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Zippo est une marque américaine de briquets, créée en 1932 par George G. Blaisdell à Bradford, en Pennsylvanie. Le brevet fut déposé le 3 mars 1936.
George Grant Blaisdell
article de Pascal Tissier publié dans un quotidien suisse en 1994 (dossier réalisé notamment grâce à l'aide de Brigitte Benharrous (service depresse de Zippo France)
Sa coque rectangulaire en laiton chromé - brillante ou guillochée - aux angles arrondis, cette petite odeur d'essence qu'il laisse échapper dans l'air en s'ouvrant et le bruit inimitable du capot qu'on referme sont les principales caractéristiques de ce petit objet qui, à plus de soixante ans, enflamme la passion de certains collectionneurs.
Le briquet Zippo est arrivé en Europe au lendemain d'un débarquement sur les plages normandes. Les produits "made in USA" n'avaient pas attendu l'événement de juin 1944 pour pénétrer en Europe, mais c'est quand même bien après la Libération et dans les années qui suivirent que l'on a vu "débarquer" une foule d'objets d'outre-Atlantique. L'Amérique était le pays de l'invention, de la commercialisation, de l'imagination. Dans les années 50, le Nouveau Monde devenait mythique et l'inventaire des objets, des vêtements, des outils, des appareils ou des produits alimentaires qui faisaient fureur ces années-là ne tiendrait pas dans cette seule page. L'Amérique générait la clé sure, les nouvelles formes, les nouveaux goûts, un mode de vie si différent. Cette méthodologie répondait à un besoin: rendre plus simple tout ce qui était compliqué et rébarbatif. Aujourd'hui, cette image a jauni. Mais - Toyota ne fera jamais rêver comme a fait Cadillac et Sony n'a jamais produit de juke-box. L'armorce d'une légende
Ce n'est qu'une spéculation boursière assez banale qui permet, le 24octobre 1929, à un monstre tentaculaire, impalpable mais ô combien dévastateur, de s'abattre sur Wall Street. Le krach de la Bourse de New York sera un "jeudi noir" pour toute la planète. Dès lors, les Etats-Unis connaissent une récession cruelle et ravageuse. Dans tout le pays, de petits entrepreneurs multiplient les initiatives pour enrayer cette longue et minante dépression. Dans la petite ville de Bradford, au cœur de la Pennsylvanie, par une chaude et venteuse soirée de l'été 1932, les notables locaux s'installent, à l'issue d'un dîner huppé, sur la terrasse du "Penn Hills Country Club" pour déguster cafés et digestifs. George Grant Blaisdell, alors copropriétaire, de la Blaisdell Oil Company, converse avec l'un de ses amis de retour d'Autriche. Lorsque ce dernier allume une cigarette avec un vulgaire briquet autrichien, Blaisdell ne peut s'empêcher de faire remarquer à son interlocuteurle manque de classe de l'objet. Pour toute réponse, le voyageur expose le briquet au vent. Cette flamme qui danse et résiste aux mouvements de l'air fascine George Blaisdell.
Dans un premier temps, Blaisdell négocie les droits de distribution pour les Etats-Unis, de ces "lighter" autrichiens. De forme oblongue, munis d'un mécanisme encombrant et d'un couvercle de laiton amovible, ces briquets sont grossièrement façonnés; de plus, leur maniement s'avère malaisé et Blaisdell, malgré ses efforts, ne parvient pas à les vendre. C'est dans un garage de Boylston Street que le cerveau de cet homme d'affaires est atteint par l'étincelle d'une lumineuse invention. II retravaille la forme de l'objet - qui devient rectangulaire - afin qu'il puisse être ouvert d'une seule main. Pour cela, le capot est fixé à la coque au moyen d'une charnière externe et la mèche reste protégée des agressions extérieures par une cheminée pare-vent percée de trous. Ce blindage entretient une flamme constante et évite à l'air ambiant d'attiser de manière excessive la combustion. Dans le corps du briquet, la pierre à feu, engagée dans un petit tube métallique, est compressée par un ressort (monté sur une vis qui ferme le conduit) qui la pousse vers la molette. cette dernière dispose de rainures orientées de telle sorte que celles-ci jettent les étincelles vers la tête de la mèche. Une fois le prototype entre les mains, Blaisdell, conscient que le nom du produit peut avoir une influence dans son succès, le baptise "Zippo", s'inspirant sans cloute du nom de la récente invention de la fermeture éclair, nommée "Zipper". Un mythe est né.
