ACCUEIL | LA MUSIQUE | PAUL ANKA (1959)

 

 

 

 

 

 

 

Imaginez une salle en délire. Un public surexcité. Une atmosphère d'émeute. Des gens qui battent des mains et des pieds. Des jeunes filles qui se pâment. Au milieu des cris et des vociférations, des réflexions percent. Du genre : Dix minutes de plus et on cassait les meubles ! ... La rue adjacente au théâtre est gardée par la police. Toute circulation y est interdite. Dans la salle d'élégantes "armoires à glace" tentent vainement de ramener le calme. Les passants s'interrogent. De quoi s'agit-il : manifestation politique, meeting syndical, chahut d'étudiants ? Allons, vous n'y êtes pas ! C'est beaucoup plus simple que cela : de passage à Paris, Paul Anka présente ses dernières chansons.

 

Oui, je sais. L'adolescence est l'âge des excès. La jeunesse se veut exubérante... Il n'empêche que c'est navrant. Cette sorte de défoulement collectif écoeure vite. Les jeunes filles hystériques, pour qui le comble de l'élégance semble être de se précipiter sur scène pour embrasser leur idole à pleine bouche, et qui l'attendent à la sortie pour lui arracher ses vêtements sont à plaindre. Comme sont à plaindre les parents qui emmènent leurs fillettes à ce genre de spectacle ! A plaindre et à châtier. A partir du moment où, pour protéger une vedette de ses admirateurs la police mobilise, ce n'est plus d'art qu'il s'agit, ni même de divertissement, mais de mauvais cirque. Et de mauvais goût !

 

C'est dommage pour Paul Anka, qui se trouve naturellement porté à encourager cet enthousiasme délirant. Dommage, car le garçon n'est pas dépourvu de qualités : voix puissante, mais qui sait se faire douce et enjôlante, sens du rythme, bonne humeur communicative...

 

Les chansons ? On aime ou on n'aime pas ! Mais on ne peut, de toutes façons, nier qu'elles sont mélodiquement agréables, joliment rythmées et entraînantes autant qu'il est possible. C'est d'ailleurs une des raisons profondes de leur succès auprès des jeunes : ce sont des chansons sur lesquelles on peut danser. L'analyse s'arrête ici. Comment en effet, juger des chansons dont les paroles sont en anglais ? L'anglais est, certes, une langue très répandue... Déplorable néanmoins cet engouement du public, tour à tour amateur de refrains italiens, anglais, américains. A quand la mode des chansons russes ? Lonely boy, Crazy love, Just young, That's love, You are my destiny... Le thème est le même, suffisamment explicite à la lecture du titre. Amour... toujours, trop jeune... trop fou, solitude... lune, etc.

 

Paul Anka est un tout jeune homme. On ne saurait trop lui conseiller de travailler, de briser la gangue d'un genre où il risque de s'étouffer, de ne pas trop céder à la facilité et surtout d'apprendre à se tenir sur scène. Ce qui suppose, il est vrai, un certain respect du public.

 

Claude Fachard - Le Pèlerin - 6 décembre 1959

 

 

 

 

remarque : Cet article refléte la vision qu'avaient certains journalistes des fans de jeunes chanteurs à la fin des années 50, juste avant l'arrivée des yé-yés. Et c'est en 1959 que paraissait le premier numéro du journal Salut les Copains...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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