ACCUEIL | LA MUSIQUE | SERGE GAINSBOURG (1987)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Disque PHILIPS 834 034-1

 

1 You're Under Arrest

2 Five Easy Pisseuses

3 Baille Baille Samantha

4 Suck Baby Suck

5 Gloomy Sunday


1 Aux Enfants De La Chance

2 Shotgun

3 Glass Securit

4 Dispatch Box

5 Mon Légionnaire

 

 

 

 

 

bab's 1964

 

 

 

Le voyou Gainsbourg apparaît côté pile, côté face, en portrait d'identité judiciaire et, ô must, avec une balafre sur le nez et les empreintes digitales des cinq doigts de ses deux mains. Inculpation : "détournement de mineures". Chacun savourera le jeu de mots.

 

Good, very nice. L'anglophone Gainsbourg lorgne du côté des Géants. S'il a décidé de parler la même langue qu'eux, il s'est aussi associé les meilleurs musiciens anglo-saxons de l'heure : Billy Rush, Gary Georgett, Stan Harrison. Au total, dix chansons, dont trois seulement ont un titre français, parmi lesquelles un remake de "Mon légionnaire" qui fera sans doute moins scandale que la trop fameuse "Marseillaise" en reggae. Evidemment, c'est un Gainsbourg en pleine maturité qui signe ce nouvel album. Dans le ton de "Love on the beat", "You're under arrest" est encore plus funky. Toujours plus de rythmes, toujours plus d'effets musicaux. Toujours plus soft. Ne galvaudons pas le mot, mais il faut bien parler de perfection. "Je mourrai un dimanche où j'aurai trop souffert. Alors tu reviendras mais je serai parti" chante Gainsbourg, préfigurant sa propre mort. L'homme et ses obsessions: il se sait en sursis avec lavie. Mais fichtre! qu'il en savoure tous les instants! Gainsbourg peut être enpaix avec la postérité et rassuré: il a l'étemité devant lui, lui qui dit si joliment "l'éternité c'est long, surtout vers la fin".

 

Toujours dans "You're under arrest",Gainsbourg part en guerre contre les drogués, dans "Aux enfants de la chance", une superbe chanson où l'on retrouve les accents des premiers titres. Un parfum de "Poinçonneur des lilas", puisque Gainsbourg y chante vrai-ment: "Aux enfants de la chance, qui n'ont jamais connu les transes, chante-t-il, je dirai en substance, ne touchez pas à la poussière d'ange. (...) Ne commettez pas d'imprudences. Surtout n'ayez pas l'impudence de vous foutre en l'air avant l'heure dite..." La nouvelle baby doll de Gainsbourg s'appelle cette fois Samantha, après Melody Nelson. Mais ces pseudonymes trahissent à peine d'autres noms, réels ceux-là, qui ont bercé la vie de l'artiste : Charlotte, Bambou et surtout Jane. Car aujourd'hui encore, la rupture avec Jane Birkin se cicatrise mal et fait souffrir l'hyper-sensible Gainsbourg qui confesse, frimeur, avoir écrit entièrement ce nouvel album dans le Concorde qui le menait à New-York où "You're under arrest" a été enregistré. Vraiment superbe, ce nouvel album. A écouter jusqu'à l'overdose.

 

article publié en novembre 1987

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Vieille canaille !

Que n'a-t-on pas dit sur Gainsbourg? Qu'il était vulgaire et qu'il couchait avec sa fille, qu'il était sale et mal rasé, bref, qu'il n'avait franchement rien de bien recommandable et que ces chansons étaient des ramassis d'obscénités contraire à une prétendue moralité. Et le pire, c'est que Gainsbourg ne cesse d'étonner et de clouer le bec à ses détracteurs. Car comment, diable, s'attaquer à l'un des plus fameux auteurs-compositeurs interprètes de ce temps? Par des rumeurs et des "on dit". Car tout le monde sait que Gainsbourg n'est ni sale, ni vulgaire et qu'il n'a jamais couché avec sa petiteCharlotte, au grand dam des féministes qui voyaient déjà là une bonne occasion de faire de ce beau "macho" l'ânier de leur combat. Le pire, c'est que Gainsbourg ne répond pas, ne dément jamais. Au contraire, tout ce qui peut être dit sur sa personne lui paraît utilisable et il affectionne particulièrement de tricher avec de fausses cartes dans son jeu. Gainsbourg joue avec les critiques et avec la provocation. On l'accuse d'inceste, il réalise un vidéo-clip où il apparaît dans le même lit que sa fille. On le traite d'anti-français, il achète aux enchères le manuscrit original de "La Marseillaise" de la main même de Rouget de Lisle et prouve du même coup que la fameuse phrase incriminée, "aux armes etc", était bien de son auteur.

