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Sous l’impulsion d’André Maginot, alors Ministre de la Guerre, ce grand système défensif français vil le jour après la Première Guerre Mondiale. L’homme d’Etat fit voter, le 14 janvier 1930, une loi qui autorisait l’étalement d’un crédit de 3 milliards de francs sur une période de quatre années afin de réaliser un ensemble de travaux fortifiés le long de notre frontière de l’Est. Après la victoire de 1918, des études importantes avaient été effectuées afin de mettre à l’abri d’une nouvelle invasion les provinces recouvrées d’Alsace et de Lorraine et le Nord-Est du territoire français.
Le premier projet prévoyait sur les grandes routes d’invasions la création, de régions puissamment fortifiées – du Type Verdun – (20 kms de large, 30 mètres de profondeur). Cependant, par économie, les côtés et les arrières ne devaient pas être retenus dans le projet terminal adopté et la réalisation de la Ligne présenta très vite un caractère fort différent du projet initial.
Couverte par un obstacle rails antichars continu et des réseaux barbelés ténus, elle se composait de gros ouvrages implantés aux points sensibles et reliés entre eux par une ligne constante de casemates d’infanterie bétonnées.
OUI, MAIS UN JOUR LES ALLEMANDS PASSERENT... PAR AILLEURS !
Les gros ouvrages principaux se composaient de blocs pour artillerie – 75,135 – en casemates ou sous des tourelles cuirassées communiquant au moyen de rameaux souterrains profondément enterrés, sur lesquels venaient se greffer les services, les P.C., les magasins et la machinerie. Les garnisons de ces gros blocs s’étalaient de 400 à 1200 pour chacun d’eux. Les casemates d’infanterie comprenaient des embrasures pour mitrailleuses et canons antichars (garnison : 12, 30 hommes).
L’offensive éclair de Allemands en mai 1940 et la percée des Ardennes par les Panzers de Gudérian détournèrent l’attention de ce coin du front. Toutefois il faut noter que les gros ouvrages de la Ligne Maginot durent se défendre sans l’appui normalement prévu des unités d’intervalle et que tous les efforts de l’ennemi pour s’en emparer furent vains.
On en arrive alors à cette conclusion effarant : c’est que la Ligne Maginot a trop bien rempli son rôle : intouchable, elle a rejeté immanquablement l’attaquant sur les portions de frontière non fortifiées… qui, elles, cédèrent sous le choc.
Peut-être qu’avec une Ligne Maginot qui aurait couru jusqu’à Dunkerque, le cours de la guerre aurait été changé. Mais nous entrons là dans le domaine des hypothèses trop aisées… On ne refait pas l’histoire !
Pilote (janvier 1964)
Les organisations défensives des frontières dont nous voulons l'exécution n'ont pas d'autre but que que de barrer la route à l'invasion toujours possible. Le béton vaut mieux à cet égard et coûte moins cher que le mur de poitrines.
au cinéma en début décembre 1938
(Bouclier de la France !... l'invasion en 1939 le contourna)
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publié dans le journal Pilote
légendes du Pilotorama
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DERRIÈRE LA LIGNE MAGINOT
court métrage de 1938
Jean Pagès, assisté de l’opérateur Marcel Rebière, a été, en effet, autorisé à tourner un reportage dans les principaux éléments de cette formidable succession d’ouvrages fortifiés qui s’échelonnent sur toute notre frontière de l’Est. Gilbert Comte, qui est un des animateurs français de la "Marche du Temps" et qui a collaboré avec Jean Pagès au scénario qui a servi à la réalisation de Derrière la Ligne Maginot, nous déclare :
— Avant tout, sachez que notre film ne peut nuire, en rien, à notre défense nationale. Nous n'avons nullement essayé de percer les mystères que garde, avec un soin jaloux et bien naturel, notre grand état-major. Non, que les alarmistes se rassurent ! Jean Pagès et Marcel Rebière ont travaillé sous le contrôle direct du Conseil supérieur de la guerre et se sont scrupuleusement pliés aux directives qui leur ont été données.
"Jean Pagès, qui a dirigé toutes les prises de vues, serait plus à même que moi de vous dire comment il a fait le film. En son absence, puisque Cinémonde veut que ses lecteurs aient la primeur des renseignements, je vous renseignerai de mon mieux.
