Les ménagères qui sont allées faire leurs provisions dans la section d'alimentation des Grands Magasins Monoprix, de la rue de Béthune, y furent accueillies par des jeunes femmes, vêtues d'un seyant uniforme blanc, qui leur mettaient dans les mains un élégant panier métallique.

Monoprix inaugurait à Lille*, la formule de libre service, qui connaît déjà tant de succès dans ses magasins de Paris, de Mulhouse, Rouen, Bordeaux et Avignon.

Soigneusement emballées de cellophane à moins qu’il ne s'agisse de conserver, empilées tout au long de 118 mètres de comptoir, les denrées les plus diverses excitaient les convoitises.

Pas de vendeuses autour de ces comptoirs, ceux-ci, tout d’abord, sont appelés "gondoles" dans un magasin libre service, les employées chargée de les réapprovisionner, sont des "gondolières", et puis, comme son nom l'indique, le magasin libre service invite les acheteurs à choisir elles mêmes sur les "Gondoles" les marchandises qui leur conviennent, a les mettre dans les paniers qui leur ont été confiés et à poursuivre leurs emplettes. Avant de quitter le magasin, la ménagère doit obligatoirement passer devant l’une des neuf caissières, qui recevra le prix des denrées empilées dans le panier ; si elle n’a pas fait d'achat elle remet tout simplement son panier vide et personne ne lui demande rien.

Cotte nouvelle formule de vente est certes appelée à connaître un très grand succès. Elle permit un gain de temps considérable en supprimant les attentes devant les comptoirs, offre à la ménagère des denrées soigneusement emballées, que personne n'aura manipulé avant elle, et lui permet de faire son choix en toute liberté. Aux rayons de crémerie et de charcuterie, où des pesées sont nécessaires, des employés effectuent ce travail mais ils n'ont jamais à manipuler d'argent, l'hygiène y gagne.

Devant le succès de cette première journée de vente libre service, les dirigeants des Magasins Monoprix ont pu se convaincre qu'ils venaient de réaliser les vœux de bien des ménagères lilloises, elles mêmes convaincues qu’on n'est jamais si bien servi que par soi-même.

* c'était le jeudi 3 avril 1952