Ce que l 'on peut reprocher à Gainsbourg, c'est d 'être de son époque! A la fois doux, tendre, passionné, agressif, dur, et parfois faussement honnête. Il a compris, Gainsbourg, l'importance des médias et il est sans doute le seul, à ce jour, à s'être assuré une pub de l'équivalent de plusieurs millions en brûlant en direct un billet de 500 FF. Il a appris le look et compris le reste. On ne peut quel'aimer.

Arnaud Bédat (novembre 1987)

 

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Serge Gainsbourg, de son vrai nom Lucien Ginsburg (1928 - 1991)

 

 

verso de la pochette

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GAINSBOURG A SACREE SOIREE

 

Gainsbourg ? Lequel ? "Gainsbourg| c'est moi, Gainsbarre c'est le showman", répète volontiers Lucien Ginsburg, 60 ans cette année, auteur-compositeur-interprète de génie, cinéaste et peintre refoulé. Professeur en chaire de provocation, grand manipulateur des médias, distillateur de petites phrases, écorché vif, amoureux déçu, lequel de Ginsburg - Gainsbourg - Gainsbarre viendra ce soir à "Sacrée soirée" ?

 

Depuis le fameux tollé que suscita le "I want to fuck you" qu'il adressa à Whitney Houston, médusée, sur le plateau de "Champs Elysées", Gainsbourg ne manipule plus autant les médias. Non qu'il ait été interdit d'antenne, mais elle semble révolue cette époque où Gainsbarre amusait et divisait la France en brûlant 500 balles à "7 sur 7" ou en apparaissant complètement bourré dans le fameux tohu-bohu de "Droit de réponse" consacré à "Charlie Hebdo". Le touche-à-tout s'est assagi et balance moins de vannes. Depuis, peut-être, ce "Jeu de la vérité" mémorable chez Patrick Sabatier. Ce jour-là, SergeGainsbourg a peut-être compris que la vérité payait plus que le jeu. Et aujourd'hui, Gainsbarre ne dissimule plus qu'à demi-mots ses cruelles blessures et ses douleurs ancrées en pleine peau... Clé? "J'ai de la pudeur. Je ne peux pas dire "je t'aime", alors je dis "Je t'aime... moi non plus", dit-il mélancoliquement.

 

"J'avais une sale gueule, maintenant j 'ai une gueule", rugit parfois le vieux lion de la chanson française qui aime à citer Lichtenberg: "La laideur a ceci de supérieur à la beauté, elle dure..." Revanche du destin ? Il n'y a pas que la célébrité qui a mis dans le lit de Cainsbourg les plus belles "pointures" (Birkin, Bardot, Deneuve, Bambou, entre autres !) mais d'abord sa fragilité enfantine, son talent ou... son génie. Le génie ? "Non, j 'ai du talent, c'est tout, le génie, c'est quand on a crevé", réplique celui que la mort risque pourtant bien de tailler en monument.

 

Gainsbourg à "Sacrée soirée", voilà qui est inattendu ! Mais quelles surprises lui réservera Jean-Pierre Foucault, qui adore sourire de toutes ses dents lorsqu'il surprend ses invités ? Se risquera-t-il à inviter les deux enfants de l'artiste, nés d'un premier mariage, dont Gainsbourg ne parle jamais, invitera-t-il la sœur (jumelle) de l'homme à la tête de chou ou (ré)organisera-t-il de classiques retrouvailles avec Jane Birkin ? Ou trouverait-il plus original ?

 

mercredi 9 novembre 1988 sur TF1 à 20 h 40 

 

 

Gainsbourg et Jean-Pierre Foucault - son fils Lulu - présentation du "Compact Disc Video" single de Grainsbourg (laserdisc 12 cm)

 

 

 

 

 

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