Les manifestations de Tian'anmen se déroulent entre le 15 avril 1989 et le 4 juin 1989 sur la place Tian'anmen à Pékin, la capitale de la république populaire de Chine. Elles se concluent par une vague de répression.

L'armée chinoise déloge les étudiants qui occupaient la place Tien An Men, en faisant preuve d'une sauvagerie inouïe. Les soldats massacrent tout sur leur passage : au moins 1.400 morts et 10.000 blessés.

Après sept semaines de défi étudiant au pouvoir, l'armée chinoise a repris le contrôle de la Place Tien An Men, mais au prix d'un bain de sang qui vaut aux autorités de Pékin la perte de confiance de nombre de leurs concitoyens et les condamnations sans appel d'une grande partie de la planète.

Les autorités ont dénoncé comme de "simples rumeurs" les informations faisant état de carnage. Le bilan exact de ces événements risque de n'être jamais connu. Mais les multiples témoignages recueillis inclinent les diplomates à penser que plus d'un millier de personnes ont été tuées au cours de cette nuit dramatique. De sources médicales, on a fait état de 1400 tués au moins et de 10.000blessés. La plupart des hôpitaux étaient saturés, avec des blessés déposés au milieu de flaques de sang dans les couloirs. Les équipes chirurgicales opéraient sans discontinuer. Des négociations s'étaient ouvertes dans la nuit de samedi à hier entre les responsables de l'occupation de Tien An Men et les militaires. Selon certains témoins, c'est alors que l'évacuation débutait que les blindés ont avancé en ouvrant le feu. "Les soldats ont tiré sur les étudiants au bord de la place et ont mis le feu aux corps. Nous tentions de récupérer les corps, mais les étudiants étaient frappés à mort (...) Des médecins ont également été battus", raconte Zhang, étudiant. "Quand les soldats sont arrivés en haut des marches du Monument du peuple, ils ont ouvert le feu (...) Des étudiants se sont écroulés autour de moi (...) une vingtaine ou une trentaine. Un groupe d'ouvriers qui nous protégeait a également été fauché", a-t-il ajouté.

Les soldats ont lancé l'assaut de trois côtés de la place, obligeant des milliers de manifestants à fuir. L'armée semble avoir frappé simultanément dans plusieurs secteurs de la ville. Les troupes ont avancé derrière des camions-bennes, qui ont démoli les barricades afin de faciliter la progression des soldats armés de fusils d'assaut AK-47, selon les témoins. Des chars ont pénétré sur la Place Tien An Men, notamment, tirant à bout portant sur la foule et écrasant des manifestants, ont-ils ajouté. "Des étudiants qui se reposaient dans les tentes sur la place ont été écrasés par les chars (...) L'un d'eux a été coupé en deux", a dit Zhang. Avant de s'enfuir par une rue latérale, une journaliste occidentale a vu les soldats tirer. "Ces gars tiraient dans le dos des étudiants qui battaient en retraite", a-t-elle dit. Un journaliste européen qui se tenait à l'extrémité nord de la place a vu de son côté un millier de soldats armés de mitraillettes tirer en direction d'un groupe d'étudiants, mais il n'a pu évaluer le nombre des victimes. Auparavant, dans l'ouest de la ville,l'armée avait ouvert le feu sur des milliers de manifestants qui tentaient d'empêcher les soldats de passer. 

Des Pékinois, visiblement en état de choc, ont dit à des journalistes: "Racontez ce qui s'est passé (...) Le monde doit savoir".

article publié le 5 juin 1989