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en avril 1945, on pouvait lire :
PILLAGES DES BOCHES
ILS NOUS ONT PRIS :
Blé, farine, pâtes, céréales: 6.325.220.000 kg.
Viande ; 800 millions .de kg. Poisson : 45.500.000 kg.
Œufs : 150 millions.
Lait : 425.000 hectolitres.
Chocolat : 40.600.000 kg.
Sucre : 180 millions de kg.
Vin : 7.338.200 hectoitres.
RELENTS DE VICHY
LES INTERMEDIAIRES
Le paysan qui vend sa vache 12 à 18 fr. le kg. ne s’étonnera pas de réacheter son beefteack 70 à 100 fr. le kg. lorsqu’il connaîtra, le voyage qu’elle a dû accomplir : De l’étable au marchand de bestiaux, du marchand de bestiaux au ravitaillement général, du ravitaillement général au groupement des viandes, du groupement des viandes au groupement des expéditeurs, du groupement des expéditeurs au groupement des mandataires, du groupement des mandataires au boucher, du boucher aux consommateurs.
Et comme si ces sept échelons n’étaient pas tout à fait suffisants on a récemment cjéé une huitième catégorie d’intermédiaires pour l’achat du petit bétail.
LES FAMEUX COMITES D'ORGANISATION
On en compte plus de vingt depuis le Comité Central du Ravitaillement en pommes de terre, oignons et légumes secs, jusqu’à celui des escargots coureurs.
11.978 fonctionnaires se répartissent les bonnes places. 374 millions de francs en 1945 contre 270 milions de francs en 1944. Le personnel augmente, la marchandise diminue.
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Le cultivateur payait :
Une vache laitière Un cheval Une chemise de travail Une paire de brodequins | En 1914 :
400 fr. 1.000 fr. 6 fr. 15 fr. |
Aujourd’hui il paye à la taxe
20.000 fr. 80.000 fr. 300 fr. 600 fr. |
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Au prix de la taxe :
Pour acheter une vache laitière, il doit donner aujourd’hui 5.800 litres de lait ou 44 hectolitres de vin ou 4.500 kg. de blé ou 8.000 kg. de pommes de terre.
Pour obtenir un cheval, il faut 22.500 litres de lait ou 175 hectolitres de vin ou 18.000 kg. de blé ou 32.000 kg. de pommes de terre.
Pour obtenir une chemise de travail, il faut produire 85 litres de lait ou 120 kg. de pommes de terre.
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en novembre 1945, on pouvait lire :
VIE TROP CHERE
Vie trop chère, c’est le tourment qui assiège, à l’entrée de ce deuxième hiver de notre libération des millions de femmes et d’hommes de chez nous. L’ouvrier, l’artisan, le petit paysan, la ménagère, le fonctionnaire, l’ingénieur, le chercheur scientifique qui bénéficie d’une maigre bourse pour des travaux dignes du plus grand intérêt, aucun de ces travailleurs ne peut plus boucler son budget.
Lorsque la mère de famille médite, le soir, sur son livre de comptes, elle constate l’incessante montée des denrées de première nécessité.
Le pain, cette nourriture du pauvre, a sauté de 4 fr 90 à 7 fr 40 ; les pommes de terre de 3 fr 20 en avril dernier, à 6 fr 50 ; le beurre a augmenté de 60 %, la viande de 72 %, le vin de plus de 75 % (car il est trop fréquent que l’épicier vous dise : "Je n’ai pas de vin à 17 fr 90. Ma seule qualité est à 20 francs, parfois à 30 francs.")
On peut dire, sans crainte d’exagération, que depuis le printemps dernier, la vie a augmenté de plus de 52 % et que la progression est continue.
Par contre, les salaires restent toujours bloqués.
Comparons l’augmentation du coût de la vie de mars 1945 à septembre 1945 calculé en heures de travail :
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DENREES
Pain Vin Viande Lait Beurre | En mars 1945 :
7 h 6 h 6 h 30 6 h 3 h |
En eptembre 1945 :
13 h 11 h 9 h. 9 h 5 h |
Pendant ce temps, le marché noir s’étale avec plus de cynisme et d’impudence que jamais.
Un corsage neuf, quelle tentation. Mais comment pourrait-elle s’offrir cette ravissante création qui représente presque un mois de son salaire ?
Son travail lui permet tout juste d’acheter les maigres rations officielles, de payer sa chambre, son électricité, son gax, ses transports, ses lourds impôts. Pas question de renouveler sa garde-robe usagée, ni ses chaussures. Il faut vivre dans une gêne voisine de la misère.
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publicité de 1942
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