ACCUEIL | LA MUSIQUE | LEO FERRE (1969)

 

 

 


 

 

 

Disque BARCLAY 61 032

 

C'est extra

La nuit

 

 

 

 

 

 

 

Ci-dessous, extrait d'un article paru dans un quotidien suisse (1971) :

 

Anarchie, anarchiste, anarchisme, pour définir Léo Ferré on a décliné ce terme à chaque cas, on a emballé le poète dans un drapeau noir, on l'a cloué à un parti, on l'a bombardé général dans un combat de rue, et lui rétorque : "Les gens ne savent pas ce que c'est, l'anarchie, et ce mot leur fait peur, car ils lui donnent un sens politique. S'ils savaient... L'anarchie, c'est la solitude, l'amour, le don...".


Et à chaque fois que vous lui parlerez de l'opinion des gens, il répondra que les gens se trompent, qu'il n'est pas ce qu'on le croit, qu'il n'est pas révolté, qu'il n'est pas contestataire, qu'il n'est pas amer. Il dira qu'il ne vit que pour l'amour, en refusant toute autorité, et qu'il est un chanteur. S'il s'insurge à longueur de chanson, ce n'est pas de propos délibéré, pour défendre ou gagner quelque chose, pour dénoncer ou attaquer. Il chante ce qu'il a vu, senti, et si son inspiration a le parfum de la poudre, c'est que la révolte grondait déjà en lui dans le ventre de sa mère comme elle coule aujourd'hui bouillonnante dans ses veines.


Aussi ne vit-il que sur la défensive, quand on veut faire de lui un monument, voir en lui un meneur de révolution. La révolution, il ne la fait pas, il la vit. Et si même il n'avait pas connu le gigantesque succès qui attire à ses récitals un public toujours plus nombreux et plus jeune, il chanterait encore, dans les cabarets, comme il l'a fait pendant tant d'années, pour une poignée de gens qui l'avaient entendu et brûlaient de l'entendre encore. Il écrivait des musiques, les habillait de mots, vivant sa vie de poète qui n'aime guère le travail, qui s'engage pourtant dans des entreprises gigantesques, tel cet "Oratorio" créé à Monaco seulement grâce à l'aide du Prince Rainier.


Il écrit des livres aussi, et lui qui était d'abord un musicien, un poète d'occasion pour pouvoir chanter ses mélodies, il donne de plus en plus une place prépondérante aux mots. Mots qui depuis le bouleversement (intime et populaire) de mai 68 sont devenus plus incisifs et plus amers, plus amoureux et moins pudiques. En devin inspiré, Léo Ferré a senti du chaos de la revendication monter une nouvelle sensibilité, il a touché juste, et depuis chaque nouveau public est plus jeune que le précédent.

 

 

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Léo Ferré (1916-1993)

 

Ce disque (un très beau slow, comme "Avec le temps" qui suivra) lui permet de "s'ouvrir" à un public jeune, alors qu'il a plus de cinquante ans.

 

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Commentaire paru pour annoncer un concert en Suisse (janvier 1986) :

 

De grands instants d'émotion. Ferré chante l'homme et sa déraison, ses passions, ses craintes, ses espoirs, sa solitude et ses joies. Il est le chanteur de toutes les générations et revendique le droit à la musique, à la poèsie, à la différence. Sans dieu ni maître. Ferré passe au-dessus des contingences.

 

 

 

 

 

 

 

 

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