Les cheveux courts et le regard toujours aussi clair, Dave vient de tourner une page très importante de sa déjà bri-lante carrière. A 38 ans, il a quitté samaison d'édition d'origine pour tenter une aventure totalement nouvelle avec une jeune équipe de compositeurs : Barbelivien et Detressan en tête:

— Je ne regrette absolument rien, dit-il, dans la mesure où c'est toujours très grisant de faire table rase et de recommencer en quelque sorte une autre histoire. J 'ai surtout besoin, comme toujours depuis que je fais ce métier, de me sentir bien dans ma peau et d'être moi-même. J 'ai eu aussi l'occasion de pouvoir travailler avec de nouvelles personnes qui m'ont permis de remodeler un peu mon image musicale qui — ces dernières années — était un peu figée.

Par souci de changement et par goût pour la nouveauté. Dave entame donc une seconde carrière. Carrière qui s'inscrit d'ailleurs totalement dans le sillage de la première et qui, depuis 1971, ne fut qu'une suite ininterrompue de succès (Sugar Baby love, Vanina, Mon cœur est malade, Du côté de chez Swann, etc.). Des millions dedisques vendus, des tours du monde qui n'en finissent plus et bien entendu des contacts multiples avec la scène. Une scène pour laquelle Dave nourrit autant de craintes que de joies:

— Il faut être lucide, c'est peut-être limitatif, mais cela enlève la folie totale, celle de la scène en particulier où il faut être totalement nu devant un public de voyeurs. Oui, la scène c'est vraiment du strip-tease... et sur ce point, j'ai encore quelques blocages.

Fort d 'une formule scènique assez efficace — E(nergie) = E(motion) +F(olie) + G(énérosité) + H(umour)— Dave nous offre un simple de très bonne qualité : Elle voulait refaire l'Amérique / Ce soir*. Comme on peut aisément le constater, Dave: cheveux courts, regard clair, ce sympathique Hollandais bon teint (qui a choisi la France comme seconde patrie) a su rester, malgré le succès et la fortune, un homme sincère et fidèle. Certes, le beatnik des années soixante qui découvrait la France et la Méditerranée au hasard de ses pérégrinations a laissé la place à un homme équilibré et averti. Cela ne l'empêche pas de garder ses amis d'hier et de rester fidèle à une certaine manière de vivre:

— Je me laisse vivre et je deviens de plus en plus artiste. Disons que je connais les vraies valeurs, le bonheur véritable, l'amour réciproque. D'aucuns me croient calculateur : ils se trompent ! Et si, comme dans les vieux films américains, on me faisait choisir entre l 'amour et ma carrière, je n'hésiterais pas une seconde : ce serait l 'amour! Ne vous étonnez pas alors de la discrétion volontaire de Dave lorsqu'il se consacre à sa vie privée. Et puis, s'il n'a pas la grosse tête, son cœur en revanche, a de la place pour beaucoup de sentiments. Ne va-t-il pas, chaque fois qu'il le peut, du côté d 'Amsterdam, rendre visite à sa mère. Là, loin des honneurs et du bruit, il se replonge dans une chaude et simple ambiance familiale, celle qui berça ses premières années. Entre un père professeur, une mère ballerine (qui lui fit aimer autant la danse que la musique), trois frères et une sœur, Dave prenait déjà conscience des vraies valeurs de lavie .Aujourd 'hui, il nous propose de le suivre, sur un nouveau chemin. Alors, faisons-lui confiance :

— Ma mutation artistique correspond à une évolution assez logique, explique-t-il. Le public est toujours influencé par les courants. Il aurait été suicidaire et imbécile de ma part, de ne pas entenir compte.

 

article publié en Suisse en 1984

 

* Elle voulait refaire l’Amérique (Pathé-Marconi / EMI 2C008 - 72683) en 1982

 

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Dave (1944- )