article publié en février 1953 :

Le Club Méditerranée, c'est toute une histoire. Celle-ci naquit dans un petit bureau de la rue Buffaut, à Paris. C'est là que Gérard Blitz clivait ses diamants, d'une main qui ne tremblait pas. Quand le temps était sombre et que Gérard Blitz devait attendre une lumière meilleure, son esprit vagabondait.

Il imaginait des étendues de sable, des pins serrés les uns contre les autres, le vent du large, l’eau de la mer, le soleil, et des gens au milieu de tout cela, heureux d’oublier qu'ils sont étiquetés garçons de bureau ou dactylos, médecins ou avocats, journalistes ou mécaniciens.

Rien ne les différencierait les uns des autres. Ils vivraient tous de la même manière, dans le goût partagé des mêmes plaisirs. Pour leur offrir cette évasion totale il fallait arriver à des prix extrêmement bas, car il eût été injuste que des questions d'argent entraînassent une sélection. La seule sélection à envisager c’était celle de la bonne et de la mauvaise mentalité. Pour qu'une telle entreprise fût viable, il fallait qu’elle drainât vers elle ceux qui ne col-durent pas, qui ont horreur de l'habit, qui ne casinotent pas, qui préfèrent un arbre à un salon de thé, un match de volley-ball à une partie de bridge.

La première chose à faire c’était de veiller à développer l’esprit de club. Ce serait un club pas comme les autres, sans champions, sans signes distinctifs, un club dont les seuls règles seraient le soleil, l'eau, la nature, le ciel, les jeux.

Le Club était né. Tony Hatot se joignit à Gérard Blitz pour polir et repolir la formule. Et ce furent les Baléares, en 1950, la première expérience du village de toile portant bannière du Club Méditerranée.

Tous les problèmes que l’on croyait avoir prévus se compliquaient une fois sur place : l’eau potable, l’électricité, le pain, ie courrier, l’essence. Néanmoins, ce fut un bon départ puisque tous les adhérents confirmèrent leur fidélité au Club par la suite. L'esprit de camaraderie les avait séduits. Non seulement ils avaient trouvé un village où l’hygiène et la nourriture n'étaient pas laissées au hasard, mais encore ils s’étaient franchement divertis. Il aurait été facile, après l’expérience heureuse des Baléares, de laisser le mouvement se développer tout seul. Déjà on parlait du Club dans toute la France et dans toute la Belgique.

Si Gérard Blitz l’avait voulu, il aurait rempli aisément quatre villages en 1951. Mais il voulut au contraire restreindre son action, afin de soigner les détails, entraîner ses cadres. L’année 1951 fut employée à augmenter l'expérience du personnel. Lorsque vint 1952. tout était prêt pour tenter un grand coup. C’est ainsi que la bannière frappée du trident flotta dans le même temps à Helsinki, Corfou, Baratti, Elbe. Le nombre des adhérents atteignait douze mille, et il avait fallu refuser un grand nombre de candidatures. Des bureaux s'ouvraient à Stockholm. Londres. Genève, s’ajoutant à ceux de Paris et d’Anvers. Le Trident tirait régulièrement à 18 000 exemplaires, et l’on annonçait la naissance d’une édition anglaise et d’une édition suisse, L’idée qui avait germé dans le petit bureau de la rue Buffaut se réalisait...

Quel sera pour 1953 le programme du Club Méditerranée? Quatre villages de toile en Grèce, Yougoslavie et Italie, au bord de l'Adriatique, des mers ionienne et tyrrhénienne. Cet ensemble de petits villages, très différents les uns des autres, permettra à chacun de diviser les vacances les mieux adaptées à ses goûts.

Le premier de ces villages, dirigé par Tony Hatot, est situé sur la côte sauvage du Montenegro, à l’extrémité sud de la côte yougoslave.

Le village y est situé à 6 kms au sud de la petite ville ancestrale de Budva, dans une crique au bord d'une plage de sable fin. Il s’étale en terrasses sous les oliviers dans un cadre poétique et sauvage.

La côte, très découpée, baignée d'une eau cristalline, est bordée immédiatement d'énormes montagnes rocheuses de plus de 2.000 mètres d'altitude.

Ce village répondra complètement aux aspirations les plus profondes de deux de nos "G.M." — traduction "Club" : Gentils Membres — qui recherchent des vacances de détente et d'évasion.

Tous les sports (et cette fois également les sports de montagne) y seront à l'ordre du Jour, avec la chasse sous-marine en vedette. L'endroit est réputé le plus poissonneux du bassin méditerranéen. Il est prévu un petit programme d'excursions facultatives de la journée où l'on pourra admirer les beautés de la nature ; les impressionnantes bouches de Kotor, le lac de Scutari, les canons du Tara, le lac noir de Durmitor (à 2.500 mètres d'altitude). Nous visiterons également Dubrovnik (Raguse).

Le voyage se fera avec arrêt d’une journée à Venise.

Le nombre de participants sera cette fois et obligatoirement très limité (Un tiers du contingent des villages habituels)

Le deuxième des nouveaux villages sera réalisé à L’ile d'Elbe, sur la plage bien connue de Marina di Campo. Tous ceux qui, en 1951 et en 1952, se sont rendus en excursion Marina di Campo se rappellent l'admirable plage de sable fin, les eaux claires, le charmant petit port et l’aimable ambiance. L’endroit est idéal pour y établir un petit village polynésien.

Là aussi programme de sports de plage très étendu et possibilités de chasse sous-marine.

Le programme d'excursions se réduit à ceci : 3 jours avant le retour pour Paris ceux qui le désireront pourront participer â un rapide circuit à travers l'Italie par Rome, Florence, Sienne et Pise où Ils rejoindront directement à la gare le groupe rentrant à Paris. Bien entendu, le club se rendra cette année à L'Ile de Corfou en y améliorant encore le programme de l'année dernière. Tous ceux qui y sont allés ont été charmés par la simplicité, la beauté de la nature et par la gentillesse de la population.

On embarquera cette fois à Venise après avoir passé une Journée dans cette ville. On évitera ainsi la traversée, pénible, de toute l'Italie. Les excursionnistes qui séjourneront à Athènes, Delphes, Epidaure, Mycènes, Corinthe, auront le choix pour leur voyage Corfou-Athènes, entre deux moyens de transport : avion spécial du Club ou bateau.

A Paleolastritsa, un des plus beaux endroits que l’on puisse trouver en Méditerranée, le Club organisera un petit pied-à-terre où les chasseurs sous-marins, sous la direction de Marcel Contal, pourront séjourner le temps qu'ils voudront, la côte ouest de Corfou, sauvage et rocheuse, étant propice à la pratique de ce sport.

Enfin, le Club organise cette année encore le village de Colfo Di Baratti.

Outre des vacances de plage les G.M. pourront, s'ils le désirent, y participer à un programme d'excursions de tout premier ordre :

En plus du circuit Florence, Ravenne, Venise et le tour de Toscane, il y aura le circuit Rome, Naples, Pompéï, Amalfi, Sorrente et Capri, où les participants de l'excursion séjourneront au petit home du Club. La commune de Plombino a bien voulu entreprendre les travaux nécessaires pour amener au village de Baratti de l'eau en suffisance.

Pour finir, le Club offre pour cette année une nouveauté :Le Grand Circuit Club qui emmènera les G.M. disposant de deux mois de vacances, dans tous les villages.