Disque PHILIPS 304.201 BF

 

Space Oddity

Wild Eyed Boy From Freecloud*

 

On remarquera sur la pochette que le titre de la Face 2 reprend se termine par "freedom" au lieu de "freecloud"

 

 

 

 

article de Lucien Rioux publié dans un quotidien suisse en 1987 lors d'une tournée passant en Suisse :

 

Serait-il devenu sage? Certes, pour un autre que lui, le spectacle qu'il promène actuellement à travers l'Europe semblerait démesuré, délirant, aux limites de la folie. On y voit des échafaudages gigantesques, des séances immenses, une araignée géante dont, minuscule, il sort lui-même, dans la combinaison de parachutiste ou de cosmonaute, il paraît presque sobre.

 

Mais David Bowie n'est pas un personnage courant. Toutes les outrances que notre quart de siècle a connues, il les a précédées et portées à l'extrême. A tel point que, dans l'univers anglo-saxon où les provocateurs abondent, ses émules apparaissent comme des enfants de chœur. Shakespearien, il était prédestiné à la tragédie: père alcoolique, mère veule, une bonne partie de la famille internée ou soignée pour troubles mentaux. Borgne également : une bagarre de rue lui fait perdre l'usage de l'œil droit. Adolescence terrifiante dont il ne se tire qu'en changeant de nom. Il était David Robert Jones, il devient Bowie, à cause du dangereux couteau qu'on nomme ainsi.

 

En 1967, un premier disque passe inaperçu. Il abandonne, découvre le Thibet en Ecosse, s'essaie au mime et au théâtre. Puis revient, avec une chanson inspirée par la conquête de la lune et un personnage extra-terrestre, vêtu de collants et chaussé de souliers bizarres, ziggy stardust.

 

Entre-temps, les cheveux longs, il a porté des vêtements féminins et commence à jouer de son ambiguïté, de son côté androgyne. Il scandalise le Royaume Uni, fonce aux USA proposer ses nouveaux fantasmes. Duc blanc à la chevelure plaquée, squelettique et drogué, il perd subitement toute raison, rêve de dictature qui remettrait de l'ordre en Occident, et gagne par sa démesure une immense faveur, auprès des Américains.

 

Berlin ensuite où il joue du maquillage et des plumes à la manière d'une meneuse de revue: le décadent dans toute sa splendeur. Mais aussi le précurseur des modes, l'introducteur de nouvelles musiques, le créateur de styles... un modèle pour le monde intellectuel auquel il offre les nombreuses facettes de son talent. Il redevient acteur. Excellent au cinéma dans "Furyo", au théâtre dans "Eléphant Man", à la télévision dans "Baal", il chante seul avec Mick Jagger. Il danse. Il retrouve, avec le calme — il vit en Suisse où il élève son fils de quinze ans — la complète panoplie de ses possibilités. Ce qui lui permet de revenir, de trouver les publics qui correspondent à sa mégalomanie: 70 000 personnes à la Courneuve près de Paris. Et de décevoir certains de ses fans: ils l'aimaient mieux plus fou. N'importe, il séduit plus que jamais. Des quadragénaires comme lui. Des adolescents. Et la petite Esther, bientôt huit ans, qui écoute tous les soirs sa dernière cassette et qui, d'accord avec Adjani et Gainsbourg, chanterait volontiers: "Beau, oui... comme Bowie".

DAVID BOWIE (1947 - 2016)

 

 

Il fut révélé en 1969 par son titre Space Oddity. Depuis il enchaina les succès et participa à de nombreux duos restés célèbres. Il est décédé d'un cancer le 10 janvier 2016. Deux jours plus tôt, il fêtait des 69 ans. Et il venait de sortir son 25ème album studio.

 

C'était un aritiste complet, chanteur, peintre et acteur. Très bon souvenir de son rôle dans le film Merry Christmas, Mr Lawrence (Furyo)