Les prises de vues ont été effectuées dans les principaux ouvrages de l’Est, notamment à Metz, Verdun, Châlons, et à la caserne Maginot. Plus de 8.000 mètres de négatif — certains tournés à 60 mètres sous terre — ont été impressionnés au cours des six mois qu’a duré le travail des réalisateurs. La lumière électrique nécessaire a été, le plus souvent, fournie par les centrales militaires qui disposent d’un matériel abondant et efficace. En diverses occasions, on a dû recourir à l’emploi d’un groupe électrogène et de plusieurs sunlights qu’on a descendus dans les galeries souterraines, cela au moyen d’un treuil de fortune et par une ouverture fort étroite. Installé sur une plateforme, l’opérateur a pu évoluer sur les rails du petit chemin de fer qui sillonne les interminables couloirs de la ligne Maginot.
Les premières scènes du film montrent un conseil de révision. C’est un vrai conseil de révision qui a été tourné dans les locaux de la mairie du sixième arrondissement, avec un vrai "toubib", un vrai général, un vrai maire et de vrais futurs conscrits. Des prises de vues ont été faites à Saint-Cyr dans une classe, pendant un cours. Je tiens à insister sur le réel caractère de document qu’a le film. Il montre ensuite l’instruction du soldat français et particulièrement du soldat de forteresse, et insiste sur l’armement motorisé.
Anticipation intéressante — et souhaitons-le gratuite — "Derrière la ligne Maginot" montre ce qui se passerait sur la fameuse "ligne" en cas de guerre. Trois phases distinctes : alerte, mobilisation, offensive.
La caméra a également pénétré pour la première fois aux Invalides, dans là salle du Conseil supérieur de la Guerre, où l’on assiste à une conférence entre le général Gamelin et ses collaborateurs, les généraux George et Jeannel, et dans le cabinet d'Edouard Daladier, au cours d’un entretien entre le ministre de la Guerre et le colonel François Brenet.
Ces passages sont, n’est-ce pas, assez sensationnels.
La version française, qui aura plus de 1.500 mètres, alors que celle qui passe actuellement aux Etats-Unis avec un succès considérable n’a que 600 mètres, fourmille de détails inédits.
Les réalisateurs ont trouvé chez tous les officiers avec lesquels ils ont été en rapport, d’excellents collaborateurs. Tous se sont pliés aux exigences des cinéastes. Il est arrivé, d’ailleurs, un petit incident assez amusant :
Parmi les officiers avec lesquels Jean Pagès et Marcel Rebière ont été en contact se trouvait le capitaine Gilbert, qui commande un des principaux ouvrages de la ligne Maginot. Celui-ci, qui a une carrure d’athlète et qui, de plus, est très photogénique, fut prié de paraître dans plusieurs scènes. Or, cet officier est un fumeur enragé. A peine a-t-il fini une cigarette qu’il en rallume une autre. Jean Pagès n’y fit aucune attention. Mais lorsque le premier positif fut présenté à la Commission militaire, les membres de celle-ci poussèrent de hauts cris : "Un officier français ne doit jamais donner d’ordres à ses hommes avec une cigarette aux lèvres !" On dut faire de sérieuses coupures.
D’ailleurs, quelques mètres plus loin, dans les scènes tournées rue Saint-Dominique, on voit Edouard Daladier, avec, au coin des lèvres, son inséparable gauloise...
Certaines scènes du film ne manqueront pas de surprendre les spectateurs. Notamment celle où un détachement de troupe s’achemine dans un couloir avec les crosses des fusils en l’air. Ceci s’explique aisément : c’est tout simplement pour éviter de provoquer, avec les canons des fusils et les baïonnettes, des courts circuits dans les fils électriques, qui sont fixés au plafond. «
Dans les ouvrages fortifiés, les troupes ne portent jamais le casque mais le béret, pour deux raisons : la première, comme pour le cas précédent, pour éviter des courts circuits ; la seconde, parce que les casques sont inutiles dans des casemates blindées.
Naturellement, ce premier reportage filmé sur la ligne Maginot montre abondamment de matériel imposant dont dispose notre armée : tanks, chenillettes, canons de divers calibres : 75, 105, artillerie lourde sur voie ferrée. Ce sera un film réconfortant, car il montrera au monde entier que l’armée française est la plus forte du monde, la mieux équipée et la mieux outillée.
Ce film n’est pas le film sur notre défense nationale, il faut insister sur ce point. Les réalisateurs n’ont pas voulu s’étendre sur notre marine et sur notre aviation. Ils s’en sont tenus à notre armée de terre, celle qui est faite de la collaboration du peuple français tout entier. "La Marche du temps", qui a réalisé cette production hors série, a tenu à rendre ainsi, bien qu’étant une organisation dépendant d’une firme américaine*, un hommage à notre pays en collaborant utilement à la propagande française à travers le monde.
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* R.K.O. Radio Films
article publié en 1938
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