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article publié en mai 1990 : Antoine passe chez Sabatier avant de relarguer les amarres

 

Ingénieur-chanteur: ainsi se définit Antoine, l'ancien élève de Centrale qui s'était vu propulsé au sommet de la gloire dans les années 60 avec ses "Elucubrations" et qui est cette semaine la vedette de "Avis de recherche". Antoine avait 20 ans. Il avait lancé la mode des chemises à fleurs. Il a 46 ans aujourd'hui et continue à porter des liquettes tahitiennes ravageuses aux couleurs éclatantes. Mais Antoine, on le sait, ne s'est jamais laissé bouffer par le show business. Dès 1969, en vacances, il avait découvert les joies de la mer. En 1974, il décidait de prendre carrément le large. Sa passion pour les îles ("des endroits magiques et fragiles à la fois")remonte à sa petite enfance. Issu d'une famille originaire de la Corse, il est né dans cette autre île qu'est Madagascar. Tout petit, il a constamment bourlingué dans les territoires d'outre-mer au côté de son père, appelé à travailler ici ou là.

 

Quand, voici 16 ans, il s'est fait "globe flotteur" (comme il dit), il a commencé à naviguer sur une goélette de 14 mètres qu'il avait baptisée "Om", un mot sanscrit qui évoque la sérénité. Pour son premier tour du monde avec elle, il a fait quelque 500 escales dans une soixantaine de pays. Puis il achète un dériveur intégral de 10mètres qu'il a tout simplement baptisé "Voyage". A son bord, il a vagabondé d'Europe au Brésil, des Antilles au Québec ou de Cuba à Tahiti. Mais, pour ses voyages avec sa compagne Titou et leur fils de trois ans, il fallait un peu plus de confort. Aussi le chanteur a-t-il fait construire un catamaran de 12 mètres qu'il a baptisé "Banana split" parce que ses deux coques jaunes lui ont fait penser à des bananes.

 

Tous les 18 mois, notre barbu chevelu revient en France dans sa ferme d'Auvergne quand il ne "squatte" pas l'appartement d'un ami. Il offre alors de nouvelles chansons au public ou de nouveaux livres comme son dernier "Iles... était une fois", publié chez Gallimard, qui constitue une poétique invitation au voyage. Dans son dernier album en date, "Touchez pas à la mer", qu'il a écrit lors de ses voyages en Floride ou en Polynésie, il entend faire "prendre conscience aux gens de la nécessité de préserver leur environnement marin".

 

"Je ne suis ni un écologiste pur et dur, ni un pacifiste, précise-t-il, mais un pacifique amoureux de la nature. La mer est une sorte de planète nourricière qu'il faut protéger. Pas seulement de la pollution. Mais aussi des gens qui cherchent à s'en emparer, à la clôturer avec des frontières, des barrières ou des barbelés."

 

 

 

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