfin lui font très envie : un magnétophone pour travailler ses chansons et une... perruque de cheveux noirs.
Françoise, malgré tout, a un regret : elle n'ira plus jamais passer ses vacances en Allemagne comme elle le faisait chaque année pour apprendre l'allemand. Il faut joindre l'utile à l'agréable, explique-t-elle en riant. Elle retournera en Allemagne, mais comme chanteuse. Des adaptations allemandes on été faites de ses premières chansons. Elle les interprétera sur un disque.
C'est sous le signe du disque  que se déroule maintenant la vie de Françoise. Quand elle ne prépare pas les siens, elle écoute ceux des autres. Ses chanteurs préférés sont Elvis Presley (elle le place au dessus de tout), Cliff Richard, Brenda Lee et, du côté des français, Claude Nougaro. Le succès que remportent ses premières chansons, Tous les garçons et les filles, La fille avec toi, C'est à l'amour auquel je pense, a fait d'elle la révélation féminine 1962; celles qu'elle prépare feront de 1963 "l'année Françoise Hardy".

Mireille - L'intrépide n°380 (1963)