Si l'on excepte les améliorations apportées à la molette et à la fabrication de la coque, le concept inventé par George Blaisdell reste quasiment inchangé à ce jour. Cependant, le Zippo originel s'est subrepticement métamorphosé sans que sa forme mythique en soit fondamentalement modifiée. Après quelques mois d'existence, en 1933, une double ligne horizontale apparaît aux angles opposésde la coque et l'année suivante, cette dernière est raccourcie d'un quart de pouce. Ses mensurations sont toujours les mêmes aujourd'hui. En 1938, Blaisdell redessine son briquet et modernise sa petite usine. Cette période constitue une étape importante clans l'histoire du Zippo. Jusqu'en 1937, la coque du briquet était réalisée à partir d'un tube carré en laiton, La technique nouvelle de l'emboutissage, qui permet d'éliminer la plupart des procédés de soudure nécessaires sur les anciens modèles, donne jour à un briquet aux lignes plus modernes et aux angles arrondis, qui remplace définitivement le briquet originel aux angles carrés.Au début des années 40, en plein conflit mondial, le laiton est réquisitionné à des fins militaires. Pendant toute la durée des hostilités, les Zippos sont fabriqués avec un alliage d'acier poreux d'une qualité si douteuse qu'ils sont recouverts d'une couche de peinture époxy noire qui, après un passage au four, prend un aspect craquelé. En 1946, George Blaisdell charge une équipe d'ingénieurs de mettre au point une nouvelle molette qui devra remplacer celle fournie par un sous-traitant, et qui ne donne pas entière satisfaction. Très rapidement, le briquet est équipé d'une molette révolutionnaire et indéfectible qui garantit plus de 73.000 allumages. Le secret de fabrication de cette pièce est toujours jalousement gardé.
Alors qu'il vient d'implanter unenouvelle usine au Canada, près des chutes du Niagara, Blaisdell se voit à nouveau privé de matière première: de 1951 à 1953, alors que la guerre fait rage en Corée, l'acier remplace encore le cuivre jaune. Durant cette période, l'Amérique engendre de nombreuses innovations issues d'un développement technologique et économique fulgurant. C'est à cette époque, et jusqu'à la fin des années cinquante, que le briquet hérite de nouveaux procédés de fabrication significatifs et que sa gamme s'élargit. Alors que sa coque est chromée depuis la fin des conflits en Asie orientale, le briquet se voit paré de superbes motifs - plus élaborés et plus sophistiqués que par le passé - réalisés à partir d'un nouveau procédé de gravure chimique. En 1956, Zippo rend hommage aux femmes en leur dédiant un briquet plus féminin: le "Slim" (en français "mince") plus petit, plus fin et plus délicat que le "Regular" (modèle standard). En 1957, les usines de Bradford sortent les premiers Zippo dont la coque est frappée, sur le fond, de différentes combinaisons de points et de barres indiquant l'année au cours de laquelle ils ont été usinés. C'est d'ailleurs le codage de ces indications qui sera la seule modification notable du Zippo jusqu'à aujourd'hui. En effet, dès 1986, le système d'identification des briquets par année est remplacé par un code alphanumérique, qui affiche non seulement l'année, mais aussi le mois de sa conception.
