ACCUEIL | L'HISTOIRE | LA BATAILLE DE LA MARNE -1914

 

 

 

 

 

 

 

illustrations parues dans J2 Jeunes (1964)

 

 

Fin août 1914, les armées françaises qui attendaient l’ennemi à l’Est se sont heurtées au Nord à 1.500.000 hommes dévalant en avalanche à travers la Belgique. Aux frontières, le choc a été rude et décevant pour nous. Une terrible retraite commence. Tandis que certaines troupes font tête, la gros va vers le cœur du pays poussé par les colonnes de combattants gris-vert dont le casque à pointe a reparu sur nos routes et dans nos champs à peine moissonnés. On fait vingt, trente, quarante kilomètres par jour. Où s’arrêtera-t-on ? Le 3 septembre, un pousse caillou note : On aperçoit les projecteurs des forts et les lumières de la capitale. En face, on gueule Nach Paris ! et aussi Demain, Moulin Rouge !

 

Une division provisoire  de cavalerie a été formée  pour harceler, ralentir l’ennemi et renseigner. Elle fait bien son travail : dragons rouge et bleu, hussards couleur de ciel vont, viennent sans arrêt. Un certain capitaine Lepic, le 31 août à 11 h 30,  se trouve au nord-ouest de Compiègne. Avec surprise, il constate que les énormes colonnes allemandes qui dévalaient droit sur Paris dans une poussière dense, s’orientent vers Meaux, en direction de la Marne. Que se passe-t-il ?

 

Le commandant français, laissant les régiments étrillés continuer leur épuisante marche, a amené ce qu’il a pu d’unités fraîches en un semblant de front et, ce que l’on ne sait pas, c’est que l’Etat-Major allemand faisant bon marché de Paris, avait prévu dès le 27 août  un changement de direction du sud-ouest vers le sud, en un mouvement enveloppant au cas d’une résistance sérieuse des Français sur l’Aisne ou sur la Marne. Prévenu le 4 septembre, Joffre décide "On se battra sur la Marne" et lance le fameux ordre du jour dont voici un extrait :

… Le moment n’est plus de regarder en arrière : tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer plutôt que de reculer… (Joffre – 5 septembre 1914)

 

Un ordre du jour ? Il faut aussi du monde pour rameuter ceux qui ‘ont plus de peau sous les pieds. Gallieni qui commande à Paris envoie le plus possible de ses maigres troupes à Maunoury qui attaquera, à gauche, les colonnes  allemandes présentant imprudemment leur flanc. Ici se place le fameux épisode des Taxis de la Marne. La bataille est engagée, elle est dure, il faut la nourrir vite. On motorise. Dans la soirée du 6 septembre, visitant le front, il note : Nous passons par Gagny où je vois les six cents taxis-autos réquisitionnés pour transporter la division de Trentinian sur la gauche de Lamaze. Toute la population est dehors.

 

La division de Trentinian, son apparition est décisive et pourtant elle est à peine armée et équipée. Le 6 septembre , 170 taxis sont partis. Le 7, cinq cents se joignent aux premiers.

 

Dans la nuit du 7 au 8 ces taxis transportent la plus grande partie  de la division  de Sevran-Livry et Gagny à Nanteuil le Haudouin et au Plessis-Belleville, directement sur la ligne de feu à raison de quatre hommes par voiture et en faisant deux voyages. Trente voitures furent mises à la disposition du 1er zouaves les 7 et 8 septembre. Au total 700 taxis marchèrent. Sous l’impulsion de qui ? Là demeure le mystère, mais la réquisition était prévue depuis le début d’août, surtout pour le ravitaillement.
Telle fut l’histoire des taxis de la Marne dont un archaïque exemplaire demeure aux invalides.


Henri Dimpre – journal Pilote (1962)  

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publié dans le journal Pilote (1962)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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