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Pétain? Connais pas... article de Henri Guillemin* publié en 1990

 

Né en 1903, je rencontre, de plus en plus fréquemment non pas seulement des jeunes gens, mais des hommes en pleine maturité, nés entre 1930 et 1940, ce qui les fait aujourd'hui quinquagénaires, et je constate, le cœur serré, que le nom du maréchal Pétain ne leur dit pas grand'chose : un vague souvenir historique, le "vainqueur de Verdun»" doté d'une admirable longévité qui lui permit de se mettre encore, à 84 ans, au service de la France vaincue pour la secourir de son prestige et obtenir peut-être ainsi d'Hitler quelques précieuses concessions... J'avais 38 ans en 1940 et, professeur à Bordeaux, j'étais, de plus, assez mêlé à la politique, connaissant bien Marquet, le maire (futur ministre de Pétain) et ayant participé de mon mieux à la vaine tentative de mon beaupère, en 1936, pour tenter de barrer la route à Philippe Henriot, le candidat de l'extrême droite, qui finira ministre de l'Information sous Pétain en 1944. Et je puis vous assurer sans mentir que "l'affaire Pétain" fut pour moi une affaire d'actualité terriblement vivante et proche.

 

Essayez, lecteur d aujourd hui, essayez un peu de vous rendre compte: Hitler a tout écrasé sous ses avions et ses tanks: la Pologne, le Danemark, la Norvège, la Hollande, la Belgique, la France. Il a mis partout, pour la surveillance de ces peuples subjugués, des hommes à lui et les gouvernements que le désastre militaire a brisés dans ces pays vaincus subsistent tous, en exil, conservant là leur identité, pour l'heure qui viendra — ils n'en doutent pas — de la revanche. La reine de Hollande, en exil volontaire elle aussi , a tenu,dans un message solennel, à remercier et féliciter ses compatriotes d'avoir refusé toute collaboration à Hitler, l'obligeant à aller chercher en Autriche un "gauleiter" pour les Pays-Bas. Du moins, dit-elle, cette ignominie nous a été épargnée de voir un compatriote nous trahir au point de gouverner sous la férule nazie. Ce malheur-là, hélas, la France, la France seule, en subissait la honte, le maréchal Pétain ayant accepté l'apparence d'un pouvoir où il ne pouvait accomplir le moindre geste sans l'autorisation du Fuhrer, lequel se réjouissait de cette solution idéale: "Pétain, disait-il à voix haute, me restitue le libre emploi de quinze divisions puisqu'il se charge en personne de la surveillance des Français".

 

Il faut savoir que Pétain partageait avec Weygand une option politique très précise. Depuis 1936 et le Front populaire, ces deux généraux ont pris en horreur la démocratie. Pétain a partie liée avec ceux qui, si la France entre en lutte contre Hitler et Mussolini, souhaitent pour leur pays "une guerre courte et désastreuse". Ce sont les mots même que le premier collaborateur de Brasillach, son "bras droit" à Je suis partout, n'a pas craint de noter, en toutes lettres, sur son agenda, le 3 septembre 1939, jour de la déclaration de guerre, et de révéler en public,en janvier 1944. Pétain attend, espère et prépare une catastrophe militaire pour son pays, qui lui permettra de mettre en œuvre sa propre politique, qu'il intitulera "révolution nationale". Je viens bien d'écrire, en toute lucidité,le mot terrible de "préparer" et en voici la preuve tangible. Sachant ce qui se passe en Allemagne, et l'acharnement d'Hitler à multiplier ses "divisions blindées", le colonel de Gaulle, depuis 1934, conjure le gouvernement français de suivre la même route. En vain. Mieux, au printemps de 1939, le maréchal Pétain préface et recommande un ouvrage (du général Chauvineau) illustrant "l'éclatante faillite" des chars et la complète inutilité de l'aviation au combat. Muni, à Vichy, des "pleins pouvoirs", Pétain commencera son règne en faisant disparaître "la République" dans une trappe (c'est l'Etat français qui la remplace); devançant toute pression allemande, dès le mois d'octobre 1940, le maréchal impose aux Juifs un statut monstrueux et il finira — comme on sait; mais qui s'ensouvient ? — par la création de cette "milice" armée qu'il met au service de l'occupant pour l'aider à traquer la Résistance.

 

Ce sont la des vérités historiques qui tendent à s'effacer (et d'aucuns n'ont cessé, depuis 1945, de s'y employer). J'estime dangereuse — et tragique —l'ignorance, à ce sujet, des jeunes générations et j'aurai fait, du moins, au cours de ma vie et dans mon étroit espace, tout ce que j'aurai pu pour empêcher que l'on ensevelisse dans l'oubli des réalités qui furent si terriblement authentiques et si lourdes, encore, de menaces.

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* Henri Guillemin, né le 19 mars 1903 à Mâcon et mort le 4 mai 1992 à Neuchâtel en Suisse, est un critique littéraire, historien, conférencier, polémiste, homme de radio et de télévision français, connu pour ses talents de conteur ... Wikipédia 

 

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en 1940

 

 

 Quand les troupes du llle Reich défilaient sur les Champs-Elysées.

 

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en 1941

 

 

publié en 1942

 

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ce document datant de 1943 a été écrit par "l'équipe" du Maréchal !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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