Avec plus de 300 millions de briquets vendus dans le monde entier depuis 1932, affichant plus de 300.000 marquages différents, il est évident que cet objet de 57 grammes n'a pas échappé au phénomène de la collection. Au contraire: depuis longtemps, comme un témoin de l'histoire, le briquet Zippo voit sa coque décorée d'une multitude de logos, d'effigies, de portraits. Gravés, peints ou collés, ces marquages publicitaires, militaires ou à thème sont souvent présentés en série. Les pièces les plus prestigieuses font l'objet d'un tirage limité, voire numéroté. S'il n'existe à ce jour aucune cote officielle, aucune bourse d'échange organisée, les briquets publicitaires des années cinquante, ceux qui ont participé au débarquement ou à la guerre du Vietnam sont négociés à prix d'or. Si, au vu des ouvrages qui lui sont consacrés, le Zippo a enflammé la passion des Japonais, les collectionneurs se comptent aussi par milliers en Allemagne, en Angleterre, en Australie, au Canada, en France, en Hollande et en Suisse.
Reflet de 60 ans d'histoire, symbole du héros contemporain, porteur de valeurs de liberté et de conquête, objet de reconnaissance, le Zippo offre à des milliers de curieux, amateurs ou collectionneurs, l'occasion de découvrir et investir un monde-musée, un univers imaginaire. Imaginaire comme le cinéma qui n'a pas, lui aussi, résisté à la fascination que produit cet obscur objet du désir, lequel vient encore de se faire remarquer entre les doigts d'Arnold Schwarzenegger dans une scène sublime de "Last action hero".
La garantie a vie
Sur toutes les célèbres boîtes noires qui renferment un zippo, on peut lire "Lifetime guarantee"" (garantie à vie)ou "It works always... or we fix it free" (il fonctionne toujours... ou nous le réparons gratuitement). Ce qui est incroyable, c'est que ces deux slogans publicitaires, qui laissent sceptique plus d'un possesseur deZippo, sont respectés à la lettre. La garantie à vie est née en même temps que le briquet et fait intimement partie de la philosophie de son créateur George Grant Blaisdell. A l'usine de Bradford, un atelier, baptisé "clinique", a été spécialement aménagé pour accueillir les briquets défectueux, qui, après avoir bénéficié des soins prodigués par l'une des quinze "infirmières", sont renvoyés gratuitement à leur propriétaire. La règle veut qu'un briquet "malade" ne reste pas plus de trois jours à l'hôpital et qu'il soit réexpédié chez lui au plus vite accompagné d'un mot de remerciements dans lequel l'entreprise se dit honorée d'avoir eu l'opportunité d'effectuer les "soins". La fiche de sortie contient encore une petite brochure, qui présente les produits d'entretien et les différents modèles de la gamme, ainsi qu'un échantillon de pierres.
Dotée d'un système de gestion informatisé, la "clinique" accueille et restaure entre 200 et 250.000 briquets par an, ce qui, pour le personnel soignant, représente la remise en état d'environ 1000 à 1500 pièces quotidiennement. Les causes les plus fréquentes des accidents de Zippo sont généralement totalement étrangères au mécanisme propre du briquet. Certains ont passé sous la tondeuse à gazon, sous une voiture, ou ont subi le programme complet d'une machine à laver, essorage compris, d'autres ont séjourné un certain temps au fond de seaux, dans la neige ou dans la boue. Révisés dans le plus grand détail,les "convalescents" repartent revigorés, équipés d'une cheminée toute neuve, pour une nouvelle et très longue vie. Par contre, si le briquet arrive en "clinique" dans un état désespéré et qu'il ne peut vraiment pas être réparé du fait de la gravité de ses "blessures", on en retourne un flambant neuf à son propriétaire. Chaque hospitalisation coûte en moyenne un dollar à l'entreprise, soit une charge annuelle d'environ 250.000 dollars; un investissement paradoxalement considéré comme modeste vu du rôle majeur que la garantie joue dans la réputation universelle de Zippo.
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Zippo Slim Lighters - 1956
Zippo aime rendre hommage aux héros de l'histoire et après la serie commémorative dédiée au débarquement (D-Day), voici "WorldWar II - Volume 1". Tirée à 25.000exemplaires numérotés (pour le monde, c'est peu), cette série, logée dans un écrin en forme de livre présente quatre briquets dorés (solid brass) ornés de plaquettes gravées sur les thèmes de la bataille d'Angleterre, de la bataille des Ardennes de la conquête de l'île d'Iwo Jima et du traité signé sur l'USS Missouri, qui devait mettre un terme à la Deuxième Guerre mondiale. Cet ensemble luxueux est complété d'un porte-clés Zippo.
article de presse publié en avril 1995
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Le portrait de Stephen King gravé à la main sur la coque d'un Zippo. Pièce unique.
