ACCUEIL | L'HISTOIRE | BERTRAND DE RAINS

 

 

 

 

 

 

 

Avant-propos : Dans l'article de presse datant de 1938, on parle de Bauduin de Constantinople. Dans certains écrits on retrouve le prénom de Baudouin, j'ai ici gardé l'ortographe du récit du journal. Jeanne de Constantinople est connue également sous les noms de Jeanne de Flandre et de Jeanne du Hainaut.

 

Parmi les impostures célèbres de l'Histoire, celle de Bertrand de Rains compte au nombre des plus originales. Ancien Ermite et jongleur, il entreprit de jouer le rôle d'un Empereur revenant de la Croisade. Comme on va le voir cette aventure fit grand bruit au début du XIIIe siècle et eut pour théâtre le Hainaut, et se termina par la confusion et la torture de l'imposteur.


Bauduin de Constantinople
C'était au temps des Croisades. Bauduin VI, Comte de Hainaut prit la croix en l'an 1200. Bauduin s'était fait remarquer par la noblesse de son caractère, l'élévation de sa pensée et fut très bon pour son peuple. Il prit des mesures contre les accapareurs qui voulaient affamer les populations en temps de disette. Il entraîna avec lui l'élite des chevaliers du Hainaut. Les Croisés chercheurs d'aventures entrèrent à Constantinople. Bauduin fut élevé au trône Impérial le 12 Mai 1204. Fait prisonnier sous les murs d'Andrinople par le Roi des Bulgares, il périt après un an de détention.


Bouvines
La Souveraineté de Hainaut et de Flandre passe entre les mains de Jeanne dite de Constantinople, fille de Bauduin. Philippe-Auguste convoitait les Etats de la Comtesse qui se maria avec Ferrand, fils du roi de Portugal. Le mariage eut lieu mais des démêlés qui connurent des alternatives de revers et de succès mirent aux prises Ferrand et Philippe. Une formidable coalition se forma contre Philippe-Auguste qui se termina par la victoire de Bouvines de célèbre mémoire. Ferrand, chargé de fers, fut amené à Paris dans la tour du Louvre.

Bauduin de Constantinople

 

 

La Comtesse Jeanne au Quesnoy
Pendant la captivité de Ferrand, Jeanne, son épouse, résida au château du Quesnoy où elle se livra aux plaisirs de la chasse. Sur son sceau elle est représentée en costume de chasse, à cheval, vêtue d'une longue robe, les cheveux flottants sur les épaules, retenus par une couronne de perles et agaçant du doigt un faucon perché sur la main.

 

Sceau de Jeanne de Constantinople

 

Survint un mendiant...

En ce temps lointain des croisades les nouvelles parvenaient très rares et déformées par les voyageurs et l’imagination populaire. Le Peuple crédule acceptait alors les assertions les plus fantaisistes où la légende avait sa grande part. En l'an de grâce 1205, quelques compagnons de Bauduin qu’on croyait morts revinrent en Hainaut après mille tribulations sous de vêtements de moines. Le bruit courut aussitôt que Bauduin n’était pas mort et qu’il allait revenir. Par une belle journée de l’an du Seigneur 1225, des chevaliers Hennuyers hantés par l’idée que le Comte n’était pas mort ou qui avaient intérêt à y croire, rencontrèrent dans un bois entre Mortagne et Fontenoy un mendiant qui offrait quelque ressemblance avec Bauduin, ancien Empereur de Constantinople et qu’ils reconnurent comme tel.

 

L'imposteur
La nouvelle que Bauduin était en vie se répandit rapidement. Un clan de mécontents et d'intrigants se forma autour du sosie du Comte défunt du Hainaut et le persuadèrent de jouer le rôle de l’Ex-Empereur revenant de la Croisade. L’ermite y consentit ébloui. Il se fit reconnaître en grande pompe à Tournai, Valenciennes, Lille, Cambrai, Bruges et Gand, créa des chevaliers et fit acte de souverain. La Comtesse fut informée de cet événement alors qu'elle se trouvait â Lille, ou elle faisait construire l’Hôpital Saint-Sauveur. Sure du décès de son père elle se réfugia au château du Quesnoy pour résister à l'Imposteur.

 

Jeanne de Constantinople par Arnould de Vuez (extrait)

 

L'astuce du faux Bauduin
L'astuce du faux Bauduin ne connut plus de bornes. En 1225 ses partisans tentèrent un coup de main contre le château du Quesnoy où se trouvait Jeanne, l'authentique Comtesse de Hainaut, qui échoua. La Comtesse s'enfuit par la porte de derrière, gagna le parc du Gard, y fit seller un cheval et partit vers Mons où elle arriva sans encombre. D'autre part, le Roi d'Angleterre offrit son alliance à l’Imposteur en termes flatteurs se plaignant que le Roi de France les avaient dépouilles tous deux de leurs héritages. Bouchard d'Avesnes ex-beau-frère de Jeanne offrit égalemenr son concours au faux Baudoin.


L'arbitrage du Roi de France
La Comtesse sollicita l'appui du Bol de France Louis VIII contre l'Imposteur. Louis envoya au Quesnoy une délégation composée de Mathieu de Montmorency, Michel de Hornes et Thomas Lampernesse. Le pseudo-Bauduin fut invité à se rendre au château Quercitain pour prouver son identité, mais le prétendu Empereur n'eut garde de se présenter au rendez-vous où il craignait d’être confondu. C'est alors qu'il fut décidé que seize croisés qui avaient accompagné Bauduin en Terre Sainte affirmèrent sous serment qu'ils connaissaient Bauduin pour l'avoir vu vivant à la bataille livrée aux Blactes, que depuis ilss l'avaient vu mort et qu'ils étaient prêts à l'attester devant le Roi.


Bertrand de Rains

Le Roi Louis VIII d'après ce témoignage résolut d'en finir. Il convoqua l'habile imposteur à Péronne et lui envoya à cet effet un sauf-conduit. Le prétendu empereur n'osa se dérober à la royale invitation. Mis au pied du mur il fut confondu. Il s'agissait de Bertrand de Rains, ancien ermite et jongleur qui prétendait jouer le rôle d'Empereur de Constantinople. Se voyant découvert, il prit la fuite et se dirigea vers Rains, son village natal près de Vitry-sur-Marne, en Bourgogne.


Conte cruel
Celte aventure qui avait fait grand bruit se termina comme les Contes cruels chers à Villers de l’Isle Adam. Bertrand de Rains fut retrouvé à Rongemont et traduit à Lille devant la Haute-cour de Flandre. L'ancien jongleur qui avait incarné un Instant le personnage de Comte et d'Empereur fut condamné à mort, torturé, traîné sur une claie, attaché au pilori qui se trouvait à l'emplacement du Théâtre actuel, roué vif devant la maison échevinale, puis pendu devant l'abbaye de Loos.

 

 

 

 

 

 

 

  ACCUEIL | L'HISTOIRE | BERTRAND DE RAINS

 

 

bachybouzouk.free.fr