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Mai 68 est une période de manifestations et de grèves qui s'est déroulée sur presque deux mois.
Tout commença ainsi ... (le vendredi était le 3 mai 1968)
14 mai 1968
La réforme oui, la chienlit non ! — dimanche 19 mai 1968)
à droite : le Français inquiets vont retirer l'argent des banques (ici, la queue devant la Banque nationale de Paris)
la réponse s'affiche rapidement sur les murs de Paris
à droite : la Banque de France ferme ses portes - mardi 21 mai
De Gaulle a parlé (conférence de presse du 24 mai 1968)
LA FOLLE NUIT DU 24 AU 25 MAI
Au cours des manifestations de la nuit du 24 au 25 mai à Paris, 1200 mètres carrés environ de voies ont été dépavés, 72 arbres abattus, 48 véhicules particuliers incendiés, 17 détériorés, 7 véhicules de police ainsi que trois locaux de police endommagés et huit véhicules de pompiers incendiés, selon une première estimation. Ce bilan, qui ne comprend pas les dégâts importants causés à la Bourse de Paris, indique également que 37 bornes d'avertisseurs de police, 75 panneaux de signalisation, une vingtaine de signaux lumineux ainsi que plusieurs centaines de grilles d'arbres, des lampadaires, des bancs publics, des abris d'arrêt d'autobus, cinq kiosques à journaux, des cabines téléphoniques, des grilles de jardins publics, une vespasienne et des baraquements des travaux publics ont été détruits. Il faut noter enfin que dix fenêtres du ministère de la justice ont été brisées et que les chaînes de sécurité pour piétons ont disparu des trottoirs de plusieurs grandes artères de la capitale.
Paris après des manifestations - une file d'attente devant une épicerie
Le général De Gaulle au cours de l’interview radiotélévisée qu'il a accordée à M. Michel Droit. (7 juin 1968)
12 juin 1968
mi-juin 1968 - dans les lycées les cours reprennent le 12juin, dans les usines, ce sera progressif.
14 juin 1968
Maintenant, il faut remettre tout en place ! - à droite, désinfection à la Sorbonne
30 juin 1968 : écrasante victoire des gaullistes aux élections législatives
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Daniel Cohn-Bendit en 1968, face à un CRS, et en 1998
TRENTE ANS APRES
article publié en avril 1998
En cette veille de mois de mai,c'est donc 1968 que l'on célèbre, en même temps que des anniversaires moins médiatiques, comme l'abolition de l'esclavage(1848), l'Edit de Nantes (1598), la campagne d'Egypte de Bonaparte (1798). On aurait pu ajouter à la liste l'affaire de Fachoda (1898) ou encore l'accession au trône de Louis XII (1498), injustement oublié des historiens, et pourtant surnommé "le père du peuple".
Mais 68 a tout balayé sur son passage, les journaux ayant donné le signal du départ dès la fin de mars. Archives secrètes de la préfecture de police, entretiens exclusifs avec les ex-leaders (dans ce hit-parade, Daniel Cohn-Bendit devance largement Jacques Sauvageot, Alain Geismar ou Alain Krivine), sondages, tout est bon pour célébrer la période qui suivit ce 22 mars où 150 étudiants décidèrent d'occuper la tour administrative de la Faculté de Nanterre.
La fièvre commémorative ne semble cependant pas enflammer la jeunesse de 98: selon un sondage sur "les jeunes et l'héritage de mai 68", 54% des 18-30ans n'auraient pas aimé vivre cette période. Des événements qu'ils avouent ne pas connaître: 83% affirment que leurs parents ne leur ont jamais ou rarement parlé de 68, et 75% estiment que 68 n'a eu que peu ou pas d'importance sur la manière dont ils ont été élevés.
L'heure de gloire
Qu'importe, les "anciens" veulent savourer leur heure de gloire. Et même ceux qui n'y furent pas forcément glorieux s'abandonnent aux délices de la commémoration. Ainsi, Louis Viannet, Henri Krasucki et Georges Séguy, qui furent successivement secrétaires généraux de la CGT, célébreront-ils Mai 68 à Nantes le 13 mai. Les éditeurs n'ont pas été les derniers à réagir: 45 livres s'étalent sur les présentoirs des libraires. Le Concourt 1997, Patrick Rambaud, après s'être plongé dans Napoléon, n'a pas oublié qu'il fut en d'autres temps un soixante-huitard averti: il commettra un essai chez Grasset en mai. Cohn-Bendit est le mieux servi. Il a droit à une biographie (Editions Lévi), un document d'une heure diffusé sur France 2 et confesse "une envie de politique" dans un livre d'entretiens (Editions La Découverte-Le Monde).
Ultime délire psychédélique
Marketing oblige, on réédite aussi des affiches, ainsi celle du CRS levant sa matraque en se protégeant de son bouclier avec pour slogan le fameux "CRS-SS". Le reste, en revanche, ne semble pas faire recette chez les ados. "Sous les pavés la plage", "Métro, boulot, dodo", "Faites l'amour, pas la guerre", ils ne savent pas vraiment à qui les attribuer. Est-ce le Vietnam ou Mai 68? "Peace and love", Martin Luther King, Bob Dylan, Janis Joplin, Joan Baez, le printemps de Prague, tous ces événements, ces visages se mêlent comme dans un ultime délire psychédélique. Interrogés par les sondeurs, ils affirment en avoir entendu parler, sans toutefois pouvoir les dater avec précision. Congés payés, 1936, la guerre d'Indochine, Dien-Bien-Phû, "flower power", les accords de Grenelle, Baden-Baden, le préfet Grimaud, c'est du passé.
La fracture des générations
Une fois de plus, la France se retrouve confrontée à une fracture. Les cinquantenaires qui gouvernent, et qui furent parfois les hérauts du mouvement, retrouvent une seconde jeunesse en évoquant ces riches heures. Leurs enfants, eux, ne font guère la différence entre les souvenirs de guerre de leurs grands-parents et les slogans du genre "il est interdit d'interdire" de leurs parents. "En ce temps-là, vous n'aviez pas le chômage", "vous pou viez faire l'amour sans préservatif", "vous avez lutté contre la société de consommation et puis vous vous êtes vautrés dedans", "c'était le temps où on pou vait faire n'importe quoi sans risque, mais moi ce que je veux, c'est du boulot", a-t-on entendu un soir sur un plateau de télé où des jeunes étaient confrontés à leurs aînés.
"Moi, ce que je veux, c'est militer, mais pour que vraiment les choses avancent. Vous, ce que vous avez fait c'est du folklore", a alors lancé un jeune socialiste. Et pendant ce temps, les magazines continuent d'écouler leurs stocks de photos. Emeutiers, pavés, gaz lacrymogènes, la rue Gay-Lussac, la Sorbonne, CRS et tout le toutim. Sous l'œil interrogateur de jeunes étudiants qui n'étaient pas nés lorsque le photographe appuya sur le bouton.
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