Objet mythique de la culture américaine, le briquet Zippo fait évidemment des apparitions dans les récits de Stephen King:
Dans "Shinning" (éd. J'ai lu, pages 529 et 530): "Avec ses dents, Hallorann arracha la mitaine de sa main droite et (...) plongea celle-ci dans la poche de son pantalon. Parmi les clefs et la monnaie se trouvait un vieux briquet Zippo(...). Son ressort s'était cassé une fois et il l'avait renvoyé à l'usine qui l'avait réparé gratuitement, exactement comme le promettaient les réclames. Il (...) rabattit avec un déclic le capuchon et, du pouce, actionna la molette. L'étincelle jaillit et la mèche s'enflamma. (...) En un instant, la bête ne fut plus qu'un brasier vivant".
Si sa présence est anodine dans "Chantier" (J'ai lu, pages 41 et 111) et dans "Bazaar" (J'ai lu, page 95), il devient objet symbole dans la relation incestueuse entre "Jessie" (Albin Michel, chap. 15, page 175) et son père: "Puis le claquement rapide de ses talons comme elle quittait la pièce (ndlr: sa mère), et un moment plus tard le "snap!" du Zippo de son père qui s'allumait à son tour une cigarette."
Dans le piège tendu par "Les langoliers" - une nouvelle de "Minuit 2" -, les héros se retrouvent dans l'obscurité (Albin Michel, chap. 7, page 183): "Don prit la tête dans l'escalier. Une fois en bas, il s'arrêta un instant pour fouiller dans sa poche. Il en sortit un objet carré qui brilla faiblement dans la pénombre.
- C'est mon Zippo, dit-il. Pensez-vous qu'il marchera encore?
-Je ne sais pas, dit Albert. Peut-être, pendant un moment. Il vaut mieux n'essayer que lorsque ce sera absolument nécessaire, j 'espère bien qu'il va marcher. Sans quoi, nous n'y verrons rien du tout.(...) Ils traversèrent le grand hall, Don ouvrant toujours le chemin, son briquet à la main".
article de presse publié en mai 1995
Zippo a produit une magnifique série de briquets à la gloire de Charlot. Graphiquement, les six motifs peints en noir et blanc sur des coques chromées sont superbes. Outre le simple portrait qui laisse apparaître le chapeau melon et la canne, on y découvre Chariot dans un clap ou dansdes bandes perforées. Les cinéphiles amateurs de Zippos se réjouiront de disposer enfin d'une série esthétiquement fort réussie.
extrait d'un article de presse publié en octobre 1995
Zippo, c'est avant tout des briquets (ci-desssus la série Charlot), mais c'est aussi des accessoires, comme cette cravate en pure soie.
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5 avril 1996 - 3 septembre 2003 - 5 juin 2012 - 3 juin 2020
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En plus de ses briquets, la firme de Bradford fabrique différents objets: couteaux de chasse, canifs, ceintures, stylos à bille, pinces à billets, portes-clés ou doubles mètres. Le logo Zippo figure encore sur une ligne de vêtements, ou d'accessoires vestimentaires, fabriqués sous licence. Aucun de ces articles n'est disponible en Suisse. Depuis quelques années, une firme horlogère japonaise fabrique sous licence des montres Zippo. Depuis peu, quelques modèles sont envente en Suisse. Outre une montre-bracelet avec la pin-up de Varga en relief sur le cadran, on découvre une montre de poche et un réveil qui, quand ils sont fermés, ont l'aspec td'un briquet traditionnel (la coque est bien fabriquée à Bradford). Ces derniers ne sont pas donnés, mais quand on aime, on ne compte pas.
article publié dans un quotidien suisse en mars 1996
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Arnold Schwarzenegger - Last action hero
Bruce Willis - Die Hard
Wall-E
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