La Voix du Nord - édition de Douai du mercredi 18 juillet 1945

 

De nouveau, Orchies est en deuil. M. Marcel Delommez, ancien boucher, déporté politique, est décédé lundi soir à l'hôpital, rongé par un mal que lui avaient inoculé les barbares nazis.
Nous le revoyons beau et fin dans sa fougue patriotique, sûr de l'issue de la guerre, sûr de la défaite de l'allemand qu'il s'ingéniait de tout son pouvoir à hâter; il détenait alors un stock considérable d'armes et une inqualifiable dénonciation a livré lâchement notre ami au plus cruel des ennemis.
C'était le 29 mai 1943, faute de preuves, il fut libéré le 28 juin suivant, mais la Gestapo voulait des proies et il fut de nouveau arrêté le 6 août 1943. Un long et pénible martyr commençait alors pour Marcel, il endura les supplices les plus raffinés, les tortures les plus atroces, les privations les plus pénibles, à Cuincy, à Loos, ... puis en Allemagne, une terrible maladie lui était communiquée.
Enfin Marcel (il est maintenant plus connu sous son prénom) rentrait à Paris le 16 mai 1945, il revint ensuite à Lille, puis à Orchies le 3 juillet à l'hôpital où malgré des soins minutieux et dévoués il s'éteignit. Il fit à 32 ans, le sacrifice de sa vie, en véritable héros.
A sa veuve, à ses trois petits enfants, à ses parents, nous présentons nos sincères condoléances émues.
Les funérailles de ce brave auront lieu solennellement à Landas, dimanche à 10 h 30.
Tous les anciens prisonniers, anciens combattants, déportés, résistants F.F.I. d'Orchies, Landas et environs y sont invités avec leurs drapeaux.

 

 

Miron Zlatin est né en 1904 en Russie et arrivera en France dans les années 1920. Il épousera le 8 octobre 1928 à Varsovie* Sabina Chwast, juive polonaise née en 1907. C'est en 1939 que le couple obtient la nationalité française. En 1940, le couple qui exerçait la profession d'aviculteur part alors en 1940 en "zone libre", à Montpellier, puis s'installe dans un petit village de l'Ain. Ils y fondent la Colonie des Enfants d'Izieu, destinée à protéger les enfants juifs des persécutions. Le 6 avril 1944, la Gestapo de Lyon dirigée par Klaus Barbie procédera à l'arrestation de Miron Zlatin et mettra fin à l'oeuvre du couple. Déporté, il sera ensuite fusillé.

Son épouse, absente le jour de la rafle, rejoindra la résistance sous le nom de Jeanne Verdavoire. Elle décéda en 1996.

 

* bien que le document ci-dessous parle de Landas près d'Orchies (Nord), mais était-ce pour "tromper l'ennemi" ?