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La maladie est aussi vielle que l'humanité. La trace des remèdes pharmaceutiques se perd dans la nuit des temps. La pharmacie et la médecine, longtemps indistinctes, furent d'abord l'apanage des héros mythologiques et des sorciers. Ave le baume de Médée, on ne craignait ni le feu ni la flamme. Quant à la magicienne Isis, sa science de guérir était universelle. En Chaldée, les populations demandaient au soleil le soulagement de leurs maux. En Grèce, la médecine était divinisée sous les traits d'Esculape. Le serpent et le coq, symboles de la prudence et de la vigilance étaient ses attributs. La médecine à ses débuts est prisonnière, ici comme ailleurs, des symboles et des mythes; Orphée ressuscite Eurydice par l'incantation lyrique; Circé et ses breuvages transforment les compagnons d'Ulysse en pourceaux. En fait, des documents datant de plus de 50 siècles font mention de l'existence de certaines substances capables de soulager la douleur. Excréments, sécrétions, dépouilles animales, le nitre, le cuivre, le borax, voila quelques exemples de drogues que les malades chinois ingurgitaient sous formes de sucs, d'infusions, de pilules. Mêmes remèdes miracles chez les Hindous.

 

Rien d'étonnant alors que la fonction médicale, chez de nombreux peuples primitifs, soit assurée par le prêtre; la prière fait partie de la gamme des prescriptions possibles. De nos jours, les sorciers des peuplades les plus reculées de Nouvelle-Guinée ou d'Amazonie ont d'immenses connaissances en matière de plantes bienfaisantes ou toxiques.
Puis vint Hippocrate, vers 460 av. J-C (chaque étudiant médecin prononce aujourd'hui le serment d'Hippocrate à la fin de ses études). Il codifie la doctrine: médicaments à usage interne, à usage externe, sous toutes les formes, potions, infusions, pastilles, suppositoires. Il est considéré comme le véritable créateur de la médecine dégagée de l'empirisme et de la magie. Déjà, des lois interdisent aux médecins d'ordonner des poisons sans que leur valeur thérapeutique soit connue des pharmacologues de l'époque.

 

Six siècles après Hippocrate, un praticien romain révolutionne l'art pharmaceutique: il s'appelle Galien, né à Pergame, en, c, il s'est installé sur la voie sacrée à Rome. Marc Aurèle est son plus illustre client; il est le père de la pharmacie. Aujourd'hui encore, la pharmacie galénique est partie essentielle de l'art pharmaceutique; elle concerne la réalisation proprement dite du médicament à partir des matières premières. La médecine romaine arrive bientôt en Gaule ou elle se heurte aux druides farouches dignes d'Astérix, prêtres et guérisseurs. Pour eux, le remède universel, ce n'est pas la potion magique mais le gui. L'anarchie accompagne la décadence de l'Empire romain. Heureusement pour l'art médical, les couvents et les médecins arabes ont su préserver l'essentiel.

 

Grâce à un nommé Cassiodore, les moines apprennent à préparer les médicaments décrits dans les ouvrages grecs et latins qu'ils possédaient presque exclusivement. Bientôt, ils se lancent dans l'exercice de la médecine, valant d'ailleurs bien leurs confrères laïcs, dont les compétences sont le plus souvent fort limitées. Les religieux en retirent beaucoup de profits; matériels et spirituels. Pour lutter contre ces pratiques, les conciles renouvellent au cours des siècles - du VI° au XII° - les avertissements aux "moines apothicaires".

 

Les Arabes accomplirent une œuvre encore plus large de transmission; leur apport s'étend aux civilisations de l'Asie Mineure. L'oeuvre du monde arabe, en dehors des innovations importantes qu'il a apportées, c'est d'avoir reconnu l'importance de l'art de la pharmacie, indépendant de celui de la médecine.

 

A partir du XIII° siècle, la situation se clarifie; en France, l'alchimie, toujours à la recherche de la panacée universelle qui dispenserait le parfait bonheur, a encore ses fanatiques, mais les savants font progresser les techniques. Deux siècles plus tard, la découverte des nouveaux mondes enrichie la panoplie des drogues grâce aux produits exotiques. A la même époque, le roi Louis XII consacre la séparation définitive des pharmaciens et des épiciers.

 

Les siècles suivants furent des temps de progrès. Mais trop de nombreuses techniques empiriques persistent encore. Beaucoup portent en pendentifs des amulettes, des talismans, pierres précieuses gravées: le rubis empêche la peste, l'émeraude est garante de la chasteté du conjoint, l'or, sous différentes formes, est souvent prescrit. Les produits d'origine animale sont apparemment très efficaces; l'ongle prévient l'épilepsie; l'urine est excellente contre les rhumatismes. Tout y passe: la salive, le lait de femme, les cheveux, les excréments, le sang menstruel, etc.

 

Les spécialités pharmaceutiques apparaissent au XVIII° siècle: l'élixir de Garus, l'onguent du bec, l'eau de la Reine de Hongrie. Mais 'est le XIX° siècle qui est le grand siècle de la pharmacologie. Les chercheurs isolent nombre de corps simples: le chrome par Vauquelin, le brome par Balard, l'iode par Courtois, le magnésium par Bussy, d'autres savants découvrent la narcotine et la morphine, les ampoules pour les piqûres font leur apparition. A partir des travaux essentiels de Claude Bernard et de Louis Pasteur, qui sont à l'origine de la médecine et de la pharmacie modernes, les progrès ne cessent de s'accélérer.

 

Aujourd'hui, neuf sur dix des médicaments ont moins de 20 ans. Il y a cinquante ans, le pharmacien préparait lui-même les remèdes dans son arrière-boutique. Les grands laboratoires, en 1970 sont de véritables complexes industriels: on y fabrique les comprimés à la tonne.



article publié en 1970

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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