article publié en 1934 dans un quotidien régional

 

Le peuple germanique est un des plus mystiques qui soient. Cela éclate dans toute son histoire, dans toute sa littérature, dans ses arts. Et sa mystique est dure, féroce, sanguinaire. La haine, la guerre et la mort, l’inspirent et lui servent de base et la mentalité de l’Allemand moderne n’est pas si éloignée de celle de son ancêtre qui honorait le cruel dieu Thor par des sacrifices humains et buvait l’hydromel dans le crâne de son ennemi abattu à coups de hache ou de massue.

Or, on sait peu que le dieu Thor était représenté portant une massue qui avait la forme d’un svastika, c’est-à-dire d’une croix gammée, et que le svastika est une figure symbolique dont l’origine se perd dans la nuit des temps, mais dont la signification est demeurée la même au cours des âges, chez tous ceux qui l’ont adopté comme signe de ralliement ou  comme emblème : signe de vie pour eux-mêmes, il représente par contre, l’écrasement, l’anéantissement de leurs ennemis.

 

Depuis des millénaires, le svastika est l’emblème des Thugs, des étrangleurs de l’Inde adorateurs de kali, épouse de Siva et déesse de la destruction et de la mort. Les mystérieuses sectes d’assassins chinois l’ont également choisi pour signe de reconnaissance.

 

Aux Etats-Unis, les membres du Ku-Klux-Klan ont adopté, eux aussi, la croix gammée comme symbole, et ils s’en servent à la fois comme signe d’avertissement  qu’ils adressent à l’ennemi qu’ils ont condamné et comme signature de leurs exécutions.  Depuis longtemps déjà, la croix gammée avait pris, en Europe comme en Amérique, une signification antisémitique. Il nous souvient qu’il y a quelques années, nous trouvant à Vienne, nous avons causé avec de charmantes femmes qui portaient une croix gammée à leur corsage et comme nous leur demandions ce que cela signifiait, l’une d’entre elles nous répondit, avec son plus beau sourire : Mort aux Juifs.

 

Au surplus, est-il besoin de rappeler que les Huns d’Attila arboraient également le signe de destruction.

Pour en revenir à l’Allemagne, il est certain qu’au cours des siècles, les Germains ont toujours considéré le svastika comme leur emblème. Ils ne s’en cachent, d’ailleurs, aucunement et rappellent même avec fierté qu’ils l’ont élevé sur leur pavois dans les grandes circonstances de leur vie nationale : migrations, révolution, invasions. Hitler savait-il tout cela lorsqu’il choisit la croix gammée comme signe de ralliement de ses "chemises brunes" ?

 

On n’en saurait douter un seul instant. Lors de la première réunion des nazis, le Fuhrer avait présenté à ses amis le svastika et, comme l’un d’eux, professeur érudit, voulait faire l’historique de cet emblème, il l’interrompit et lui fit comprendre qu’il en savait là-dessus peut-être plus que lui. Au reste, dès son arrivée au pouvoir, Hitler devait exécuter une partie de la menace symbolisée par la croix gammée en organisant la lutte que l’on sait contre les juifs et contre les socialistes et les communistes qu’il accusait d’être "enjuivés".

 

__________

La photo à gauche, publiée avec l'article, montre une boucle de ceinture du temps d’Attila, qui figure au Musée de Schwerin et qui a la forme du svastika.

 

A noter : Cet article, comme beaucoup d'autres, fut publié dans un journal que tout Français pouvait lire. Peut-on dire que l'on ne savait pas, quand, cinq ans plus tard, la Seconde Guerre Mondiale éclata ?

 

Article publié début mars 1974 dans un quotidien suisse :

 

Remous autour du Troisième Reich…

 

Une nouvelle revue consacrée à l'époque hitlérienne a fait lundi son apparition dans les kiosques de l'Allemagne de l'Ouest. Mais une ordonnance de tribunal a interdit aux vendeurs de faire de la publicité avec des pancartes trop voyantes ou avec des drapeaux en papier portant l'emblème de la croix gammée. 52 numéros doivent paraître, en deux ans, à raison d'un, toutes les deux semaines.

La revue intitulée Das dritte Reich, (Le Troisième Reich) a suscité de vives critiques, bien qu'elle soit éditée par une société et des journalistes connus pour leurs opinions libérales et antinazies.

La maison d'édition, Johan Jahr Verlag de Hambourg, n'a pas caché qu'elle entendait profiter de la vogue actuelle des livres et des films sur Hitler. Elle a indiqué cependant que son objectif était éducatif, et visait à répondre, "sans tenir compte des tabous", à la question : "Comment un caporal inconnu de la Première Guerre mondiale a-t-il pu réussir à devenir le dictateur tout-puissant de l'Allemagne ?"

Un commentateur de la télévision ouest-allemande a exprimé la crainte que cette revue, illustrée en couleurs, ne présente un attrait excessif et ne risque d'égarer des jeunes gens ignorants, tout en provoquant une certaine nostalgie chez leurs aînés. Les autorités de Berlin-Ouest, particulièrement sensibles à tout ce qui pourrait faire renaître les idées nazies, ont ordonné la confiscation des panneaux publicitaires de la nouvelle revue. Cette décision est applicable dans toute l'Allemagne fédérale.

 

Note de 2017 : De nos jours encore le symbole de la svastika ne peut être représenté en Allemagne. Des jeux vidéo comme Wolfenstein : the New Order ou South Park : le Bâton de vérité ont dû être modifiés pour être édités dans ce pays…